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La Révolution d'Octobre devait marquer dans les sciences comme partout ailleurs une ère nouvelle. Les savants qui y avaient directement ou indirectement participé ou qui en avaient été les témoins objectifs ont été pris d'un grand désir de faire du neuf, c'est-à-dire de renouveler leurs méthodes d'investigation et de recherche, au moment où la société ambiante changeait de structure.
Il est nature! que cette tendance ait surtout prévalu chez ceux qui menaient depuis des années le combat contre la science officielle et qui étaient restés plus ou moins méconnus ou condamnés par cette science.
En linguistique, l'un des révoltés de la première heure était le linguiste N. Marr, d'origine caucasienne, et qui s'était fait apprécier par des travaux importants sur les langues du Caucase, en même temps qu'il avait soulevé l'opposition du monde savant par certaines vues qui allaient à l'encontre des théories admises.
Et pourtant Marr avait eu des débuts très «classiques». Il avait commencé par un essai de démonstration de la parenté des langues caucasiennes avec le sémitique.
C'est que, spécialiste du caucasien, il s'était heurté dès l'abord à la quasi-impossibilité de constituer une grammaire comparée des langues caucasiennes. Il avait cherché alors un biais : celui d'une parenté avec une famille de langues aux traits bien définis. En accrochant le caucasien au sémitique, il risquait de voir les faits caucasiens s'expliquer par la comparaison avec les faits sémitiques déjà coordonnés en une théorie à peu près cohérente.
Cet essai l'avait laissé déçu. Ses travaux sur l'arménien lui avaient ensuite fait pressentir qu'il existe d'une langue à l'autre d'autres liens que ceux d'une filiation gé-
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néalogique. L'arménien, langue cataloguée comme indo-européenne, apparaissait au connaisseur du géorgien comme une langue caucasienne par sa structure et ses moyens d'expression. Il en était ainsi amené à concevoir que la structure et la généalogie d'une langue peuvent être deux concepts fort différents.
Très fortement inspiré par le sentiment de ce qu'est une structure linguistique, Marr reprit alors de plus près les thèses affirmées par les indo-européanistes qui faisaient la loi dans la linguistique depuis qu'ils prétendaient avoir réussi à restituer une langue indo-européenne commune.
Le caractère «formaliste» de la grammaire comparée indo-européenne ne pouvait manquer de choquer un linguiste habitué au maniement des parlers vivants, et surtout de parlers qui semblent si aberrants à tous les savants dont l'apprentissage est exclusivement indo-européaniste.
Marr crut comprendre que les théories des indo-européanistes (par là il entend surtout les néo-grammairiens) n'appréhendaient que des épiphénomènes, sans jamais toucher aux réalités plus profondes du langage. Et surtout, ce qui devait apparaître comme particulièrement inacceptable à un caucasiste, la linguistique générale construite sur la seule comparaison des langues indo-européennes (plus exactement de certaines langues indo-européennes anciennes, mortes) ne rendait pas compte de la vie du langage.
Et, en effet, si nous considérons la théorie de l'indo-européen telle qu'elle reste encore formulée le plus souvent, il apparaît bien qu'elle se borne à noter un ensemble de faits dont elle signale les correspondances sans en expliquer la causalité. A cet égard, elle est une science purement formelle. L'indo-européanisme n'a visé qu'à retracer la succession des changements qui ont transformé l'indo-européen commun en parlers distincts. Il est muet sur la cause de ces changements. Faisant pour ainsi dire violence à la vie même du langage, il restitue une unité abstraite par-dessus et malgré les divergences visibles. Au mouvement du langage, il substitue l'immobilité, à la variation, l'identité.
Il n'est pas exagéré de dire que l'indo-européanisme devait sembler absurde à un linguiste comme Marr.
C'est dans ce sens qu'il faut interpréter les attaques véhémentes auxquelles il s'est livré contre l'indo-européa-
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nisme et ses représentants dans la plupart des ouvrages qu'il a écrits.
Il serait puéril de se dissimuler tout ce que de pareilles critiques contiennent de juste et de pertinent. Sans vouloir s'associer à tout ce que Marr a écrit sur ce point, force est de reconnaître que le formalisme a sévi dans l'indo-européanisme jusqu'à aboutir à des raffinements d'un byzantinisme tout philologique. Certains savants se sont littéralement enlisés dans une masse informe de petites distinctions de détail sans aucune signification linguistique. On a coupé des cheveux en quatre pour savoir ce qu'avait pu inscrire sur un manuscrit un copiste inconnu, alors qu'on négligeait d'étudier autour de soi des phénomènes d'une importance vitale. Il est arrivé ainsi qu'on a pu rendre compte de l'emploi des mots les plus rares du latin par les écrivains les plus obscurs, mais qu'une grande langue moderne de civilisation comme le français attend toujours de posséder son Thésaurus.
Le plus grave est qu'on a mis à la base de toute étude systématique du langage des notions acquises au maniement de langues mortes. Le système de la grammaire latine régit encore aujourd'hui la grammaire des parlers les plus éloignés du latin écrit ou même qui n'ont rien à voir avec le latin ni de près ni de loin.
La précision avec laquelle les philologues du classicisme ont opéré est fallacieuse. Ils ont discuté à perte de vue sur des formes dont ils ne savaient pas à quoi elles répondaient exactement. Leur œuvre s'avère aujourd'hui caduque parce qu'elle portait sur des données faussement scientifiques.
L'étude devrait porter d'abord sur les idiomes parlés, quels qu'ils soient. On devrait chercher à définir leur structure, leur mécanisme, les analyser en leurs éléments constitutifs, à l'instar de ce que fait le chimiste quand il veut connaître la nature des corps. Et puis, il faudrait étudier le «mouvement» du langage, pour tout dire sa «dialectique».
Comme on le voit, la divergence des points de vue est totale entre Marr et la grammaire comparée classique.
Mais ici, il importe que nous intercalions quelques remarques. En effet, les critiques de Marr n'apparaissent ni comme assez complètes, ni comme vraiment probantes.
D'abord, Marr oublie de préciser ses reproches. Que n'a-t-il dénoncé les germanistes qui enseignent depuis quarante
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ans, au mépris des faits les plus éclatants et des travaux les plus solides, que l'origine des géminées doit être recherchée dans le résultat d'une mystérieuse assimilation qui n'a pas pu se produire? Et que dire des romanistes à qui Gilliéron n'a pas réussi à dessiller les yeux ? Et les finno-ougristes qui s'obstinent à restituer une grammaire comparée finno-ougrienne en tout point similaire à celle des langues indoeuropéennes?
Ensuite Marr ne rend pas justice à un certain nombre de linguistes qui pourtant ont dû lui être connus. Il semble oublier que la révolte contre la tyrannie du comparatisme forcené a depuis longtemps commencé chez les linguistes des pays occidentaux.
Il oublie Schuchardt et sa prédication contre les néogrammairiens, il ignore Gilliéron, il passe sous silence bien d'autres choses encore comme, par exemple, les études de civilisation matérielle combinées avec la recherche linguistique et dont les Finlandais ont notamment fourni des modèles qu'il sera difficile d'égaler. Pourquoi ne parle-t-il pas de Wörter und Sachen ? Et de Maal og Minne, et des F-F Communications et des travaux de l'Institut d'Oslo ?
Sans doute, tous ces efforts sont encore trop fragmentaires, trop isolés, mais ils constituent un commencement qu'il aurait été juste de signaler.
Allons au point essentiel. Au fond, ce que Marr rejette, c'est la théorie même d'une filiation linguistique telle que la suppose le comparatisme.
Le comparatisme, issu de l'évolutionnisme des biologistes, part de cet axiome que les langues évoluent et se transforment peu à peu sous l'effet de causes à la fois extérieures et intrinsèques. Ces dernières seules étant justiciables de l'interprétation linguistique. L'effort des linguistes évolutionnistes a donc consisté à essayer de combiner un système d'explications linguistiques, c'est-à-dire rendant compte du développement interne organique et spontané des langues et d'interprétations extra-linguistiques empruntées à la biologie, à la physique, à la sociologie, etc.
A cela, Marr oppose une autre méthode, fondée en principe sur le matérialisme dialectique. A l’évolution est substituée la révolution. Les phases du développement des langues sont dues à la démarche d'une dialectique marquée par une perpétuelle formation et résorption de contradic-
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tions dont l'alternance défait et refait les systèmes linguistiques.
Il n'y a rien à objecter à une théorie ainsi conçue. Il est certes au moins aussi justifié d'interpréter les faits du langage au point de vue dialectique que de les expliquer par le lamarckisme, voire même par le bergsonisme et il est trop certain qu'une tentative comme celle-là ne rencontre une violente réprobation que parce qu'elle heurte des préjugés politiques. Le marxisme est devenu la doctrine de combat du prolétariat en lutte pour la possession du pouvoir. Son application à la science suscite l'opposition irréductible des savants qui, idéologiquement ou politiquement, ressortissent à ce qu'on est convenu d'appeler la bourgeoisie.
Mais cela dit, il faut avouer avec regret que la partie positive de l'œuvre de Marr n'apporte pas le renouveau que faisait attendre sa critique de la linguistique bourgeoise.
Il serait fastidieux d'entrer ici dans tous les développements où entraînerait une étude approfondie de l'œuvre de Marr.
Elle procède d'une constatation faite bien avant lui, notamment par Schrader et par Hirt, pour ne citer que les noms les plus récents. Cette constatation est celle-ci : il y a dans la toponymie du Caucase des noms typiques dont on retrouve les correspondants sur le pourtour méditerranéen, en particulier dans la presqu'île ibérique.
L'hypothèse venue tout naturellement à l'esprit des premiers chercheurs était que ces mots provenaient d'une même langue très ancienne, parlée par une population qui aurait été répandue depuis les Colonnes d'Hercule jusqu'aux montagnes du Caucase. On sait les efforts tentés pour identifier l'idiome parlé par cette population avec le basque, le chamitique, certaines langues peu connues de l'Europe antique, comme le ligure, l'ibérique, etc.
Parti de ces faits, Marr en a cherché une explication nouvelle en substituant à la méthode comparée qui ne «rendait pas» une nouvelle méthode qu'il a appelée «paléontologie» linguistique.
Autant qu'on puisse s'en rendre compte par les exposés qu'il en a fournis, la «paléontologie» en question consiste à distinguer dans les idiomes européens d'aujourd'hui comme dans ceux disparus mais attestés à date historique les éléments dont ils sont constitués. On arrive ainsi à établir une série de correspondances d'une langue à l'au-
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tre. Ces correspondances ne s'expliquent que si l'on suppose qu'il y a à l'origine des langues dites indo-européennes un même magma d'idiomes communs qui a également alimenté les langues du Caucase, le basque, le turk tchouvache et d'autres parlers encore. Ce magma linguistique originel, Marr l'a appelé « japhétique ».
Le japhétique ne serait pas une langue comparable à celle que les indo-européanistes prétendent restituer sous la dénomination d'indo-européen commun. Le japhétique aurait eu une structure et un caractère très différents de ce que nous présentent comme système linguistique les langues indo-européennes (Marr dit prométhéennes). Tout au plus certaines langues du Caucase, le basque, le tchouvache nous conserveraient-ils des vestiges plus fidèles de cet ancien type d'idiomes. Celui-ci aurait donné naissance à l'indo-européen et aux autres langues japhétiques par une suite de mutations brusques, dues à des révolutions dans l'organisation sociale des tribus japhétiques.
Remontant plus haut dans le passé, Marr n'hésite pas à pousser jusqu'à l'époque où s'est constitué le langage articulé des clans humains. Sa théorie «japhétique» a pour couronnement et pour confirmation une théorie de la genèse du langage parlé.
La pensée humaine se serait d'abord exprimée par le truchement d'un langage «linéaire», c'est-à-dire, par des gestes. Puis, pour les besoins de leur gouvernement et afin d'asservir mieux leurs frères vivant dans le communisme primitif, les sorciers préhistoriques se seraient conjurés à la faveur d'un son intelligible, reconnu par convention comme le signal exprimant les premières associations d'idées de la religion et de la philosophie primitives. Cette syllabe de ralliement aurait pu ensuite se combiner avec un autre son servant de ralliement à la caste correspondante d'une autre tribu. Les premiers dissyllabes ainsi construits se seraient ensuite agglomérés à d'autres constructions phonétiques du même genre, à mesure que les castes religieuses des différentes tribus auraient fusionné pour mieux assurer leur pouvoir sur le reste des hommes.
La création du langage parlé aurait ainsi répondu à une nécessité de la lutte des classes. Sa réussite aurait favorisé la formation d'une classe de privilégiés qui, grâce à cette arme redoutable, aurait pu asseoir sa domination sur la classe restée au stade du langage «linéaire» intel-
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ligible sympathiquement et incapable d'exprimer la pensée secrète.
Toutes les réflexions attachées par Marr à cette hypothèse sont extrêmement séduisantes et souvent dignes d'être méditées. Mais il n'en demeure pas moins que nous sommes dans le domaine de la pure hypothèse, si ingénieuse, si tentante soit-elle.
Ce qui reste à démontrer, c'est comment on retrouve dans un idiome européen moderne les éléments que doit révéler l'analyse «paléontologique». (C'est-à-dire en définitive, d'après Marr, les quatre syllabes sal, ber, yon, roch, leurs variantes et combinaisons.) Or ici, il faut parler franc et dire que les analyses proposées par Marr n'emportent aucunement la conviction, elles sont même souvent faciles à réfuter.
Qu'un exemple suffise. Prenons celui-là même que Marr a choisi pour argumenter. Il s'agit de la langue tchouvache. Cet idiome, nous dit Marr, est une langue japhétique. Avec les langues du Caucase, le basque, etc., le tchouvache perpétue le type japhétique. Autant que l'on puisse s'en rendre compte dans l'exposé très diffus de l'auteur (Tsuvasi jafetidi na Volge), il faut entendre que le tchouvache est ce qu'on appelait autrefois une langue «agglutinante». On voit tout de suite combien cette définition typologique est contestable en même temps qu'elle est périmée.
Mais Marr ne reste pas longtemps sur le domaine de la structure de la langue, il passe rapidement aux étymologies. Il les traite selon les lois «nouvelles» de la paléontologie linguistique. Ces lois, toutes sémantiques, nous disent que les syllabes originelles sont à rechercher dans les noms de peuples, de tribus, de clans ou encore dans les noms de villes, de lieux sacrés et dans les appellations appliquées aux êtres divins. En tchouvache. Dieu se dit tura¯ (Paasonnen note turâ). Marr associe ce mot d'une part à l'appellation générique des turks (Türk), d'autre part aux noms sur, tur, etc., tirés arbitrairement des langues les plus diverses. Or le mot tchouvache, ainsi que l'avait indiqué Paasonen, est tout simplement le correspondant du mot turk de Kazan tängere, tängro, osm. tanri, etc. Ce mot n'a rien à voir avec le nom des turk (partout : türk). Où ce genre de rapprochement devient risible, c'est quand Marr argumente sur le mot sala «village» qu'il prend pour un mot tchouvache et qui n'est autre qu'un emprunt
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au russe selo. Ici, Marr ne commet pas seulement une bévue, il pèche contre la loi qu'il s'est donnée. Il note en effet que ce mot sala ne désigne pas le village tchouvache (qui s'appelle jal), mais les agglomérations russes. S'il avait combiné, comme il le recommande, l'étude sociologique à la recherche linguistique, il se serait vite aperçu de son erreur.
Sans doute, des considérations comme celles que nous venons d'opposer à la méthode japhétique, ne sauraient faire impression sur quelqu'un qui dénie toute valeur aux arguments fondés sur la comparaison des langues.
Mais il ne faudrait tout de même pas s'abuser. En réalité, sous le couvert de son analyse «paléontologique», c'est bien aussi de la comparaison que fait Marr. Et sa comparaison, nous sommes obligés de dire qu'elle est encore plus arbitraire, encore plus superficielle, encore plus formaliste que celle des indo-européanistes qu'il combat. Si on compare des syllabes découpées au petit bonheur, au lieu de rapprocher les uns des autres des groupes de son, des désinences, des suffixes, attestés par une longue tradition philologique c'est encore du formalisme et sous la forme d'hypothèses qui n'expliquent plus rien, tellement elles sont vagues et incertaines.
Seulement, après avoir lu d'un bout à l'autre ces contradictions confuses qui occupent aujourd'hui plusieurs volumes édités avec soin, on se demande avec perplexité où est là-dedans le marxisme qu'on nous avait promis.
Eh bien, il faut en prendre notre parti. En dehors de quelques citations plus ou moins bien choisies et de quelques affirmations non prouvées, du marxisme on ne trouvera pas de trace.
Car enfin, où nous a-t-on décrit les phases contradictoires qui produisent le mouvement dialectique dont est issu le développement linguistique ? Où nous a-t-on démontré les effets de la lutte des classes sur la formation, la ruine et la refonte des langues ? Car je laisse évidemment de côté l'hypothèse génétique du sorcier et de sa syllabe fatidique.
Heureusement, en dehors des écrits de Marr et de ses disciples immédiats, il y a déjà en U.R.S.S. des travaux linguistiques qu'on peut à meilleur titre appeler marxistes. Nous avons sous les yeux en ce moment même une très belle étude, vraiment marxiste celle-là, de Poppe sur la grammaire du mongol. Mais ne citons pas de noms. Il faudrait
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tout un nouveau développement qui excéderait la tâche que nous avons assumée ici.
La linguistique marxiste en est encore à ses débuts. Nous percevons ses premiers balbutiements. La bruyante publicité faite autour du japhétisme ne doit pas nous tromper sur la valeur du marxisme en tant qu'hypothèse de travail en linguistique. La faillite du japhétisme ne doit pas être imputée au marxisme. On serait plutôt en droit d'affirmer que si Marr avait été davantage et plus authentiquement marxiste, il n'aurait pas commis l'erreur fondamentale qui a faussé toutes les démarches de sa pensée.
Ma seule conclusion, à l'adresse de mes confrères de l'U.R.S.S. et d'ailleurs sera celle-ci : il faut faire enfin de la linguistique vraiment marxiste, authentiquement marxiste. A cet effet, il faut essayer de vérifier en linguistique les principales affirmations dogmatiques du marxisme : dialectique et lutte des classes.
Qu'on nous propose des études sérieuses et nous verrons bien ce que cela donnera.
Devant le marasme indéniable qui affecte la linguistique comme tant d'autres disciplines, on se doit de faire cet essai d'une hypothèse de travail qui s'est révélée si féconde dans le domaine sociologique.
Les savants de l'U.R.S.S. sont mieux placés que quiconque pour tenter ce renouvellement de la linguistique par le marxisme. Encore faut-il qu'ils en tentent l'application avec toute la rigueur qu'exige la science. Une tentative comme celle de Marr dont nous admirons la force de travail, l'ardeur de chercher hors des sentiers battus aura eu le mérite de poser éloquemment la question. Dans l'intérêt de la linguistique, il faut toutefois espérer que les marxistes sauront reconnaître que cette première tentative est entachée de trop d'erreurs de méthode et que l’enseignement si parfaitement scientifique des grands docteurs du marxisme doit susciter des travaux plus solidement fondés.