« La langue des martiens »

Les années 20-30 marquent une période de transformation où les problèmes de communication avec les martiens deviennent réalistes. C’est Bogdanov qui va s’occuper de cet argument dans son œuvre « L’étoile rouge ».

            1 : Bogdanov et la langue des martiens

Bogdanov est connu, entre autres, pour être le fondateur de la première institution de transmission sanguine. Avec d’autres et différents type d’expérimentations (hybridation homme-singe etc..), la théorie selon laquelle on peut se régénérer grâce à la transmission sanguine, soutenue par Bogdanov, développe l’idée d’hybridation, qui arrive à s’affirmer même parmi les linguistes. C’est ainsi que l’idée de convergence des langues naît et se développe en opposition à l’idée de divergence typique de la culture précédente.

Bogdanov est aussi le promoteur de la culture prolétarienne et en 1917 fonde le mouvement du proletkult qui durera jusqu’en 1932. C’est un mouvement où un group nombreux d’intellectuels défendent et cherchent de développer la culture prolétarienne en opposition à la culture bourgeoise.  Les idées principales de ce mouvement sont :

•      Faire la propagande d’une culture prolétarienne pure et indépendante.

•      Refuser l’héritage des classiques et rompre avec le passé.

•      Affirmer l’autonomie totale dans les questions de culture et la liberté de fixer ce que doit être la culture prolétarienne.

Pour la question de la langue ils expriment la nécessité de :

•      Construire une nouvelle langue prolétarienne.

•      Donner à la langue un caractère de classe.

•      Adapter la langue aux nouvelles formes de vie sur lesquelles elle influe.

Déjà Lénine, en 1913, avait affirmé que dans une même nation coexistent deux cultures : celle de la classe dominante et une autre plus démocratique et socialiste. De même, Pierre Bourdieu pense que la langue apprise par un sujet est la langue légitime, c'est-à-dire la langue imposée par la classe dominante, à laquelle s’opposerait le «parler-vrai», c'est-à-dire l’utilisation spontanée et libre, sans normes figées. En tenant compte de la théorie selon laquelle la langue peut varier chaque fois que la classe au pouvoir change (Paul Lafargue dit que la langue est l’usage qu’une classe dominante fait d’elle dans une époque donnée), le but du proletkult est de créer une langue nouvelle pour la nouvelle classe dominante.

Dans « L’étoile rouge » (1908) Bogdanov présente une utopie de langue qui voit les divisions et les obstacles comme une souffrance et qui affirme l’idéal de transparence (la langue reflet la réalité), de langue universelle et de déterminisme géographique qui amène à la convergence et à l’union. C’est une vision qui s’oppose à celle de Saussure qui nous dit que la langue n’est pas transparente et qu’elle nous sépare de la réalité. 

2 : Le marxisme des années 20 et la place de la langue

Selon la théorie marxiste des années 20, il existe une base économique (infrastructure), qui est l’ensemble de la production matérielle et qui détermine ce qui n’est pas matériel (superstructure). Selon cette schéma, la vision du monde, la science, la langue etc. seraient déterminées par l’infrastructure et on devrait ainsi admettre, comme Humboldt et Bogdanov, un lien de nécessité entre langue (réalité) et pensée. Cela impliquerait que les membres d’une communauté linguistique aient tous la même pensée alors que pour Saussure la langue est un système de signes abstraits en rapport négatif qui n’a pas de lien de nécessité avec la pensée.

           Bibliographie

- ADAMS Mark : «Red Star. Another look at Aleksander Bogdanov», Slavic Review, 48, n° 1, p. 1-15.
- GORZKA G. : A. Bogdanov und der russische Proletkult. Theorie und Praxis einer sozialistischen Kulturrevolution, Frankfurt a/M - New York, 1980.
- UTECHIN S.V. : «Philosophy and Society. Aleksander Bogdanov», Revisionism. Essays on the History of Marxist Ideas, New York, 1962.

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