1. Résumé du plan de recherche
Le projet présenté consiste en une édition critique bilingue franco-russe, une re-traduction en français et une analyse épistémologique du livre Marksizm i filosofija jazyka [Le marxisme et la philosophie du langage] écrit par Valentin Nikolaevič Vološinov (1895-1936) en 1929.
Ce livre a été traduit en français en 1977 et publié sous le nom de «Mikhaïl Bakhtine». La traduction existante a deux inconvénients importants : la fausse attribution de paternité fait interpréter ce texte dans la lignée des œuvres de critique littéraire de Bakhtine et non comme un ouvrage de philosophie du langage; la terminologie employée est celle de l'analyse du discours et de la théorie de l'énonciation française des années 1970. La logique propre du texte est ainsi presque incompréhensible pour le lecteur francophone, au point d'être jusqu'à présent énigmatique.
La partie la plus importante du travail sera une présentation de l’ouvrage dans son contexte culturel, dans l’histoire des idées linguistiques en général et de la philosophie du langage en particulier : le livre sera interprété sur le fond du travail en sciences humaines et sociales dans les années 1920-30 en URSS, sa thématique sera mise en relation avec les idées de l’Ecole de Marburg en Allemagne. Il sera également question du contexte intellectuel de sa réception en France dans les années 1970, des malentendus provoqués par la traduction actuelle et des conséquences du bouleversement de la terminologie utilisée pour traduire ce livre.
L’intérêt du projet réside dans le fait de rouvrir le problème de la réception et de l’interprétation de Le marxisme et la philosophie du langage en France dans les années 1970 et de proposer une nouvelle lecture de cet ouvrage mettant en perspective sa thématique fondamentale : les réflexions de Volosˇinov sur les notions de psychologie sociale, idéologie, conscience, subjectivité, activité langagière, relation entre l’individu et la collectivité par l’intermédiaire du langage. On sortira ainsi de l'impasse que représente la fausse alternative entre interprétation marxiste et anti-marxiste qui prévaut au sujet de ce livre.
La méthode d’analyse employée est celle de l’épistémologie historique et comparée développée depuis une vingtaine d’années au Centre de recherches en épistémologie comparée de la linguistique d'Europe centrale et orientale (CRECLECO) de l’Université de Lausanne.
Le projet proposé est le résultat d’une collaboration entre des spécialistes d’histoire des théories linguistiques dans le domaine russe : P. Sériot (Lausanne), R. Comtet (Toulouse) et J. Friedrich (Genève). Il sera accompli grâce au travail d'Inna Agueeva, assistante de recherche, bilingue (russophone et francophone), doctorante à l'Université de Lausanne, et spécialiste de Volosˇinov.
Mots-clés :
Idéologie ; psychologie sociale ; conscience ; sujet ; subjectivité ; activité langagière ; relation entre l’individu et la collectivité par l’intermédiaire du langage ; philosophie du langage ; marxisme ; Cercle de Bakhtine ; épistémologie ; histoire des théories linguistiques ; Europe centrale et orientale.
2. Plan de recherche
2.1. Etat de la recherche
La recherche sur le cercle de Bakhtine est abondante. Elle a porté depuis les années 1970 essentiellement sur l’œuvre de Bakhtine lui-même. Quant à V. Vološinov, son nom, ainsi que celui de P. Medvedev (1891-1938), a été considéré, aussi bien en Russie qu'en «Occident», comme un pseudonyme de Bakhtine, à qui ont été attribués Slovo v žizni i slovo v poèzii [Slovo dans la vie et slovo en poésie] (1926) connu en français sous le titre Le discours dans la vie et le discours en poésie, Struktura vyskazyvania [La structure de l’énoncé], O granicax poètiki i lingvistiki [Des frontières entre poétique et linguistique] (1930), Frejdizm [Le freudisme] (1927) et Marksizm i filosofija jazyka [Le marxisme et la philosophie du langage] (1929). Cette thèse est soutenue par V.V. Ivanov (1973), T. Winner (1976), M. Yaguello (1977), K. Clark et M. Holquist (1984) :
- Ivanov V.V., 1973 : « Značenie idej Baxtina… » [L’importance des idées de Bakhtine], Trudy po znakovym systemam [Travaux sur les systèmes de signes], Tartu ;
- Winner Th. G., 1976: « The beginnings of Structural and Semiotic Aestetics », in. L., Majeika (ed.), Sound, Sign and Meaning, Michigan Slavic Contributions 6, Ann Arbor, n° 2;
- Yaguello M., 1977 : « Introduction » à la traduction française de M. Bakhtine, Le Marxisme et la philosophie du langage: Essai d'application de la méthode sociologique en linguistique, Paris : Editions de Minuit, p. 9-18 ;
- Clark K., Holquist M., 1984: Mikhail Bakhtin, Cambridge (MA) et Londres : Harvard University Press.
Pourtant, des recherches récentes montrent que, malgré une certaine ressemblance entre les idées exposées dans ces travaux et celles que Bakhtine développe dans ses propres écrits, il n’y a pas d’arguments convaincants pour modifier l’attribution de ces ouvrages. Ainsi, des chercheurs tels que N.L. Vasiljev (1995), C. Emerson (1997, 1999), V.M. Alpatov (2000) et C. Brandist (2002) réfutent la première thèse et considèrent Volosˇinov et Medvedev comme auteurs authentiques des écrits disputés :
- Vasiljev N.L., 1995 : « Biografičeskij očerk », introduction à Vološinov V.N., 1995 : Filosofija i sociologija gumanitarnyx nauk, Sankt-Peterburg : Asta-Press ;
- Emerson C., 1997: The First Hundred Years With Mikhail Bakhtin, Princeton university press;
- Emerson C., 1999: Critical Essays on Mikhail Bakhtin, New-York: G.K.Hall&Co;
- Alpatov V.M., 2000 : « Kružok M. M. Baxtina i problemy lingvistiki » [« Le « Cercle de Bakhtine et les problèmes de la linguistique »], Dialog. Karnaval. Xronotop. (Vitebsk) [Dialogue. Carnaval. Chronotope], 2, p. 5-30;
- Alpatov V.M., 2000: « What is Marxism in Linguistics ? », Materializing Bakhtin. The Bakhtin Circle and Social Theory, Edited by Brandist C. and Tihanov G., Basingstoke: Macmillan, p. 173-193;
- Brandist C., 2002: The Bakhtin Circle: Philosophy, Culture and Politics, London, Sterling, Virginia: Pluto Press.
Les travaux consacrés à Vološinov en tant que tel n’apparaissent que dans les années 1980 et principalement dans les pays anglo-saxons :
- Bruss Neal A., 1976: « Vološinov and The Structure of Language in Freudianism », Freudianism: A Marxist Critique, New-York: Academic Press, p. 117-148;
- Haas Wilbur A., 1976: « The Reported Speech of Valentin N. Voloshinov », Disposito, vol. 1, 3, p. 352-356;
- Walton William Garrett Jr., 1981: « V.N. Voloshinov: A Marriage of Formalism and Marxism », Semiotics and Dialectics: Ideology and the Text, Amsterdam, vol. 5, p. 39-102;
- Pateman T, 1982: « Discours in Life: V.N. Voloshinov’s Marxism and the Philosophy of Language », UEA Papers in Linguistics, 16-17 (January), p. 26-45;
- Pan’kov N.A., 1995: « Mifologema Vološinova (neskol’ko zamečanij kak by na poliax arxivnyx materialov) » [« Mythologème de Vološinov (quelques notes sur les marges des matériaux d’archives »], Dialog. Karnaval. Xronotop. (Vitebsk) [Dialogue. Carnaval. Chronotope], vol. 2, 11, p. 66-69;
- 1995 : « Ličnoe delo V.N. Vološinova » [« Dossier personnel de V.N. Vološinov»], Dialog. Karnaval. Xronotop. (Vitebsk) [Dialogue. Carnaval. Chronotope], vol. 2, 11, p. 70-99;
- Parrington J., 1997: « In Perspective: Valentin Voloshinov », International Socialism, 75, p. 115-150.
En ce qui concerne le monde francophone le dernier grand ouvrage sur le Cercle de Bakhtine date de 1981 :
- Todorov T., 1981 : Mikhaïl Bakhtine : Le principe dialogique, suivi de Ecrits de Cercle de Bakhtine, Paris : Editions Seuil.
Todorov y reconnaît la paternité partielle de Vološinov qui, selon lui, aurait rédigé une partie de Marksizm i filosofija jazyka. Depuis cette époque, peu de sérieuses recherches ont été entreprises dans le monde francophone. Le nom de Vološinov reste inconnu. Ses œuvres sont toujours lues à travers le prisme du nom de Bakhtine considéré comme théoricien de la littérature, fondateur de la théorie de l’énonciation et disciple de Benveniste. Les réflexions originales de Vološinov sur idéologie, signe, psychologie sociale, conscience, subjectivité, activité langagière, relation entre l’individu et la collectivité par l’intermédiaire du langage, etc. dans sa plus grande partie restent méconnues du public francophone, qui ne connaît qu'une lecture anachronique du livre (souvent présenté copmme s'inscrivant dans la ligne de pensée d'E. Benveniste et de la théorie de l'énonciation), coupée de son contexte historique et «idéologique» soviétique.
2.2. Plan des recherches
Le projet présenté consiste en une édition critique bilingue franco-russe, une re-traduction en français et une analyse épistémologique du livre Marksizm i filosofija jazyka [Le marxisme et la philosophie du langage] écrit par Valentin Nikolaevič Vološinov (1895-1936) et publié à Léningrad en 1929.
Ce livre a été traduit en français en 1977 et publié aux Editions de Minuit sous le nom de «Mikhaïl Bakhtine». La paternité de l’ouvrage ainsi que d’autres textes est contestée et le nom de Vološinov en tant que linguiste de premier plan est évacué de l’histoire de la linguistique, y compris russe. Sa pensée est ainsi assimilée entièrement à celle de Mikhaïl Bakhtine.
La traduction existante a deux inconvénients importants :
1) Cette fausse attribution de paternité induit des effets de lecture très dommageables à son interprétation (Bakhtine, après la publication en 1970 des traductions de La poétique de Dostoïevski et de L’œuvre de François Rabelais, est connu en Europe occidentale essentiellement comme un théoricien de la littérature);
2) la terminologie employée est celle de l'analyse du discours et de la théorie de l'énonciation française des années 1970.
De ce fait, les idées exposées dans le livre perdent de leur cohérence, la logique propre du texte reste parfois presque incompréhensible pour le lecteur francophone. L’ouvrage est considéré de façons divergentes, il suscite de nombreux problèmes d’interprétation et reste jusqu’à présent énigmatique.
L’intérêt du projet réside dans le fait de rouvrir le problème de la réception et de l’interprétation de Le marxisme et la philosophie du langage en France et dans le monde francophone dans les années 1970 et de proposer une nouvelle lecture de cet ouvrage grâce à une édition critique et commentée reposant sur les résultats de recherches récentes et mettant en perspective sa thématique fondamentale : les réflexions de Volosˇinov sur les notions de psychologie sociale, idéologie, conscience, subjectivité, activité langagière, relation entre l’individu et la collectivité par l’intermédiaire du langage. Cela permettra de mettre en valeur le contenu du livre, de le dégager du cadre de la lecture des années 1970, ainsi que de la pensée bakhtinienne, et de le lire en tant que texte de philosophie du langage et non pas de critique littéraire. L’enjeu est de « réhabiliter » le nom de Vološinov en tant que linguiste et philosophe du langage, de souligner l’originalité de ses idées et de présenter le contexte intellectuel de son époque. Le travail sur les termes servira à montrer la complexité de la terminologie russe et à expliquer les notions qu’ils désignent. Ce fait permettra de mettre en évidence les divergences existant entre la version originale et la traduction actuelle de Marina Yaguello et d’éviter des malentendus de traduction et d’interprétation. De façon plus large, le projet doit présenter sous un nouvel angle l’état et le développement de la linguistique russe dans les années 1920-30 et influencer la réception actuelle des idées sur le langage datant de cette période. La nécessité de mettre en relation le contexte intellectuel de la création de l’ouvrage en Russie et en Allemagne, ainsi que celui-ci et la réception du livre en France dans les années 1970 inscrit le projet dans la poursuite des recherches du requérant principal sur l’épistémologie comparée des sciences du langage en Europe de l’Ouest / Europe de l’Est.
Cette retraduction totale du texte devrait avoir des conséquences analogues à la retraduction des œuvres de S. Freud en français, en cassant la grille d'interprétation actuelle et en proposant une analyse de l'ouvrage dans son contexte propre épistémologique et historique.
Le travail de traduction va s'appuyer sur les traductions déjà existantes dans d'autres langues européennes (certaines sous le nom de Bakhtin, d'autres sous celui de Vološinov) :
• Mikhail Bakhtine (V.N. Volochinov) : Le marxisme et la philosophie du langage, Paris : Minuit, 1977 [traduit par Marina Yaguello];
• V.N. Vološinov : Marxism and the Philosophy of Language, Cambridge (Mass.) & London : Harvard University Press, 1973 (8e éd. 2000) [traduit par L.Matejka & I. Titunik];
• Valentin Nikolaievich Voloshinov : El marxismo y la filosofía del lenguage, Madrid : Alianza Editorial,1992 [traduit par Tatiana Bubnova];
• Valentin N. Vološinov, Michail Bachtin : Marxismo e filosofia del linguaggio, Lecce : Manni, 1999 [traduit par Margherita de Michiel]
• Mikhail Bakhtin (V.N. Volochínov) : Marxismo e filosofia da linguagem, São Paolo : Hucitec Annablume, 2002 [traduit par Michel Lahud & Yara Frateschi Vieira];
• Vološinov, Valentin N. : Marxismus und Sprachphilosophie, Frankfurt/M. - Berlin : Ullstein Buch, 1975 [traduit par Renate Horlemann]
Le travail terminologique portera sur des termes comme, par exemple, slovo et vyskazyvanie, ambigus en russe et délicats à traduire en français. Ainsi, le mot slovo emprunté à la théorie de la littérature et l’esthétique désigne non seulement « mot », mais aussi « énoncé », « parole », « langue », « conversation », « discours », etc. En ce qui concerne vyskazyvanie, il signifie en russe non seulement le processus de l'« énonciation », mais aussi son résultat : l'« énoncé ». Traduit respectivement en français comme mot ou bien discours et énonciation, ces termes perdent leur vrai sens (c’est le cas de vyskazyvanie qui dans l’ouvrage de Vološinov est employé principalement comme « énoncé » et non pas comme « énonciation »), se trouvent restreints et limités (il s’agit de slovo dont la signification russe est beaucoup plus large que celle de « mot » ou de « discours ») et se rapprochent des termes des années 1970 en France où se développe l’analyse du discours et la théorie de l’énonciation. Ce fait montre l’extrême importance de l’analyse de chaque terme utilisé par Vološinov et la recherche de la traduction la plus précise et adéquate, quitte à introduire en français de nouveaux concepts.
En refusant d'employer le mot «discours», et en faisant apparaître que le livre construit une théorie de l'énoncé et nullement une théorie de l'énonciation, c'est une conception nouvelle de l'univers épistémique de l'œuvre de V.Vološinov qui est proposée ici.
Le second temps fort du projet est une analyse épistémologique des objets de connaissances construits dans cet ouvrage. Celui-ci sera étudié à partir de deux contextes :
• production : l'URSS à la fin des années 1920, en prenant en compte le contexte intellectuel des sciences humaines et sociales dans les années 1920 en URSS (les travaux de Vygotski, Plexanov, Marr, Špet, etc.), ainsi que les idées de l’école de Marburg en Allemagne (la pensée de Cohen, Cassirer, etc.);
• interprétation : le monde francophone post-1968 (règne du structuralisme, développement de l’analyse du discours et de la théorie de l’énonciation à travers les idées de Benveniste), les malentendus provoqués par la traduction actuelle et les conséquences du bouleversement de la terminologie utilisée pour traduire ce livre.
Un appareil critique de notes sera mis en place pour les nombreux points de livre qui nécessitent un commentaire de recontextualisation.
Il s'agit ainsi de croiser deux problématiques qui ne sont pas souvent conjointes : l'histoire des idées dans la culture scientifique russe et l'épistémologie.
La méthode d’analyse employée est celle de l’épistémologie historique développée depuis une vingtaine d’années au Laboratoire d’histoire et d’épistémologie des sciences du langage de l’Université de Paris VII, ainsi que dans le Centre de recherches en épistémologie comparée de la linguistique d'Europe centrale et orientale (CRECLECO) de l’Université de Lausanne.
Le projet proposé est le résultat d’une collaboration entre des spécialistes d’histoire des théories linguistiques dans le domaine russe : P. Sériot (Lausanne), R. Comtet (Toulouse), J. Friedrich (Genève). Il sera accompli grâce au travail d'Inna Agueeva, assistante de recherche, bilingue (russophone et francophone), doctorante à l'Université de Lausanne, et spécialiste de Vološinov.
2.2.4. Déroulement du projet
Un premier temps de la recherche consistera à traduire le livre Marksizm i filosofija jazyka [Le marxisme et la philosophie du langage] écrit par Valentin Nikolaevič Vološinov (1895-1936) en 1929 et publié en 1930 à Leningrad. A cette étape, l’essentiel du travail sera la précision et l’analyse des termes russes, à partir du contexte intellectuel des années 1920 en URSS, la recherche des équivalents français les plus justes possibles et la rédaction des notes et des commentaires portant sur la terminologie du livre.
Inna Agueeva, doctorante de l'Université de Lausanne et russophone, doit se rendre à Moscou pour trois semaines. Elle travaillera dans les archives de Bakhtin et Vološinov, et doit faire des interviews avec des spécialistes russes de la question : V. Alpatov et V. Kožinov. Elle est également chargée de faire le premier jet de la traduction, dont la révision sera répartie entre P. Sériot, R. Comtet et J. Friedrich en fonction de la thématique des passages.
Par la suite il s’agira du travail de recherches sur la thématique de l’ouvrage débouchant sur une série d’articles et de nouvelles interprétations du contenu du texte, synthétisées dans la partie introductive du livre.
Le projet doit ainsi se dérouler sur deux ans. La première année est essentiellement occupée à traduire le livre, la deuxième année à rédiger une présentation et tout l’apparat critique de l'ouvrage.
Le dit ouvrage doit paraître en édition bilingue russe-français aux éditions Payot à lausanne, dont le requérant principal est directeur de la collection «linguistique».
2.2.5. Importance des travaux projetés
Il est à souligner que la traduction actuelle de Marksizm i filosofija jazyka en français et publiée sous le nom de M. Bakhtine limite la réception de l’ouvrage de Vološinov : 1) elle l’adapte au contexte culturel et intellectuel des années 1970 en France, caractérisé par le développement de l’analyse du discours et la théorie de l’énonciation ; 2) elle l’insère dans le cadre de la pensée bakhtinienne et sa réception française. Ce travail devrait donc 1) éclaircir les termes ambigus utilisés par Vološinov ; 2) trouver ou forger leurs équivalents français et par ce fait éviter les malentendus de traduction et d’interprétation non seulement de Le marxisme et la philosophie du langage, mais également des autres textes des membres du cercle de Bakhtine ; 3) mettre en valeur le contenu du livre, le faire sortir des bornes de la pensée bakhtinienne et de sa lecture dans les années 1970 en France. Il devrait ainsi apporter à la communauté scientifique francophone une nouvelle information sur le développement de la philosophie du langage dans les années 1920 en Union soviétique et proposer une autre vision de l’ouvrage.
Enfin il mettra en évidence l'intérêt de la méthode l'épistémologie comparée pour connaître la Russie à travers sa culture scientifique.