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Section de langues slaves, option linguistique // Кафедра славянских языков, лингвистическое направление

Nikolaj MARR (1864/65-1934)

Univ. de Lausanne, Faculté des Lettres

Section de langues slaves, Option linguistique

Année 2013-2014

Prof. Patrick SERIOT

Séminaire de licence / Bachelor-3 / Master

Compte-rendu du cours par Boris Siemaszko

Nicolas Marr est un linguiste d’origine géorgienne, dont les idées, centrales dans la linguistique soviétique de l'entre-deux-guerres, se fondent sur un modèle dans lequel l’évolution du langage est parallèle à celui de la pensée et des structures sociales. La réception négative de ses idées, à partir de 1950 en URSS (sur décret de Staline) et plutôt parmi les intellectuels russes émigrés, a malheureusement détourné l’attention des tentatives de Marr de proposer un modèle remettant en cause l’évolution des langues par parténogénèse et se fondant sur une évolution par convergence.

Le 19e siècle va connaître une série de bouleversement remettant en cause une vision fixiste du monde, créé, alors, par Dieu. La philosophie des lumières ainsi que la découverte des fossiles participent à une remise en cause de l’ordre divin des choses.

William Jones (1746-1794), en étudiant le sanskrit, suggère que sa ressemblance avec le latin, le grec et le vieux-gotique n’est pas le fruit du hasard, mais est due à la descendance à partir d'un ancêtre commun. Ce premier constat donnera lieu à ce que l’on a appelé la théorie de l’arbre généalogique.

L’apparition de la théorie stadiale de développement des sociétés avec Lewis Morgan (1818-1881), puis Engels (1820-1895), impose l’idée que toute société passe par une série d’étapes nécessaires et menant toute vers un idéal (la civilisation pour Morgan, le communisme pour Engels).

Marr construit un modèle de covariance vectorisée dans lequel l’évolution stadiale rejoint les idées principales de Lénine sur la langue. Il y a une langue de classe qui dépasse les frontières et non une langue nationale qui transcende les classes.

Marr : « Il n’existe pas de langue nationale ou pan-nationale, mais une langue de classe. Les langues d’une même classe de pays différents, présentant une structure sociale identique, présentent plus d’affinités typologiques entre elles que des langues de classes différentes… »

Les langues passent par des étapes obligatoires parallèles au développement des sociétés, au même titre que l’évolution de la pensée. Ainsi, à titre d’exemple, l’objet  « gland » et l’objet « blé » sont désignés par le même mot. C’est la structure sociale, permettant aux hommes de se nourrir de blé et plus de gland comme jadis, qui a évolué et modifié le contenu de la langue. Les sociétés empreintes de conservatisme ont des langues figées dans leur développement. C’est le cas chez les Basques ou les Tchouvaches.

L’attrait de Marr pour le Tchouvache, qu’il considère comme une langue arriérée, est redevable autant au philosophe italien Vico (1668-1744) qu’aux  potentialités de la langue selon le schéma d’évolution de la langue. L’évolution d’une langue d’un extrême à l’autre de la façon suivante :

-       communisme primitif/structure synthétique de la langue (poésie)

-       société sans classe/ langue unique

Marr partage avec Vico la croyance dans le fait que la langue des premiers hommes était la poésie, ainsi que l’étymologie permet de remonter aux idées primitives. La dimension primitive du Tchouvache, mal compris pour les autochtones, permettait à Marr d’essayer de comprendre leur société loin dans le temps.

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