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Section de langues slaves, option linguistique // Кафедра славянских языков, лингвистическое направление


Univ. de Lausanne, Faculté des Lettres

Section de langues slaves, Option linguistique

Année 2012-2013,

Prof. Patrick SERIOT

Séminaire de licence / Bachelor-3 / Master

(printemps 2013, le mardi de 15 h à 17 h, salle 5093)

Le signe dans la culture russew

Séance du 23 avril 2013 : Le Logos et l’Incarnation dans la culture intellectuelle russe. Compte-rendu de André Stefferson

Il s’agit d’une discussion sur la traduction du mot “incarnation”,dans le texte Marxisme et Philosophie du Langage, de Vladimir Volosinov (1929), du russe en français, et ses conséquences dans le monde occidental: interprétations diverses et malentendus, au départ de la controverse se trouve l’attribution du texte à Mikhail Bakhtin.  Ce que propose Patrick Sériot, c’est de faire une lecture contextualisée du mot en question. Autrement dit, de  relever l’histoire du mot dans le contexte où il apparaît et voir après comment il a été reçu dans la francophonie.

I.               Contexte soviétique

(1885-1926) Grands mouvements académiques en Russie.

Mikhail Bakhtin (1895-1978) vivait au début du XXème siècle et est considéré comme l’inventeur du concept de “polyphonie”, qui est une métaphore musicale à travers laquelle on identifie différentes voies dans un texte littéraire. L’auteur est connu de différentes manières à travers le monde. Les lectures sur cet auteur changent en raison de la façon par laquelle ses ouvrages ont été reçus dans des pays comme la France, le Brésil, en occident, et en Russie.

 Ouest                                               Est

             Sociologue                                     Critique littéraire                            

            Philosophie du langage                   Conservateur

            Analyse du Discours

            Carnavalisme

-       Valentin Voloshinov (1895-1936) a été masqué par la réputation de Bakhtin.

II.             Contexte Occidental

-       Julia Kristeva (et Tzvetan Todorov) a fait connaître les auteurs russes au monde francophone. En 1967 elle présente M. Bahktin dans les séminaires de Roland Barthes.

-       1967 Crise du structuralisme en France. Structures: des systèmes de relations, ensemble, organisation de relations.

III.           L’un sur l’autre: le point de vue de Kristeva.

Dans les séminaires de R. Barthes, J. Kristeva interprète M. Bakhtin pour le rendre compréhensible dans le contexte français, elle le présente comme une solution au problème des limites du structuralisme pour expliquer le fonctionnement des phenomènes du langage, d’un point de vue politique et sociologique. Tandis qu’à cette époque, en Russie, un intellectuel ne discutait pas de politique, mais de poésie, d’art et de littérature.

      - 1970, la “libération” à Paris. Libération des anciens modèles du fonctionnement académique, politique, social, etc. En URSS, une ambiance différente: les intellectuels étaient divisés en deux factions: les physiciens et les lyriques. Ils s’opposaient. Ils se disputaient sur la question du structuralisme. Deux façons différentes de lire un même texte: pour l’École Sémiotique de Tartu, en Estonie (Jurij Lotman), la littérature est un système de signes, un problème sémiotique. De l’autre côté, on avait des critiques littéraires humanistes.

IV.           Les controverses autour de Marxisme et Philosophie du Langage:

L’idéologie chez Marx (début du XIXème siècle): Conception du monde, aliénation. Alors que chez les Soviétiques (Voloshinov, par exemple) du début du XXème siècle, c’était la science des idées.

      -  Chez Althusser, fausse conscience: l’idéologie, c’est quelque chose de mauvais.

-       En 1919 Voloshinov était enseignant de littérature et de musique; Bahktin, de sociologie et d’histoire de la culture et de la langue russe. Ils vivaient dans la même maison.

-       Les modèles scientifiques en Russie s’appuyaient sur deux bases du modèle allemand: Geisteswissenschaften, la science de l’idéologie, la science de l’esprit et Naturwissenschaften, les sciences naturelles.

La relation entre Voloshinov et Nikolaj Marr (un marxiste). Celui-là était un lecteur de Njcolai Marr sur la relation entre langue et pensée, sur les idéologies collectives. La question pour eux, c’était comment une structure grammaticale se reflète dans la structure de la pensée collectives chez des gens qui parlent une même langue.

             - En 1970, la mort de l’Auteur (Roland Barthes, Michel Foucault), chez les structuralistes occidentaux, en dépit de la recherche du personalisme, et de la responsabilité de la parole, en Russie.

            - La notion de verbe incarné:

Ivanov (1973), auteur sémioticien, du côté physique, dans une conférence de commémoration en hommage à Bahktin, affirme que ce dernier qui a écrit Maxisme et Philosophie du langage.

    - Grande-Bretagne (1991), en Angleterre a lieu le Vème Congrès  International des Études Bahktiniennes. Les occidentaux ont fait une lecture “politique” de  l’auteur. Selon eux, il était marxiste, feministe et il faisait une interprétation sociale du langage. Alors que, en Russie, les scientifiques s’intéressaient à partir des textes de Bahktin, à la neurologie, à la différence entre le cerveau féminin et masculin, la responsabilité personelle devant la parole .

V. Comment lire Marxisme et philosophie du Langage?

      - La théologie du verbe incarné

Selon Patrick Sériot, pour Voloshinov, un lecteur de Marr, le mot signifie “l’incarnation d’un système d’idées” où la métaphore religieuse désigne quelque chose d’autre. À l’époque de Voloshinov et Bahktin, le marxisme russe avait des acceptions trés larges. Pourtant, la sémiologie était observée d’une façon chrétienne. Le marxisme de cette époque s’appuyait sur la théologie de l’Église orthodoxe orientale. Pour les orthodoxes, l’incarnation est une notion très importante: le Verbe s’est fait chair, puisque le Christ est le Verbe incarné. Dans Marxisme et Philosophie du langage, le mot a été traduit de différentes manières. Marina Yaguelo (1977), la traductrice de cette première version en français, a traduit le mot par: incarnation, expression, symbolisation, représentation, etc, ce qui a conduit aux malentendus des lectures dans le domaine du discours, de la sociologie en occident.