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Section de langues slaves, option linguistique // Кафедра славянских языков, лингвистическое направление


Univ. de Lausanne, Faculté des Lettres

Section de langues slaves, Option linguistique

Année 2012-2013,

Prof. Patrick SERIOT

Séminaire de licence / Bachelor-3 / Master

(printemps 2013, le mardi de 15 h à 17 h, salle 5093)

Le signe dans la culture russe

Séance du 6 mars 2013 : Orthographe et orthodoxie dans le christianisme slave au Moyen-Âge (le début de l'hésychasme)

Compte-rendu par Isabelle Wenger

•      Le Mont Athos

La presqu'île du Mont Athos, située au nord de la Grèce, est un endroit où il y a eu des disputes énormes autour de la représentativité du signe. La presqu'île du Mont Athos est une république monastique indépendante. Ella a été consacrée à la spiritualité dès le 7e siècle. Cette presqu'île est interdite aux imberbes ainsi qu’à tous les êtres animés de sexe féminin. Elle est également difficile d'accès pour les non-orthodoxes (ne peuvent entrer que 8 non-orthodoxes par jour). Parmi les monastères situés sur cette île, il y a un monastère russe orthodoxe: Le monastère russe de Saint-Panteleimon. Ce monastère a une architecture particulière dont certains éléments sont typiquement russes (coupoles) et d'autres turcs. Cela est dû au fait que pendant longtemps le nord le la Grèce a été occupé par la Turquie.

•      1912-1913 La révolte athonite (la question de l'hésychasme)

Il y a une variante de l'église orientale qui considère que le nom de Dieu est dieu lui-même. Ses adeptes ont été traités d'idolâtres par le camp adverse parce qu'ils ne faisaient plus de différence entre Dieu et son nom (=son signe). Au XIVe siècle, il y eut une grande discussion entre Barlaam de Calabre et Grégoire Palamas sur le thème de la transfiguration. Pour Barlaam de Calabre, la lumière est créée en tant que signe de la présence de Dieu. Pour Grégoire Palamas par contre, la lumière est incréée, elle est donc elle même le référent (Dieu). Il part de l'idée qu'on arrive à connaître Dieu en tant qu'il se manifeste (lumière). Il s'agit en fait d'un problème sémiotique concernant le rapport entre le signe et le référent.

•      Konstantin Kostenečski

Au XIVe siècle, les Turcs occupaient la Grèce continentale et la Bulgarie. Par conséquent beaucoup de lettrés Bulgares sont allés se réfugier en Serbie (restée indépendante). Ces Bulgares s'aperçoivent qu'en Serbie on utilise des formes grammaticales différentes, ce qui amène à des différences dans les textes sacrés en vieux-slave. Le problème est que, comme il s'agit de textes sacrés, s'il y a des différences celles-ci apparaissent comme des hérésies. Konstantin Kostenečski est un lettré bulgare qui s'est réfugié en Serbie lors de l'occupation par les Turcs en Bulgarie. Il va chercher à corriger les textes. Il estime que par l'orthographe on va pouvoir éliminer toutes les ambigüités du dogme. Le problème avec les grammaires est que si on utilise la grammaire en tant que matrice capable d'engendrer des paroles nouvelles, on peut créer des hérésies (par exemple on peut mettre Dieu au féminin). Ceci amènerait l'homme à devenir lui même comme un Dieu puisqu'il est capable de créer des structures nouvelles. Ceci explique la méfiance radicale contre les grammaires. Il a fallut attendre longtemps pour avoir des grammaires russes (1755).

•      La « question de la langue » en pays slaves orthodoxes

Les Grecs mettaient en question la dignité du vieux slave comme langue religieuse. En effet, il n'existait pas de grammaire du vieux slave parce qu'elles étaient considérées comme un sacrilège. Les enfants apprenaient les textes religieux par morceaux appris par cœur dans les monastères. Rappelons qu'en 863, Cyrille et Méthode, deux Grecs qui habitaient à Salonique mais qui connaissaient la langue slave sont mandatés pour traduire la langue sacrée. En transcrivant les textes grecs, ils doivent inventer des mots et trouver des expressions pour traduire les textes sacrés de la manière la plus fidèle possible. Il y avait également un problème: L'église occidentale n'admettait que l'hébreu, le grec et le latin comme langues habilitées à transcrire la parole de Dieu. Cependant, il était difficile d'imposer une langue telle que la langue grecque aux Arméniens. C'est pourquoi les Grecs autorisèrent les Slaves à avoir une théologie en langue slave. Il y avait deux écoles de traduction en Bulgarie: Ohrid qui accordait la priorité au sens, et Trnovo qui adoptait une attitude fidéiste en pratiquant la traduction littérale.