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Section de langues slaves, option linguistique // Кафедра славянских языков, лингвистическое направление


K. Aksakov (1817-1860)

Univ. de Lausanne, Faculté des Lettres

Section de langues slaves, Option linguistique

Année 2013-2014

Prof. Patrick SERIOT

Séminaire de licence / Bachelor-3 / Master

(automne 2013, le mardi de 15 h à 17 h, salle 5093)

Le romantisme : littérature et linguistique

 

Compte rendu du 08.04.14 : Hilferding, Lamanskij, Aksakov : qu’est-ce la langue russe ?, par Renata Beernaert

   Les grandes lignes de la linguistique romantique 

Coïncidence langue et pensée, pas de forme sans contenu, pas de contenu sans forme.

René Descartes n’est pas du tout apprécié par les romantiques puisque comme il l’exprime dans le cogito «  Je pense, donc je suis » dans le Discours de la méthode (1637). Pour lui, tous les êtres humains sont dotées de  raison de manière identique, d’abord on pense et ensuite nous exprimons nos pensées par le langage, il y a deux temps, ce qui est en totale contradiction avec les romantiques pour qui on ne peut pas penser sans mots.

Un ouvrage contemporain à Descartes a essayé de mettre en pratique la philosophie cartésienne, La grammaire de Port-Royal d’Antoine Arnauld et Pierre Nicole (1662), c’est l’ennemi absolu des romantiques, basé sur une idée fondamentale on pense tous de la même façon, cette grammaire fait fi des spécificités de chaque langue naturelle, les méprise, les craint.

Selon l’idéalisme, l’invisible est plus réel que l’invisible.

Les philosophes

Révolution française et  guerres napoléoniennes,

Naissance de l’idée d’une conscience  nationale, le peuple unanime, qui parle la même langue, quel que soit l’état social de ses membres.

Le peuple est une mémoire vivante.

Johann Gottfried Herder (1744- 1803)

Dans son ouvrage Pour une nouvelle philosophie de l’histoire (1774) il dit : « les nations n’ont pas les idées pour lesquelles ils n’ont pas les mots ». Il existe autant de types de pensée qu’il existe de langues.

Johann Gottlieb Fichte (1762-1814)

En 1812 il écrit Les discours à la nation allemande où il  dit : « Notre langue est notre culture, notre culture c’est notre langue nationale ».

En Russie

Il y a deux tendances en Russie, imiter ou pas les autres.

Les occidentalistes préconisent de rattraper le retard.

Les slavophiles prônent d’être soi-même, inventer sa propre spécificité pour avoir sa dignité, il faut être différent des autres.

En 1755 Lomonossov écrit la première grammaire russe.

Konstantin Aksakov (1817-1860)

S’intéresse beaucoup au verbe, il faut enlever les lunettes de l’étranger pour voir les spécificités de la langue russe. On ne peut connaître que soi-même. On ne peut faire une grammaire que de sa langue maternelle.

Selon Saussure le point de vue crée l’objet, pour Aksakov l’objet crée le point de vue.

Pour les romantiques le verbe c’est le dynamisme, le devenir, l’action, la vie.

La force vitale s’appuie sur Dieu, sans lui ce n’est pas possible. Seul le créateur peut créer, comme écrit Mary Shelley en 1818 dans  son œuvre Frankenstein.

Aksakov a fait des études en Allemagne, ou il suit des cours de Hegel. Pour les hégéliens la formule qui permet au monde d’avancer c’est : Thèse, antithèse, synthèse.

Le verbe général est la thèse, le verbe itératif est l’antithèse et le semelfactif est la synthèse.

Долой подражание ! A bas l’imitation, c’était un des slogans d’Aksakov.

Chaque langue a son système de  proposition, en russe le sujet n’est pas obligatoire, il est aussi facultatif que tous les autres compléments. Lucien Tesnière invente la grammaire des dépendances, ex. je lis un livre – je lis, est une phrase complète.

Les grammairiens slavophiles au milieu du XIXème siècle avaient ôté au sujet grammatical son privilège qui existe chez les grammairiens latins.

Ce qui existe en russe et n’existe pas dans les autres langues c’est l’aspect du verbe. Alors que ce qui importe dans les langues d’Europe occidentale c’est le temps, en russe c’est l’aspect.

Tout le raisonnement d’Aksakov repose sur l’idée que vous ne devez pas prendre au pied de la lettre  une forme temporelle, car derrière cette forme temporelle c’est l’aspect qui compte plus que le temps.

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