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Centre de recherches en histoire et épistémologie comparée de la linguistique d'Europe centrale et orientale (CRECLECO) / Université de Lausanne // Научно-исследовательский центр по истории и сравнительной эпистемологии языкознания центральной и восточной Европы


-- N. MODENOV : Pionery, izučajte èsperanto ! , Moskva : Izd. CK SESR, 1930
Commentaire


Publié à Moscou en 1930 sous la forme d’une petite brochure, ce texte est un appel aux pionniers (les scouts soviétiques) à apprendre l’espéranto. En plus du texte de propagande, on trouve, à la fin de la brochure, quelques lignes explicatives sur l’espéranto : après avoir présenté l’alphabet et les principales règles de grammaire, l’auteur propose un petit exercice de compréhension et de traduction.
Partant du fait que les journaux bourgeois de l’étranger ne disent pas la vérité sur ce qui se passe en Union soviétique, l’auteur de la brochure, N. Modenov, appelle les pionniers à réagir en correspondant avec des étrangers. Si, parmi les 80’000 détachements de pionniers que compte l’URSS, un seul pionnier entreprenait une correspondance suivie avec un camarade étranger, ce serait ainsi pas moins de 80’000 lettres qui pourraient rétablir la vérité sur le pays en agissant comme un « fort antidote contre les mensonges bourgeois » (page 4).
Mais pour pouvoir correspondre avec l’étranger, il faut connaître les langues étrangères. Et apprendre une langue prend du temps ; mais surtout, ça ne résout pas tout : en connaissant, par exemple, le chinois, on ne pourra correspondre qu’avec des Chinois… Il faut donc trouver une langue qui s’apprenne facilement et qui soit comprise et parlée par le plus grand nombre de personnes possible. Cette langue, c’est l’espéranto. Elle est d’un apprentissage rapide, 3 à 4 mois, et avec elle, on peut correspondre avec tous les pays. De nombreux pionniers correspondent déjà en espéranto avec des étrangers et reçoivent des réponses du Japon, de Chine et même d’Amérique du Nord. Avec l’espéranto, on pourra aussi communiquer plus facilement avec les délégations étrangères qui viennent en visite en Union soviétique.
En URSS, l’apprentissage de l’espéranto peut se faire librement. De nombreux cercles espérantistes dispensant des cours existent au sein de la plupart des détachements de pionniers, et même ailleurs. A l’étranger, les choses ne sont pas si simples. En Bulgarie, le ministre Najdenov a fait fermer tous les clubs espérantistes des écoles ; tandis qu’en Hongrie, un autre ministre, Khorti, a, non seulement, fait fermer les cercles, mais a aussi confisqué tous les manuels. Si ces gens, à l’étranger, pensent que l’espéranto est une langue dangereuse, parce que portant en elle les idées bolcheviks, alors, que les pionniers soviétiques l’apprennent pour répandre encore plus ces idées.
Si vous avez l’envie, mais ne savez pas à qui écrire, renseignez-vous auprès des clubs espérantistes ; ils possèdent des listes d’adresses. S’il n’y a pas de club dans votre ville, écrivez à Moscou au Comité Central de l’Union des Espérantistes des Républiques Soviétiques, qui vous aidera. Mais, d’ailleurs, on peut également correspondre en espéranto avec les camarades d’autres nationalités de l’Union.
Comme il est impossible d’apprendre toutes les langues, que les pionniers apprennent la plus simple et la plus pratique, autrement dit, l’espéranto. Il est clair qu’apprendre l’espéranto n’empêche pas d’apprendre d’autres langues étrangères. Alors, « apprenons les langues étrangères » et « commençons par l’espéranto » (page 12) !


(Sébastien Moret)