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«L'homme n'appartient ni à sa langue, ni à sa race : il n'appartient qu'à lui-même, car c'est un être libre, c'est un être moral». (1876, Préface aux Discours et conférences, in E.Renan, Qu'est-ce qu'une nation?, Paris : Presses-Pocket, 1992, p. 57)
On a plus souvent écrit sur le discours amoureux que sur le discours haineux. Ce dernier mérite pourtant au moins autant d'attention, pour la somme des désastres qu'il peut engendrer. A la différence de l'amour, la haine se fabrique : on ne tombe pas haineux de quelqu'un comme on tombe amoureux. L'objet de haine, certes, n'est pas privé de référent : il doit être un autre proche, pas un autre lointain. Les Serbes et les Croates ont au moins ceci en commun que les habitants du Nicaragua ne présentent aucun intérêt pour eux, et ne leur posent aucun problème.
On peut avoir de bonnes raisons de haïr une personne particulière qui vous a fait du mal. Mais comment fait-on pour choisir un objet de haine, si cet objet est collectif? Par quels mécanismes mentaux en vient-on à haïr des êtres humains qu'on ne connaît ni d'Êve ni d'Adam, sous prétexte qu'il font partie d'un groupe qui a été élu comme objet de haine collective? Quel système de pensée rend possible le raisonnement bien connu : «leurs ancêtres ont massacré mes ancêtres, je suis donc habilité à exercer une vengeance sur leurs descendants»? Si tant de gens trouvent normale, recevable semblable logique, c'est que quelque chose de plus fort que la raison individuelle vient
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exercer une pression énorme, quelque chose de l'ordre de l'imaginaire, un système d'évidence qui peut s'acquérir par l'enseignement, mais qui, bien plutôt, provient des habitudes de pensée transmises dans les conversations quotidiennes, les stéréotypes des blagues sur les autres groupes, ou simplement les noms qu'on leur donne. Ce système de pensée dit, sans jamais l'expliciter, qu'un individu n'existe que par le groupe auquel il appartient, que le groupe est premier, et l'individu n'en est que le produit. Cet hypersociologisme a une histoire paradoxale, qu'on va essayer de débroussailler.
Si l'on prend le mot idéologie au sens de «système de représentations fondées sur une conscience fausse», à la manière de Marx dans L'idéologie allemande, on tiendra pour acquis que l'ensemble des comportements de haine collective qu'on a pu observer dans l'ex-Yougoslavie ne peut être expliqué qu'à partir d'un système de représentations, qui, comme toute idéologie, n'explicite jamais ses principes, ses présupposés, ses origines. Parler de «nationalisme» n'apporte pas grand chose : le mot n'est qu'une description, pas une explication. Celui d'«essentialisme» me semble plus efficace.
L'invariance et la discontinuité sont les notions centrales de la pensée essentialiste. Les foudres que cette dernière déclencha chez Karl Popper permettent de jeter quelque lumière sur l'obscur délire de la haine collective. Une idée, un système de représentation, dont l'origine, même a été oubliée, mais répandue massivement, est capable de semer la haine et la désolation.
Au XIXème siècle, à la suite des guerres napoléoniennes, se fit jour peu à peu, parmi les intellectuels des classes bourgeoises d'Europe centrale et orientale, l'idée que le pouvoir politique était à portée de la main si l'on arrivait à montrer qu'il existait une nation, donc un peuple, donc le droit à avoir un Etat. Les intellectuels de 1848 à Prague ou Zagreb avaient le même slogan politique que les Jacobins français de 1789 : l'Etat-nation, mais derrière l'identité de formulation, ils mettaient un tout autre contenu. La nation n'était plus le projet politique du contractualisme de Montesquieu ou Rousseau, mais un être mystique, une réalité antérieure à tout projet politique, fondée en
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nature, manifestée dans une langue et une culture. Pour se démarquer des oppresseurs allemands et autrichiens, les intellectuels des villes slaves d'Europe centrale empruntaient à ces mêmes Allemands les termes mêmes de leur «libération», ou «émancipation» nationale. Le romantisme allemand de Herder et Fichte fournissait un cadre de pensée parfaitement adapté à une revendication politique qui se dissimulait derrière un discours de découverte : la «véritable nature» d'une nation est son âme collective, sa culture, à laquelle on avait accès à travers la langue que parle le peuple. Parler la même langue était le mode d'être de la collectivité appelée nation par les romantiques.
Les intellectuels issus des milieux bourgeois urbains qui allaient à la campagne pour collecter les contes populaires, à l'instar des frères Grimm, allaient néanmoins vite se trouver devant une situation embarrassante. D'une part, eux-mêmes s'exprimaient dans un idiome totalement différent de ce même «peuple» qu'ils chérissaient tant : la langue maternelle des premiers intellectuels promouvant la cause nationale slave à Bratislava (Presburg) comme à Ljubljana (Lajbach) était l'allemand. Cela pouvait néanmoins s'arranger : ils étaient prêts à «apprendre auprès du peuple» la langue de ce dernier. Mais il y avait une circonstance plus ennuyeuse : les paysans, qui formaient la masse du «peuple», s'exprimaient dans des formes vernaculaires qui présentaient une très forte variation territoriale. Sur quelques centaines, voire quelques dizaines de kilomètres, l'intercompréhension venait vite à faire défaut. Comment prendre en compte la variation quand on voulait prendre modèle sur «le peuple», censé parler une langue «pure et authentique»? A cela s'ajoutait que le «peuple» si idéalisé par les intellectuels romantiques avait la désagréable habitude de parler «populaire», voire grossier, ce qui cadrait mal avec les manières policées de ceux qui, dans les salons des villes, chantaient l'âme populaire en pentamètres iambiques.
La question fut résolue par un artifice, présenté comme un processus naturel : les dialectes populaires allaient être utilisés comme base d'une langue «littéraire», langue de la nation toute entière. Les écrivains et linguistes allaient se
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charger du travail d'élaboration de cette langue, le peuple se contentant de fournir le matériau brut. Il faut dire, du reste, que le mot «peuple» lui-même était une invention des intellectuels, les paysans ne parlant jamais d'eux-même en termes de «peuple». On vit ainsi, en quelques dizaines d'années, apparaître successivement une «knjižovni jezik» en Serbie, une «spisovný jazyk» en Bohème, puis une «knižoven ezik» en Bulgarie, la «literaturen jezik» n'apparaissant qu'au XXème siècle en Macédoine, tous termes qui désignent cet objet à la fois construit, élaboré, et en même temps censé être la «langue du peuple».
Cette dichotomie de la pratique langagière est fort dommageable à la compréhension d'une situation déjà passablement embrouillée, car elle est souvent occultée, et les confusions sont fréquentes. Il convient pourtant d'être clair sur le fait que la réalité «enregistrable» des parlers locaux est un continuum dialectal, ce qu'on appelle un diasystème, continu hétérogène, alors que les langues «littéraires», c'est-à-dire normalisées, standardisées, et élevées au niveau de dignité de «langue nationale», forment des ensembles homogènes et discontinus. On peut compter les langues officielles, pas les usages dialectaux.
Mais si les langues littéraires/nationales sont des objets construits, rien n'empêche de les rapprocher, il suffit de faire bouger les limites imaginaires de l'être collectif. Le goût de l'érudition historique et philologique, lié dans toute l'Europe romantique à l'«éveil» de l'idée nationale (la nation n'est pas inventée par les intellectuels, c'est une princesse endormie qui n'attend qu'un prince charmant pour la réveiller) est à la base d'une entreprise à finalité toute politique : dessiner les contours d'un Etat, ou du moins d'un territoire autonome à l'intérieur de l'Empire des Habsbourg. Ce territoire devait reposer sur la mise en évidence des véritables solidarités linguistiques et culturelles de populations qui n'avaient jamais vécu dans un même Etat, mais dont l'élite intellectuelle voulait créer un espace homogène : une nation. L'œuvre convergente du Slovène Jernej Kopitar (1780-1844), du Croate Ljudevit Gaj (1809-1872) et du Serbe Vuk Karadžic (1787-1864) débouche sur la signature d'un
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accord à Vienne en 1850 : la création d'une langue littéraire, ou langue normée, est le résultat d'une négociation. Le premier avait rédigé une grammaire slovène, qui fournit un modèle pour bâtir une langue normée à partir de parlers populaires. V. Karadžic avait fait une réforme de l'orthographe serbe et s'inspire des méthodes de Kopitar. Enfin L. Gaj décide d'adopter le dialecte štokavien, largement répandu chez les Serbes. L'«idée yougoslave» a pour résultat la création d'une langue littéraire unifiée (écrite en alphabet latin chez les Croates, en alphabet cyrillique chez les Serbes, la langue littéraire slovène restant en dehors de la construction du serbo-croate). C'est donc bien une idée étatique (donc politique) au départ qui débouche sur une langue, et non l'inverse, comme les romantiques le proclament.
Mais les idées varient, et les langues rêvées par les intellectuels (et non parlées par le peuple au nom duquel ces mêmes intellectuels avaient forgé la langue de la nation) vont faire de même. La conséquence est mise à la place de la cause, et la justification naturaliste de l'édification nationale va vite tourner en rond. Si «les Yougoslaves» existent, alors ils doivent avoir une langue commune, appelée le serbo-croate, ou croato-serbe. Mais lorsque les réalités difficiles de la Yougoslavie des années 1930 eurent mis en évidence des antagonismes irréconciliables, des malentendus abyssaux et des rancœurs coriaces, c'est le même type de discours qui fut appelé à la rescousse pour prouver que, cette fois-ci, les Serbes et les Croates n'avaient rien en commun, et surtout pas la langue. Tout peut être démontré, il suffit d'en être convaincu d'avance. Le but n'est pas de vérifier une hypothèse, mais d'asséner une vérité. Or, là encore, ce qui semble être une procédure logique déconcertante, devient parfaitement clair si l'on accepte de ne pas perdre de vue l'existence des deux niveaux de réalité de la langue : diasystème et langue «littéraire».
La «langue littéraire» n'existe que parce qu'il y a des gens pour la penser, la construire, en peaufiner les normes, en discuter le bien-fondé. Elle est maléable à souhait, puisqu'on peut la rapprocher de celle des voisins (le serbe et le croate sont alors deux variantes du même, comme le tchèque et le slovaque sous le régime de T. Masaryk dans l'entre-deux-guerres
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étaient considérés comme deux variantes de la même «langue tchécoslovaque») ou bien au contraire l'en éloigner. Et quand la langue de celui qu'on estime être l'autre a le malheur d'être la même que la sienne propre, qu'à cela ne tienne, on lui invente des différences.
Etre soi, c'est inventer la langue des autres. Combien de «mots serbes» ont-ils été inventés par les extrémistes croates pour affirmer l'identité de la langue et de la nation croates, quand bien même il s'agissait de mots inexistants ou bien parfaitement compris en Croatie? Combien de mots «authentiquement croates» ont-ils été inventés de toute pièce pour «faire plus croate»?
Cette obsession onomaturge n'est pas une couleur locale, elle n'est pas le produit de la seule malignité délirante de quelques obscurs détraqués, elle a une longue histoire qui s'inscrit dans un système de pensée parfaitement défini.
Soulignons d'abord que l'obsession de la langue n'est pas indispensable au marquage d'une différence : les Irlandais catholiques et protestants se détestent cordialement, tout en parlant rigoureusement la même langue (l'anglais, qui n'est pas la langue de leurs «ancêtres» gaéliques), mangent la même nourriture, écoutent la même musique. Eux ont choisi la religion pour s'entre-déchirer. Mais ce n'est bien sûr qu'un prétexte : ce n'est pas le dogme de l'Immaculée Conception qui les sépare, mais l'altérité mise en discours. Swift, dans les Voyages de Gulliver, décrit deux partis d'une de ses îles utopiques, farouchement opposés sur un problème d'une importance capitale : faut-il casser les œufs durs par le gros bout ou par le petit bout? Qu'importe le moyen, pourvu qu'on ait la différence! Si, pourtant, la langue comme marque indélébile de l'identité collective a été souvent utilisée pour «faire de l'Un», c'est grâce à une théorie qui a bénéficié d'un succès sans précédent à la fin du XVIIIème siècle en Allemagne, et qui s'est répandue comme une traînée de poudre dans toute l'Europe centrale et orientale dans le courant du XIXème siècle.
Dans la Grammaire de Port-Royal (1662), la langue était la marque de la raison que Dieu avait déposée dans la tête
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de tous les hommes. La raison étant unique, elle était la même pour tous, les différences entre les langues n'étant que des détails superficiels. Mais bientôt se fit jour l'idée que les différences étaient révélatrices de particularités de pensée irréductibles les unes aux autres, que chaque langue était une vision du monde, bref, un Être collectif. Parler ne servait plus seulement à communiquer, mais plutôt à instaurer une différence avec les autres. La langue devenait un instrument de non-communication. Si W. von Humboldt pensait qu'on était enfermé dans le «cercle» de sa langue, encore était-il émerveillé par la diversité des langues, qui révélaient, comme les couleurs de l'arc-en-ciel, la richesse de l'humanité. Mais au cours du XIXème siècle les choses allaient se figer : ce n'était plus la variété qui comptait, mais la différence. L'important était de ne plus comprendre la langue du voisin, seule façon d'affirmer son Être collectif. Les Kachoubes ne comprenaient plus les Polonais, les Slovaques ne comprenaient plus les Tchèques, les Macédoniens ne comprenaient plus les Bulgares. La perte de l'intercompréhension des Serbes et des Croates n'est que l'écho le plus récent de cet élan de séparation des groupes en Europe, contemporain du fait que les Ukrainiens ne veulent plus comprendre les Russes et que les Ruthènes ne veulent plus comprendre les Ukrainiens.
Un linguiste, il est vrai, se fatigue vite de ce genre de discours, qui n'impressionne plus que les journalistes formés en sciences politiques. Car bien malin celui qui pourra définir ce qu'est une intercompréhension. Et c'est là qu'on revient à l'importance des modèles d'évidence, des métaphores qui s'imposent sans jamais se mettre à découvert. Au XIXème siècle le modèle dominant de la linguistique était la biologie. Une espèce était définie par l'interfécondité, une langue était à son tour définie par l'intercompréhension. Les relations entre langues étaient en oui ou en non, pas en plus ou en moins. Mettez ensemble un chat et un chien, vous n'obtiendrez que des hurlements sauvages, mais si vous remplacez le chien par une chatte au bout d'un certain temps apparaîtront des petits chats. La preuve de l'espèce est faite, il n'y a plus qu'à suivre le modèle pour les langues.
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L'ennui, c'est que ce modèle s'avère totalement inapplicable. Rien ne concorde. Le phénomène de l'emprunt, de l'imitation, si fréquent dans l'histoire des langues, n'a aucun équivalent en biologie. L'hybridation est stérile dans les espèces animales, courante et enrichissante avec les langues.
Mais un modèle qui marche ne va pas s'effacer facilement. Surtout si son raisonnement naturaliste a l'immense avantage de masquer «en nature» une pratique ou une revendication politiques, c'est-à-dire «en culture». A chaque nation sa langue, et si le groupe n'en a pas en propre, ce n'est pas grave, on va lui en faire une. Si café se dit kava en serbo-croate et khava en bosniaque, qui osera alors affirmer que le bosniaque n'est pas une langue à part entière? Si rivière se dit reka en serbe et rijeka en croate, la preuve n'est-elle pas faite qu'on a bien là deux langues différentes, donc deux nations, etc…? Le site internet officiel du Monténégro affirme sur sa page d'accueil que la langue monténégrine est une langue à part entière, totalement différente du serbe, parce qu'il y a une lettre de plus dans son alphabet… Ce raisonnement, qui n'a aucun sens et aucun intérêt du point de vue de la linguistique, a un enjeu politique parfaitement clair : quelles élites intellectuelles vont jouir du pouvoir sur un espace territorial étatique, donc homogénéisé au nom de l'Etat-nation? A condition, bien sûr, de donner à la «nation» ce colori ethniciste de 1848, qui n'a rien à voir avec la définition citoyenne de la nation dans la pensée des Jacobins de 1789. C'est alors du côté de la pensée contre-révolutionnaire (les Ultras L. de Bonald, J. de Maistre, puis la Droite classique : Ch. Maurras, M. Barrès et enfin l'ethnicisme à base anthropométrique : G. Montandon : L'ethnie française, Payot, 1935) qu'on va trouver cette définition naturaliste du groupe ethnique («national»), reprise si facilement par le marxisme-léninisme et le titisme : on est le représentant de son groupe avant d'être un individu doté d'un libre-arbitre.
L'obsession linguistique en ex-Yougoslavie n'est sans doute que la face la plus visible d'une idéologie massivement répandue en Europe centrale et orientale, qui ne prend son sens que si l'on en démonte patiemment les présupposés, qui trouvent leur origine chez des penseurs-poètes, souvent doux comme des
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agneaux, mais aux idéaux facilement transformables en effroyables carnages : les romantiques allemands (Herder, Fichte).
Etre linguiste-slaviste, c'est vivre en permanence une expérience anthropologique : qu'est-ce qu'un groupe humain? par quelles tournures discursives se constitue-t-il? C'est vivre aussi des déchirements, des conflits de loyauté (comment dire à des amis X qu'on fréquente aussi des Y, qui sont considérés par les X comme leurs pires ennemis?). Mais c'est aussi se trouver démuni devant les attentes immenses de gens qui mettent une confiance immodérée dans la linguistique comme science pouvant mettre un terme à une angoisse identitaire. Il m'est arrivé dans les Balkans de me trouver devant des étudiants qui me demandaient : «Monsieur le professeur, vous qui êtes linguiste, dites-nous le vrai nom de notre langue». Comment leur répondre que cette question ne pouvait recevoir aucune réponse, et que l'interrogation linguistique masquait en réalité une autre demande, non formulable : «dites-nous que nous avons le droit d'habiter cette terre, ce territoire, et pas les autres». Le nom de la langue accolé à un territoire est un plaidoyer pour une légitimité. L'idéologie essentialiste-naturaliste a pour but de prouver qu'«on était là avant eux» (les Juifs avant les Arabes en Palestine, ou l'inverse? les Roumains avant les Hongrois en Transylvanie ou l'inverse? les Albanais avant les Serbes au Kosovo ou l'inverse?). On argumente sur une consubstantiabilité entre les ancêtres et les descendants, sans jamais dire que l'enjeu réel est l'accès à l'irrigation dans les terres arides ou aux plaines fertiles dans les climats tempérés. La réécriture mythique de l'Histoire, alimentée par des raisonnements linguistiques fantaisistes n'a que faire des réalités économiques ou politiques.
Le devoir des intellectuels, linguistes ou autres, est une résistance morale et intellectuelle : résister, ne pas céder, ne pas tomber dans le piège (exemple de piège : faut-il enseigner dans les universités françaises le serbe, le croate, le bosniaque et le monténégrin, ou bien continuer à enseigner ce qui fut une langue de communication : le serbo-croate?).
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Au lieu de perdre tant de temps et d'énergie à des discussions linguistiques, on pourrait 1) apprendre à se tolérer et à se respecter, 2) s'occuper de choses plus utiles comme se demander comment payer les retraites ou (re)construire les hôpitaux, et, en général, procurer des conditions de vie décentes à la population. Mais le symbolique semble compter plus que le quotidien matériel. Sans doute est-il plus facile à manier?