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Centre de recherches en histoire et épistémologie comparée de la linguistique d'Europe centrale et orientale (CRECLECO) / Université de Lausanne // Научно-исследовательский центр по истории и сравнительной эпистемологии языкознания центральной и восточной Европы

-- H. Delacroix : «Au seuil du langage», Journal de psychologie normale et pathologique, n° 1-4, 1933, p. 9-17.

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        Les travaux récents ont abouti à un résultat paradoxal; ils ont creusé le fossé qui sépare l'homme des animaux supérieurs sous le rapport du langage; alors qu'au point de vue de l'intelligence, ou du moins d'une certaine forme d'intelligence, ils ont rapproché de l'homme les singes supérieurs si bien étudiés ces dernières années.
        Il n'est pas étonnant que beaucoup de psychologues et de biolo gistes aient cru jadis à l'existence d'un langage rudimentaire chez certaines espèces animales. La doctrine évolutioniste y inclinait les esprits ; l'observation semblait décisive. La vie sociale de certaines espèces animales donne lieu à une conduite coopérative où il semble qu'on voie se transmettre des indications de péril ou de butin. Par un simple processus de transfert associatif, l'expression émotionnelle ne deviendrait-elle pas tout naturellement un signe? Et dans le comportement socialisé, les signes élémentaires, disait-on, se trans forment, se nuancent, se complètent. La mimique signalisatrice imite de fort près le langage. Les chimpanzés de Köhler, pour se faire comprendre, imitent l'action qu'ils veulent faire. Un chim panzé qui veut être accompagné par un autre le frappe légèrement ou le tire par la main et fait, en le regardant, des mouvements de marche dans la direction désirée. Toute l'enveloppe mimique du parler n'est-elle pas ici présente? Ne fait-elle pas illusion? Sur les fourmis et les abeilles, malgré von Frisch, il faut, je crois, déchanter. Et Rabaud écrit avec beaucoup de précision : «Souvent on a prétendu que les fourmis, notamment, s'informaient mutuelle-
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ment ou s'entr'aidaient; mais une observation correcte permet de voir combien est illusoire cette prétendue entr'aide»[1].
        Et ailleurs : «Les Singes, pas plus que les autres animaux, vertébrés ou invertébrés, ne possèdent de langage articulé. Les prétendues preuves fournies pour les guêpes, les abeilles, les fourmis ne sont que l'interprétation arbitraire de faits mal observés... Exprimer une émotion n'est pas un moyen de communication. Le bruit que fait un individu, ou son agitation peut en exciter d'autres et se propager... Ce n'est pas un langage»[2].
        Si Rabaud n'admet pas que le langage dérive de l'expression des émotions, il n'admet pas davantage qu'il dérive de la vie sociale :
        «Le langage ne semble pas découler de la vie sociale. Si le grou pement d'un certain nombre d'individus rend possible l'utilisation des signes, il ne s'ensuit pas que le groupement crée les moyens physiologiques de faire des signes, ni le «désir» de communiquer avec les congénères. Le langage a certainement beaucoup contribué au développement des sociétés humaines, mais la capacité de parler coexiste avec l'inter-attraction sans dépendre d'elle en aucune manière»[3]. Et Rabaud montre très justement qu'il n'y a pas de rap
port nécessaire entre l'état de développement du système nerveux
 des individus et leur vie sociale ou solitaire : c'est ce que l'on cons
tate par exemple en comparant entre elles les différentes espèces de 
guêpes[4].

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        Bornons-nous aux anthropoïdes. La non-existence d'un langage, supérieur à l'émission affective et à la mimique signalisatrice, paraît
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découler de tous les travaux récents. Les observateurs ont décrit, avec beaucoup de précision parfois, un jeu d'émissions vocales affectives ; et c'est tout[5].
        Or, la conformation anatomique des organes vocaux de l'homme ne présente, par rapport à celle des anthropoïdes, aucune particularité notable[6], et il y a dans la phonétique du chimpanzé tant d'éléments phonétiques du langage humain qu'on ne peut imputer aux défauts de l'instrument cette absence de la fonction verbale[7].
        Mais, d'un autre côté, les recherches récentes les plus solides nous montrent que les anthropoïdes sont fort capables — au moins dans leurs meilleurs moments et dans quelques circonstances privilé giées — d'apprendre par une sorte de compréhension rapide ou instantanée, en laissant tomber d'un coup les opérations inutiles, pour s'attacher à l'essentiel et à la méthode qui réussit : tout comme s'ils saisissaient le plan, le schéma de l'acte. Méthode intelligente en somme.
        Nous les voyons d'autre part capables dans certaines conditions et dans certaines limites d'utiliser ou de fabriquer des outils.
        Il est inutile de résumer les travaux bien connus d?où se dégage la conclusion très nette que, sous une forme élémentaire sans doute, on constate chez les anthropoïdes Invention et Compréhension, c'est-à-dire les deux formes essentielles de l'Intelligence[8].
        Intelligence semblable par quelques-uns au moins de ses aspects
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au comportement proprement humain : organisation du champ de la perception et de l'action, généralisation de l'expérience, construction d'une ligne de manœuvre d'extension croissante dans l'espace et dans le temps.
        Tout ce que Guillaume et Meyerson ont appelé la technique du détour suppose une opération mentale assez souple et assez abstraite. Conduire l'appât d'abord vers le point où il est le plus insaisissable, c'est se détacher de la situation actuelle, immédiate, concrète et se poser un but idéal. Ils ont raison de dire que c'est la même fonction qui se trouve affaiblie ou déficiente dans certaines déficiences cérébrales, par exemple chez les aphasiques sémantiques de Head, qui au billard sont encore capables de jouer le coup direct, mais ne sont plus capables de jouer bande première.
        Il faut ajouter que l'observation du comportement spontané des sujets, en dehors des tests auxquels on les a soumis, donne souvent une impression d'intelligence plus nette encore. Qu'on se rappelle seulement, d'après les travaux de Köhler, l'extraction de l'écharde et l'incision du furoncle.
        Dans les expériences de Guillaume et de Meyerson, dans celles du moins que j'ai suivies, rien ne m'a plus frappé, chez leur sujet Nicole, que le fait suivant :
        Nicole avait caché dans une rainure du plancher de sa cage une petite latte de bois assez courte, craignant sans doute qu'on ne la lui dérobât. Armée d'une latte beaucoup plus longue elle s'escrimait consciencieusement contre la banane qu'il fallait conduire prudemment à travers des obstacles. Tout s'est passé comme si elle s'était aperçue à un moment qu'elle était mal équipée pour l'opération et qu'un autre instrument ferait mieux son affaire. Car, ramenant la grande latte et la laissant tomber, elle est allée chercher la petite dans la rainure du plancher pour continuer avec elle l'opération. Tout comme l'ouvrier qui, s'aperçevant que son outil est trop long, en cherche un plus petit dans sa boîte.
        Toutes ces performances ne font-elles pas des anthropoïdes les égaux, au moins, du point de vue mental, de l'enfant à l'âge d'acquisition de la parole?
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        Telle est l'opinion de Yerkes. Et comme les anthropoïdes possèdent d'autre part les possibilités phonétiques que nous avons dites, Yerkes cherche à s'expliquer d'où vient que non seulement ils ne parlent pas, mais que même il soit impossible de leur apprendre à proférer quelques sons[9].
        S'il n'y a point d'obstacle à l'échelon périphérique non plus qu'à l'échelon central, il faut chercher aux niveaux intermédiaires. Les chimpanzés, nous dit Yerkes, n'ont aucune tendance à imiter les sons. «Je ne les ai jamais entendus imiter un son; rarement répondre par un son à un son.» L'imitation chez les singes est d'ordre strictement visuel.
        Mme Kohts[10] cite des faits confirmatifs. Son chimpanzé de cinq à six ans avait pu apprendre à choisir, entre des jetons blancs et noirs posés devant lui, l'analogue d'un jeton qu'on lui montrait; ou encore un A en réponse à un A qu'on lui montrait. Il était tout à fait incapable de faire la même opération en réponse aux mots «blanc», «noir», au son A.
        Certains faits signalés par Köhler peuvent être interprétés dans le sens d'une prédominance visuélo-motrice. Dans ses expériences de choix multiple, la boîte qui contenait la banane était attirée par le singe avec un bâton.
        Pour simplifier on lui donna le fruit, dès qu'il avait tendu son bâton vers la boîte.
        Il se contenta alors de faire le geste; et si on ne lui donnait pas la boîte, il tapait sur elle plusieurs fois «de façon expressive».
        Y aurait-il là l'ébauche d'un langage de gestes ? Y aurait-il lieu d'élever le chimpanzé comme un sourd-muet?
        Il semble bien établi de toute manière que les Primates ont un comportement à dominance visuelle[11]. La structure de leur rétine leur permet la discrimination de détails assez fins. Les stimulations d'ordre acoustique n'ont qu'une importance secondaire. Le Singe,
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comme l'homme, tend l'oreille et réussit à localiser le bruit qu'il entend ; mais d'une manière toute approximative, et jamais il ne va droit vers lui, comme d'autres animaux vont vers les vibrations mécaniques.
        Si, nous dit Yerkes, avec ses qualités d'intelligence, le chimpanzé possédait la tendance à l'imitation auditivo-motrice qu'il y a chez le perroquet[12], le chimpanzé pourrait parler. Il est comme ces enfants retardés ou radicalement incapables chez qui les réflexes de l'articulation ne se déclenchent pas sous l'influence, des perceptions auditives. Il souffrirait d'une espèce d'audi-mutité.
        J'aurais bien des réserves à faire sur cette explication de Yerkes.
        Je me demande d'abord ce que ses expériences auraient prouvé si elles avaient réussi. Le fait d'associer quelques émissions vocales à certaines situations déterminées est un pur résultat de dressage. Le perroquet va assez loin dans cette voie. Mais cela ne prouve rien. Ce n'est pas du langage : ce sont quelques réflexes conditionnés verbaux.
        Je dirai ensuite que, pour apprendre à parler, il en faut beaucoup plus. L'enfant n'apprend à parler que parce qu'il baigne dans le langage, parce qu'il entend parler de tout et à tout moment. Il faut, pour l'acquisition de la parole, une sollicitation très ample et continuelle. Il faut la société humaine. Du reste l'enfant répond avec la même ampleur. Il n’apprend pas seulement le langage qu'on lui parle, mais aussi celui qu'on parle en sa présence et même celui qu'on ne lui a jamais parlé. Il apprend en société et il apprend seul. Ces conditions manquent à l'expérience de Yerkes. Le professeur y a enseigné bien peu son élève. Et si cet animal, qui vit pourtant à de certains moments dans une société humaine, au contraire de l'enfant reste indifférent aux sons que les hommes profèrent en sa pré-
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sence et n'apprend point le langage par méditation silencieuse, il y a bien quelque raison à cela.
        L'exemple de l'audi-mutité n'a rien de décisif. Laissons de côté, bien entendu, la malformation grave de l'appareil phonateur. La plupart des troubles classés sous ce nom dépendent de l'insuffisance intellectuelle, d'un retard de développement, de défauts de caractère (timidité, insociabilité). Il ne s'agit pas, la plupart du temps, d'enfants par ailleurs normaux.
        Il semble que dans la plupart des cas on se trouve en présence d'autre chose que d'une simple dysharmonie fonctionnelle (paresse des réflexes sensitivo-moteurs de l'articulation).
        Quelques autres cas paraissent relever de troubles de l'audition ou d'un retard de développement de la «Gnosie» auditive[13].
        S'il reste après cela quelques cas où l'on est tenté d'incriminer un trouble des fonctions praxiques, si le trouble de la parole paraît prédominant et relever d'un défaut d'articulation qui consisterait surtout dans l'incapacité d'enchaîner les phénomènes successifs[14], on ne tarde pas à voir que l'intégrité mentale apparente n'existe en réalité qu'à l'étage de la vie psychosensorielle et psychomotrice et que le monde abstrait, l'univers mental n'existe guère pour le sujet[15].
        D'autre part, la prédominance auditivo-motrice[16] de l'homme relève
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peut-être autant du langage que le langage en dépend. L'audition humaine est un sens intellectuel et social superposé à l'audition brute. La plus grande partie de l'ouïe est pour l'homme le sens des relations linguistiques. Et c'est pourquoi l'ouïe reflète si aisément les délires de relation.
        L'ouïe humaine est œuvre humaine : une conquête de l'homme, comme le prouvent la musique et la création d'un univers des sons ; preuve aussi forte que la mathématique en faveur de la raison.
        Ce n'est point la qualité d'un sens, ou d'une liaison entre plusieurs sens qui nous ouvre l'accès d'une fonction. Une fonction est un réseau plus complexe, une architecture plus savajnte. L'organe n'est qu'un instrument forgé et affiné par l'esprit, épanouissement de tendances et de fonctions.
        Donc ce qui conditionne l'imitation auditivo-motrice chez l'enfant et d'une manière générale chez le sujet parlant, ce n'est pas un enchaînement tout réflexe de la voix et de l'oreille. C'est à vrai dire la possibilité mentale de construire un mécanisme au service d'une finalité. C'est à vrai dire l'orientation vers l'intelligibilité. L'imitation vocale de l'enfant — dès qu'il n'est ni sourd, ni incapable d'émettre des sons — dépend de l'intérêt et de la curiosité linguistique, d'un obscur sentiment de la valeur des sons qu'il entend et de ceux qu'il peut proférer. Dans ce jeu de cache-cache et de devinettes il cherche son chemin. La parole est supportée par le signe.

                   * * *

        «Il y a une phase dans la vie de l'enfant, écrit Karl Bühler, qu'on pourrait appeler assez exactement l'âge de chimpanzé. Chez l'enfant observé, c'est la période de dix, onze, douze mois»[17].
        A l'âge du chimpanzé, l'enfant fait ses premières découvertes, très primitives sans doute, mais qui sont de grande importance.
        Bien entendu, pour mettre ses fonctions psychomotrices à l’épreuve, Bühler n'a pas pu reprendre les textes de Köhler ; les caisses, le bâton excèdent l'habileté motrice de l'enfant. Mais il a construit des tests équivalents. Par exemple, un morceau de biscuit est attaché par un
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fil. Le biscuit est hors de portée ; mais le fil est à portée; ou bien une plaque de verre est interposée entre le biscuit et l'enfant, pour voir s'il saura prendre de côté ou par-dessus. Ou bien un anneau d'ivoire, jouet habituel, est enfilé sur un piquet fiché à une planche. L'enfant saura-t-il s'abstenir de tirer et de secouer, ce qui ne mène à rien ? Saura-t-il soulever l'anneau ? épreuve que les meilleurs sujets de Köhler n'ont réussie qu'à leurs meilleurs moments.
        Toute une série d'expériences ingénieuses est ainsi proposée. Combien il faut souhaiter avec Bühler qu'on répète ces tests et d'analogues sur de nombreux enfants !
        Il semble résulter de tout cela que vers le dixième mois l'habileté psychomotrice de l'enfant côtoie celle de l'anthropoïde. L'âge du langage (voir aussi les recherches confirmatives de P. P. Bramard) est précédé d'un âge de manipulation quasi-mécanique. La manipulation nettement intelligente, entre dix et vingt mois, est contemporaine de l'acquisition de la parole[18].

         * * *

        Je ne veux pas entrer ici dans l'examen théorique des conditions que supposent tous ces faits. Je l'ai entrepris ailleurs. Ils suggèrent fortement — ce que nous savons de par ailleurs — qu'il ne faut pas assimiler deux sujets d'après la ressemblance d'un comportement partiel et qu'il y a à la base de l'acquisition du langage toute une série d'opérations mentales plus complexes que celles qui règlent la compréhension des situations élémentaires et la manipulation des objets[19].



[1] Essai sur les Sociétés animales (Les Origines de la Société, 2e Semaine internationale de Synthèse, p. 9). Grassé écrit dans le même sens : «Toutes ces suppositions relèvent de l'imagination ou traduisent les impressions d'un observateur de bonne foi, mais imprégné d'un anthropomorphisme excessif.» (Les Sociétés d'Insectes, ibid., p. 34.)

[2] Journal de Psychologie, XXVIII, 1931, p. 692 sq. Les conclusions de Rabaud précisent celles de Lubbock (Fourmis, abeilles et guêpes, 1883), de Wasmann, de Forel (Die psychischen Fähigkeiten der Ameisen).

[3] Essai sur les Sociétés animales, p. 15. Voir aussi Journal de Psychologie, 1931, p. 697 : «Vie sociale et langage ne dépendent aucunement l'un de l'autre ; celui-ci est un moyen qu'utilise celle-là.»

[4] Journal de Psychologie, XII, 1915, p. 216.

[5] Je ne citerai que pour mémoire le livre de Garner dont le témoignage, on le sait, a été très affaibli par l'enquête de Dybowsky (voir Schwidetzky, Do you speak Ghimpanzee, p. 4a); voir Heck (Brehms Tierleben); Boutan (Actes de la Société linnéenne de Bordeaux, 1913) ; Pfongst (Zur Psychologie der Affen, 1902) ; Köhler (Zur Psychologie der Schimpansen, Psychologische Forschung, 1921); Yerkes [The Mind of a gorilla, 1927-28; The great Apes, 1929).

[6] Rabaud, Journal de Psychologie, 1931, p. 693 :tout comme l'usage différent que font de leurs mains les singes et les hommes dépend d'autre chose que de la constitution anatomique des membres.

[7] Boutan, 1913; Köhler, 1921: R. M. Yerkes and B. W. Learned, Chimpanzee intelligence and its vocal expressions, Baltimore, 1925; Yerkes, Almost human; Schmid, Tierphonetik, Z. f.vergl. Ph., XII, 1930 ; Paget, Human Speech, p. 128 ; Schwidetzky, Do you speak chimpanzee, 1932.

[8] Boutan, Yerkes, Révèsz, N. Kohts, W.Köhler, P.Guillaume et I. Meyerson,
 J. A. Bierens de Haan (Z. für vergl. Physiologie, vol. XIII, 1930).

[9] J'ai exposé ailleurs (Le Langage et la Pensée, nouvelle édition, p. 106 et suiv.) les tentatives de Yerkes et de Miss Learned. Il convient de rappeler les recherches de H. Furness (Observations on the mentality of the Chimpanzee and Orang-Outans; Proc. Amer. Phil. Soc., 1916, p. 281-290).

[10] Kohts. Recherches sur les capacités cognitives du chimpanzé, 1924; Compte rendu des travaux du laboratoire du Musée Darwin, 1914-1920; voir aussi Journal de Psychologie, 15 mai 1930.

[11] Rabaud. Zoologie biologique, p. 206.

[12] Sur le parler chez les perroquets, voir Lucanus, Ueber das Sprechen der Papageien und ihre geistige Fähigkeiten (Ornithol. Monatsber., 1923, vol. XXXI) ; Die Rätsel des Vogelzugs, Langensalza, 1921 ; Bierens de Haan, Animal language in its relation to that of man (Biol. Rev., IV, 1929) ; Der psychologische Wert der Sprache bei den Vögeln (Proc. VIIth- Intern. Ornithol. Congress, Amsterdam, 1930).

[13] Lucy G. Fields, Cécité verbale congénitale (Brain, vol. XLIV, 3, 1921) a également dépisté chez quelques-uns de ses sujets la difficulté à différencier visuellement des formes analogues. Tous les sujets examinés, sauf un, étaient du reste inférieurs à la normale; l'immense majorité se composait d'arriérés caractérisés.

[14] Symptôme qui se rattache au syndrome de débilité motrice de Dupré : apparition tardive de la station debout et de la marche, turbulence, instabilité motrice, maladresse de tous les mouvements volontaires. Bien entendu, une telle déficience motrice est très préjudiciable à l'acquisition du langage, puisque pour entendre il faut en quelque mesure savoir parler. L'audition verbale chez l'enfant se constitue en partie par l'effet de sa gymnastique articulatoire. Itard a échoué lorsqu'il a voulu restaurer l'ouïe chez des enfants restés muets.

[15] Voir sur ces questions : De Parrel et Lamarque, Les Sourds-Muets, p. 76; Th. Heller, Hörstummheit (Archiv fur gesamte Psychologie, 1930) ; Pierre Marie, Pratique Neurologique; Ley, Troubles de développement du langage (X° Congrès belge de Neurologie et de Psychiatrie, 1930, Liège).

[16] Dans la mesure où l'on a le droit de parler d'une telle prédominance. E. Meyerson (Le Cheminement de la Pensée, III, p. 822) écrit très justement : «Dans la science nos mesures presque sans exception sont fondées sur la transformation de phénomènes de toute nature en phénomènes de vision... L'ouïe... de toute évidence... ne joue qu'un rôle subsidiaire.»

[17] Karl Bühler. Die geistige Entwicklung des Kindes, p. 81.

[18] The Mentality of a child compared with that of apes (J. of genet. Ps., XXXVII 
1930). L'auteur a répété sur sa fillette, âgée de deux ans et demi les tests de 
Köhler.  Le comportement de l'enfant est très semblable à celui du singe.  Voir 
aussi W. E. Blatz, A comparison of the Behavior of Human Subjects and Chimpanzees in similar controlled situations (Am. Ps. Assoc 37th Congress).

Recherches qui confirment, complètent et précisent les recherches de Boutan et de Mme Kohts.

[19] Dans son tout récent livre : L'acquisition du langage et ses retards,
 Mme A. Feyeux établit sur de très solides observations les défauts d’intelligence 
et surtout de caractère chez les enfants qui comprennent le langage et ne par
lent pas. Ce qui vient à l'appui de la thèse que nous soutenons page 15.