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Centre de recherches en histoire et épistémologie comparée de la linguistique d'Europe centrale et orientale (CRECLECO) / Université de Lausanne // Научно-исследовательский центр по истории и сравнительной эпистемологии языкознания центральной и восточной Европы

-- Patrick SERIOT : "De linguarum affinitatibus", in R. Jolivet et Fl. Epars-Heussi (éd.) : Mélanges offerts à Mortéza Mahmoudian, Cahiers de l'ILSL, n°11, (Univ. de Lausanne), 1998, t. 2, pp. 325-348 .

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Par la notion d’union de langues (Sprachbund), Jakobson et Troubetzkoy dans les années 1920-1930, chacun à sa manière, ont proposé un renversement de perspective dans le problème classique des rapports entre les langues. Réfutant le modèle génétique qui dominait depuis le début de la grammaire comparée, se gaussant, comme bien d’autres, de l’image rigide de l’arbre généalogique popularisée par A. Schleicher, ils s’inscrivent dans un courant de remise en cause des acquis du comparatisme, et surtout des dogmes néo-grammairiens. En cela, ils appartiennent à leur temps. Pourtant, ils se démarquent du reste de la communauté linguistique par une réflexion nouvelle sur les rapports entre les langues, reposant sur une interprétation subtile de la notion d’affinité.
Le problème complexe de l’identité, de la différence et de la ressemblance entre les langues a fait l’objet d’une activité intense au Cercle linguistique de Prague, non seulement chez Jakobson et Troubetzkoy, mais aussi chez les membres tchèques du Cercle : Havránek, Skalička. Pourtant, c’est bien Troubetzkoy, le premier à avoir proposé (en 1923) la notion d’union de langues, et Jakobson (1931), l’introducteur en linguistique de celle de convergences, qui sont à l’origine de ce bouleversement.
On se propose ici d’explorer les étapes historiques de la formation du concept d’affinité en linguistique, en étudiant d’abord son évolution dans d'autres domaines du savoir. Par une confrontation critique de plusieurs démarches, on tentera de retrouver, sinon le point de départ commun, du moins la commune alternative qui a sous-tendu les divers renversements du rapport entre la notion d’affinité et celle qui lui fait pendant : la parenté.
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La thèse qu’on tentera de soutenir est que la notion d’affinité a reçu, au cours de l’histoire et selon les domaines, deux interprétations différentes, une, statique, qui l’apparente à la ressemblance, l’autre, dynamique, qui l’apparente à l’attirance. Ces deux notions sont antithétiques, tout en s’appuyant constamment l’une sur l’autre, parfois de façon inextricable : est-il nécessaire de se ressembler pour s’assembler, ou au contraire faut-il être différents pour s’unir ? Ce sont deux types de raisonnement, deux ensembles métaphoriques, pris dans de constants glissements de sens, ou renversements d’interprétation, dont on n’a pas fini d’envisager les conséquences du point de vue épistémologique.
Il ne sert à rien d’étudier l’oeuvre d’un linguiste pour elle-même. La production scientifique se fait sur un fond d’autres sciences, d’autres écrits, sur un fond de doxa (1) , dans un « climat d’opinion ». Jakobson, pas plus que quiconque, n’est un génie solitaire. Il est très présent dans tous les congrès de linguistique dans l’entre-deux-guerres. Il lit beaucoup, il cite parfois, souvent en faisant feu de tout bois, pour les besoins de la cause (2). Il n’est pas facile de reconstituer son univers intellectuel dans toute sa cohérence, de relire sa bibliothèque idéale (l'ensemble de ses références intellectuelles). Mais la notion d’affinités est une bonne piste. On va y déceler des couches successives de savoirs et de métaphores, de découvertes et de transferts de terminologie. Dans le discours scientifique rien ne s’oublie; bien souvent, on ne sait même pas qu’on sait, ou d’où on tient ce qu’on sait, on se souvient parfois sans savoir que c’est un souvenir. Nul mystère à cela : on lit des gens qui ont lu des gens qui ont lu? Mais, par-delà le pseudo-oubli, il y a des épaisseurs de reformulations successives. En prenant au sérieux les nombreuses allusions de Jakobson à d’autres domaines que la linguistique, en particulier à la
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biologie anti-darwinienne de son époque ou au roman de Goethe Les affinités électives, on va essayer de retrouver le fil qui nous conduira vers une interrogation philosophique sur l’identité et la différence, elle-même à la base du passage de la nature à la culture, domaine de l’anthropologie.

1. Des deux façons de se ressembler

1.1. Une affaire de limites

Le terme « affinité » est un terme clé, dont la profonde ambivalence a quelque chose de déconcertant. Étymologiquement, ce mot remonte au latin adfinitas > affinitas, lui-même dérivé de l’adjectif adfinis, formé sur finis « limite ». Il s’agissait à l’origine d’un terme de droit cadastral, désignant le voisinage de terrains, de propriétés. Ainsi adfinis a le sens de « limitrophe » (regiones adfines barbaris : « les régions voisines des barbares ») (3). Substantivé, l’adjectif a le sens de « parent par alliance » (le sens spatial du voisinage s’est étendu aux relations de choix de parenté). Le substantif adfinitas désigne, lui aussi, 1) le voisinage, 2) la parenté par alliance. Il peut, par extension, avoir le sens de « relation privilégiée » (literarum adfinitas : « parenté, relations étroites de certaines lettres entre elles »). Les raisons du passage de la limite à l’alliance restent pour l’instant assez obscures.

1.2. Un rapprochement codifié : la notion juridique et anthropologique d’alliance

Le mot français affinité(s) fait son apparition dans le vocabulaire du droit au 12e siècle au sens de « voisinage », au 13e siècle avec celui de « parenté par alliance ». En droit civil français, cette dernière s’ex
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prime par les degrés de proximité que le mariage fait acquérir avec la famille du conjoint. L’affinité, ou alliance, peut produire des effets semblables à ceux de la parenté : elle crée l’obligation alimentaire, ainsi que des prohibitions au mariage.
Par glissement, au 14e siècle apparaît le sens de rapport de conformité, de ressemblance entre deux choses, puis d’harmonie de goûts, de sentiments, etc., entre deux personnes, pouvant aller jusqu’à l’idée d’accord, de sympathie, d’attirance, d’inclination (l’affinité de leurs caractères et de leurs goûts les a poussés à vivre ensemble). Ici l’attirance est le produit de la ressemblance.
C’est dans le domaine de l’anthropologie que les rapports du mot « affinité » avec « parenté » méritent le plus d’attention. Lorsqu’il s’agit de ce qu’on appelle maintenant les « systèmes de parenté », le mot « parenté », d’après Littré, peut avoir deux sens différents : il désigne, d’une part, la consanguinité, d’autre part, « collectivement, tous les parents et alliés d’une même personne ». Dans le premier cas, affinité, qui désigne l’alliance, s’oppose à parenté au même niveau de hiérarchie, alors que dans le second cas parenté est un terme générique, qui se divise en parenté génétique d’une part (ou consanguinité, parenté au sens restreint), et parenté par alliance, autre nom de l’affinité, de l’autre. Parenté est ainsi soit le tout soit la partie dans ce « système » de relations. Mais il semble admis, telle est en effet la loi de prohibition de l’inceste, que la ressemblance (due à la consanguinité) ne doit pas déboucher sur l’attirance.

1.3. Cohésion et attirance : de l’alchimie à la chimie

L’emploi du mot affinité en chimie va avoir ici plus d’importance, puisqu’il nous mène à Jakobson par l’intermédiaire de Goethe (4). On rencontre déjà la notion, entendue comme sympathie, tendance à s’unir, cause qui détermine l’union des atomes, chez les atomistes grecs. Le mot lui-même, en référence à la combinaison de deux substances, se rencontre pour la première fois dans les spéculations des
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alchimistes sur la transmutation des métaux au Moyen-Âge (par exemple chez Albert le Grand, 1193-1280). À cette époque on pensait que les composés chimiques ne se forment que si les corps qui entrent dans le composé possèdent des qualités apparentées : ne peut s’assembler que ce qui se ressemble. Au 18e siècle encore, le terme d’affinité désigne la propriété de deux corps de s’unir entre eux par l’intermédiaire de leurs particules semblables (Geoffroy l’Aîné, tables d’affinités, 1718). Pourtant, un peu plus tard, il va désigner la tendance que présentent deux ou plusieurs substances à se combiner chimiquement : la ressemblance n’est plus la condition de l’attirance. C’est ainsi qu’on parle de l’affinité d’un élément pour l’oxygène.
Le Grand dictionnaire universel du 19e siècle de Pierre Larousse apporte une précision importante, en différenciant la problématique chimique du sens « vulgaire  » de ressemblance :
C’est le chimiste suédois Torbern Bergman (1735-1784) qui attacha son nom à la théorie des affinités. Dans ses « Tables d’affinités » (1775), il distingua l’affinité d’un corps pour un autre en introduisant une terminologie nouvelle, à base de notation algébrique :
C’est l’affinité élective qui seule permet de mesurer l’affinité simple.
Goethe est intéressé par la chimie (6). En 1785 était parue la traduction en allemand d’un ouvrage de Bergman sous le titre Die Wahlverwandschaften(7), décalque du terme scientifique latin attractio electiva. L’œuvre de Goethe, parallèle, sur ce point précis, à la Philosophie de la nature, vise à contrecarrer la perte de l’unité totale du savoir humain, sa dislocation en disciplines séparées, et surtout sa décomposition en sciences exactes et sciences humaines (ou « sciences de l’esprit » : Geisteswissenschaften). Son roman, qui reprend le titre de l’ouvrage de Bergman, sous-tend la thèse que tout, dans la nature entière, obéit aux mêmes lois : il existe d’inexorables correspondances entre l’attraction des corps chimiques et celle des c?urs amoureux, c’est ce qui constitue la trame du roman. La science et la vie, la chimie et la littérature, ne peuvent être séparées : si la force qui attire B vers C est plus forte que celle qui lie B à A, A et B se sépareront? C’est précisément l’affinité élective de Bergman : AB + C -> AC + B. Goethe n’entend pas prouver que la vie est gouvernée par des lois chimiques, mais que les différents niveaux de réalité sont coextensibles. Adversaire avéré de Newton en bien des domaines (la théorie des couleurs en particulier), il partageait néanmoins avec lui l’espoir qu’une théorie générale de l’attraction pourrait unifier la physique céleste avec la chimie terrestre en une seule loi unique. Son apport particulier était de considérer que la sphère des re
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lations humaines devait également se conformer à cette Loi supérieure, en laquelle même l’esthétique devait trouver son fondement. L’humanité est ainsi appréhendée dans les termes d’un ordre universel, jusqu’à présent inexpliqué parce qu’insuffisamment étudié, qui englobe tous les niveaux, depuis les molécules jusqu’aux étoiles. Ce faisant, il recombine des éléments d’une tradition dont on peut retracer les origines chez les néo-platoniciens et, de là, à la Renaissance avec la théorie de la sympathia universelle reliant toutes les parties du cosmos. Dans l’œuvre du Florentin Marcile Ficin (1433-1499), grand propagateur des idées platoniciennes, la sympathia fonctionnait comme une « qualité occulte » à l’origine de phénomènes qui seraient autrement inexplicables, depuis l’amour humain jusqu’au mouvement des planètes. Deux siècles plus tard, la critique que fait Descartes des « qualités occultes » dans ses Principia philosophiae (1644) mine la base de ces théories, et la sympathia, comprise désormais comme « attraction », se transforma en un concept physique chez Newton. Bien que Goethe se déplace souvent à travers ces couches successives, son cadre de pensée est essentiellement contemporain et, paradoxalement, newtonien.
Ainsi, dans Les affinités électives, Edouard et son ami le capitaine entreprennent d’expliquer à Charlotte que tous les êtres animés possèdent une « attraction intime », force de cohérence interne. Charlotte, en élève studieuse et appliquée, reprend la leçon au vol pour la poursuivre vers l’attraction (externe) entre les êtres, passant ainsi de la force de cohésion (garante de l’identité) à celle d’affinité (fondement de l’attirance) :

La notion d’attraction intime amène bientôt à la définition des affinités et à la recherche de leurs causes :

Par les termes d’inclination, tendance prononcée à l’union, on en vient alors à la notion, centrale, de prédisposition, qui implique une alliance nécessaire, et non fortuite ou contingente :

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Le roman de Goethe se finit tragiquement, par la mort de deux des protagonistes, puisque la loi des affinités semble contraire au bonheur humain. Mais il donne un appui solide pour comprendre les fondements épistémologiques et culturels du monde de Jakobson et Troubetzkoy, où règne un ordre à la fois plus harmonieux et plus implacable.

1.4. L’impossible taxinomie : la notion biologique (8)

Si l’affinité est une alliance contingente (acquise) dans la ligne juridique et une alliance nécessaire (sur la base d’une prédisposition naturelle, innée, pourrait-on dire) dans la ligne chimique, la biologie, qui, à partir de la Naturphilosophie, va faire face à un problème infiniment plus complexe de taxinomie, hérite de ces deux lignes de pensée qui vont lui fournir un matériau métaphorique aussi abondant qu’encombrant. Au 18e siècle et au 19e siècle à l’époque pré-darwinienne, le terme affinité a deux sens qui s’opposent et s’interpénètrent tout à la fois : il s’agit d’une ressemblance, appelée affinité naturelle, déduite des similitudes entre les êtres vivants, et sur lesquelles sont fondées les classifications. Or, l’affinité naturelle entraînant des effets de groupe (l’attirance des membres d’une espèce entre eux) et entre les sexes, à mesure que l’intérêt croissait pour la problématique de l’hybridation, on a commencé à parler d’affinité pour désigner les relations d’attirance entre membres d’espèces différentes, et à classer les différents degrés d’affinité en fonction des possibilités et des résultats de l’hybridation.
Au 19e siècle, le terme affinités est utilisé en biologie au sens de ressemblance entre individus, entre espèces, pour servir de base aux classifications. Il désigne la faculté que possèdent des espèces différentes de présenter des copulations pouvant conduire à des fécondations et à des hybrides viables. On parle ainsi d'affinités sexuelles, ou physiologiques.
Linné avait comparé les affinités des plantes aux figures d’une carte géographique : « Plantae omnes utrinque affinitatem monstrant, uti territorium in mappa geographica » (Philosophia botanica, §77).
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Ainsi, chez Linné, la carte géographique représente figurativement les affinités, alors que chez Jakobson ce sont les affinités qui expliquent la répartition spatiale des langues .
Les hybrides en biologie ne sont pas la même chose que les composés en chimie. On va voir que les langues mixtes en linguistique posent encore d’autres problèmes. Mais la chaîne métaphorique est omniprésente.
Dans les époques antérieures à l’évolutionnisme, le mot « affinités » voulait dire « similitudes ». Ces similitudes reflétant l’ordre général de l’univers, le Grand plan du Créateur, tous les êtres vivants étaient classés en une seule et unique échelle de perfection, la scala naturae. C’est au début du 19e siècle, à l’époque de la Philosophie de la nature, qu’on commence à entrevoir qu’il peut y avoir deux sortes de similitudes : l’« affinité vraie » (essentielle), et une autre sorte, désignée par Schelling, Oken et leurs successeurs, du nom d’analogie (9). Ainsi les manchots sont apparentés aux canards et aux pingouins par une affinité vraie, mais aux mammifères aquatiques (comme les baleines) par analogie. Les faucons sont apparentés avec les perroquets et les pigeons, mais sont « analogues aux carnivores » chez les mammifères. La notion de fonction n’est pas très loin. C’est sur cette base que l’anatomiste anglais Richard Owen (1804-1892) mit au point son opposition entre homologie et analogie, qui allait désormais dominer l’anatomie comparée, surtout après avoir été redéfinie par la théorie de l’évolution.
En 1843 Owen systématise l’opposition développée par la Philosophie de la nature entre affinité et analogie, à ceci près que le mot affinité disparaît, remplacé par homologie. Sont analogues les organes ou parties du corps qui ont une fonction identique chez des animaux différents indépendament de leur origine (ainsi les ailes des oiseaux et les ailes des insectes), et homologues des organes d’origine identique chez des animaux différents, quelle que soit leur forme ou leur fonction (par exemple les ailes des oiseaux et les nageoires antérieures des baleines).
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C’est par l’intermédiaire du géographe et biologiste soviétique Lev S. Berg (1876-1950) (10) que cette opposition entre similitudes héritées et similitudes acquises va avoir toute son importance pour la linguistique. Dans une lettre à V. Sˇklovskij Jakobson écrit, le 26 février 1929 : « J’ai lu avec passion le livre de Berg sur la Nomogénèse » (éd. dans Toman, 1994, p. 61). Il a recommandé ce livre à plusieurs reprises par exemple à N. Chomsky (ib. p. 123).
Le livre de Berg Nomogenez (« La nomogénèse », ou évolution orientée et réglée par des lois), paru en 1922, repose sur un refus explicite de la théorie darwinienne (11). Il met en avant la notion de convergence, ou acquisition indépendante de caractéristiques semblables par des organismes non apparentés (Berg, 1922, p. 105), en s’appuyant sur les théories de R. Owen. Mais, alors que Owen cherchait à comprendre les homologies, Berg renverse l’échelle de valeurs : ce sont les analogies qui sont à la base de ses recherches, tendant à montrer que, à l’inverse de la théorie darwinienne, il n’y a pas évolution par divergence à partir d’un ancêtre commun, mais au contraire par convergence, dans des conditions de milieu identiques, à partir d’organismes non apparentés.
Chez Darwin comme chez Schleicher, une fois que des espèces (ou des langues) se sont détachées du tronc commun, elle ne peuvent plus avoir de ressemblances en dehors de celles dont elles ont hérité : nulle similitude ne peut être acquise. C’est l’inverse qui se passe chez Berg : si les baleines ressemblent tant aux poissons, alors qu’elles ne leur sont pas apparentées, c’est parce qu’elles ont acquis des similitudes avec ces derniers en vivant dans le même milieu qu’eux. Il faut se garder, pourtant, d’y voir un nouvel avatar du déterminisme ou de la théorie des climats : Berg insiste sur le fait qu’il
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y a des prédispositions (predraspoloženija) à une évolution prédéterminée (predopredelennaja) :

Jakobson va s’emparer de cette théorie de la convergence pour, avec l’aide de son ami le géographe P. N. Savickij (1895-1968), élaborer une notion de convergence des langues, base de la théorie de l’union de langues (Sprachbund), qu’il développe dès la fin des années 1920. Le plus déstabilisant à la lecture de Jakobson est que ce dernier va employer le mot affinité au sens biologique d’analogie, inversant ainsi les termes de l’opposition qu’on trouvait dans la Philosophie de la nature. Si l’on prend comme fil conducteur le couple similitudes héritées / similitudes acquises, on peut ainsi suivre l’évolution terminologique et conceptuelle qui fait que le mot affinité a changé de camp :

similitudes héritées similitudes acquises
Philosophie de la nature : affinité analogie
Owen : homologie analogie
Berg : divergence -> homologie convergence -> analogie
Jakobson : divergence -> parenté convergence -> affinité


Il semble possible, par conséquent, de dégager en français moderne trois sens fondamentaux, qui s’interpénètrent : de la parenté par alliance et de la simple ressemblance par similitude ou analogie, on passe, par le monde de la chimie à l’époque romantique, à l’idée de prédisposition, propension à se rejoindre, attirance réciproque, attraction spontanée entre des choses ou des êtres différents et non apparentés génétiquement.
On peut ainsi distinguer deux lignes différentes d’évolution du terme affinité(s), lignes qui semblent divergentes, mais, en réalité, sinueuses, qui parfois se rapprochent au point de se toucher. Une ligne juridique, où l’affinité est une alliance contractée, et une ligne
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alchimique puis chimique, où l’affinité est une force d’attirance, ou d’attraction entre des corps qui possèdent une prédisposition à cette attirance.

2. Une gênante ambiguïté : ressemblances acquises ou innées en linguistique

2.1 D’un modèle évolutionniste à un modèle diffusionniste

Le terme d’affinités a été utilisé pour la première fois en linguistique, semble-t-il, par William Jones (1746-1794) dans son célèbre discours prononcé en 1786 devant la Royal Asiatic Society de Calcutta. Il y parlait des « affinités » (affinities) du sanskrit avec le grec et le latin au sens de « ressemblances » :
À l’époque de W. Jones, la ressemblance commence juste à pouvoir s’expliquer, en termes d’origine commune, c’est-à-dire de parenté génétique. Aucune autre explication ne semble possible : il doit y avoir consubstantiabilité entre les langues pour qu’elles puissent
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présenter tant de similitudes. Deux ans auparavant, dans son Essai sur les dieux de la Grèce, de l’Italie et de l’Inde, W. Jones avait déjà aussi interprété la ressemblance en tant qu’indice d’une commune origine :
et il conclut que
Pour Max Müller, la notion de parenté est un progrès par rapport à celle d’affinité, qui ne signifie visiblement, pour lui, rien d’autre que simple similitude :
Dans ce système de valeurs, c’est la généalogie qui a le pas sur la taxinomie : on ne s’intéresse aux ressemblances que dans la mesure où elles permettent de prouver la parenté génétique, seul objet digne de l’attention des linguistes.
C'est toujours au sens de ressemblance explicable par la parenté génétique que Saussure l'utilise dans le CLG (p. 14), où « affinité » reprend anaphoriquement « rapports qui unissent » (le sanskrit avec le germanique, le grec, le latin, etc.)(15).
Or, à ce premier sens de « ressemblance » des langues s'oppose chez d’autres linguistes un autre sens. On va ainsi passer de l’acception juridique d’alliance au sens chimique de prédisposition à l’attirance. Il n’y a pas de raison particulière a priori pour que la ressemblance ait le moindre rapport avec l’attirance, ni qu’elle en soit un effet ou même une cause. C’est pourtant dans cette spéculation que va s’engager Jakobson dès la fin des années 20.
Il est difficile de dire à quel moment affinité est passé, dans le domaine de la linguistique, du sens de similitude par parenté génétique à celui de similitude par parenté acquise, par alliance, passage de l’inné à l’acquis, de la dérivation à l’emprunt, de la filiation à l’imitation, bref, de l’évolution à la diffusion.
Dans le Grand dictionnaire universel du 19e siècle de Pierre Larousse (16), la notion d’affinité en linguistique est encore synonyme de parenté, sans que ce dernier mot figure, tellement il paraît évident que la similitude ne peut être qu’un indice de filiation, d’origine commune :
Mais dans le Grand Larousse encyclopédique (Paris, 1960), affinité s’oppose déjà à parenté :
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De même dans le Dictionnaire Robert en 9 volumes (1985) :
Nul dictionnaire ou encyclopédie ne note le moment de ce passage d’une acception à l’autre, ni la source de l'inversion des termes. Pour Dubois : « On parle de... », pour Ducrot et Todorov : « On a constaté... ». Mounin ne dit pas un mot des affinités. Marouzeau (1969) donne une définition lapidaire, celle qui semble avoir été reprise par tous les dictionnaires et encyclopédies après la seconde guerre mondiale (17):
Il semble que c’est chez A. Pott, en 1859, qu’est pour la première fois, et de façon explicite, opposée l’affinité (Affinität) à la parenté génétique (Sprachkonsanguinität) (18). Il envisage l’affinité des langues comme le résultat de l’emprunt d’éléments étrangers. L’accent est ainsi mis sur l’hybridation et le mélange des langues, première brèche dans le modèle strictement organiciste de la langue, mais qui ne remet pas en question la grande métaphore biologique. C’est également par le biais d’une réflexion sur l’hybridation que H. Schuchardt refuse, lui, toute opposition entre affinité et parenté
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(elementar Sprachverwandschaft et Urverwandschaft) (19), puisque pour lui toutes les langue sont le produit d’un mélange. C’est le thème de l’hybridation généralisée, qu'on va retrouver aussi bien chez Baudouin de Courtenay que chez Ščerba. Cela revient à l'effacement des limites entre les langues, cf. le néo-linguiste italien M. Bartoli (proposition 20, 1928) : n’importe quoi peut être emprunté (20).
Martinet oppose un grand scepticisme à la notion d’affinités. Il prend affinité comme sous-type du terme générique de parenté :
2.2 Les affinités phonologiques chez Jakobson

C’est sur ce fond de la problématique de l’hybridation et de la pureté des langues que l’emploi par Jakobson du terme d'affinité dans les années 1920-1930 prend son sens, par contraste, ce qui n’a, semble-t-il, pas été remarqué avec toutes les conséquences que cela peut entraîner. En effet, il oppose explicitement affinité (en russe srodstvo) à
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parenté (en russe rodstvo). Le problème de la traduction de ces termes est rendu délicat par le fait qu’en russe ces deux mots sont parfois employés l’un pour l’autre, s’opposant à svojstvo comme représentant d’affinité dans l’unique sens de parenté par alliance. Ainsi, tout ce qui est ressemblance n’est pas forcément dû à une parenté génétique (22). C'est au tournant des années 1920-1930 que Jakobson met au point sa théorie de « l'union phonologique des langues eurasiennes », c'est-à-dire des langues parlées en URSS : elles ont, d'après lui, toutes en commun un trait positif : la corrélation phonologique de mouillure, et un trait négatif : l'absence de polytonie (Jakobson, 1931).
Pour Jakobson les affinités sont des ressemblances indépendantes de la parenté génétique, elles ne relèvent pas non plus de la typologie (23). Elles sont non pas héritées, mais acquises, par contact spatial, par convergence. Une affinité n'est donc pas un état, c'est quelque chose qui se produit, un processus dynamique. Cette dynamique repose sur un principe préformationniste : ce n’est pas par adaptation que les langues convergent, c’est par déploiement de rudiments déjà là, en elles. De la même façon que chez Troubetzkoy les langues suivent une « logique de l’évolution », chez Jakobson elles ne se rassemblent que parce qu’elles ont une propension à le faire :

Cette union de l’emprunt et de la convergence rappelle beaucoup le mimétisme dans la conception de la biologie moderne : « les facteurs de ressemblance existaient déjà dès le début chez l’imitateur aussi
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bien que chez le modèle, et il n’est besoin que d’une certaine impulsion pour les faire se manifester ». (Berg, 1922 : 224) (Jakobson, 1929, cité d’après Selected Writings, I, 1971 : 107)

Cette notion de préformation est clairement de nature biologique, c’est-à-dire naturaliste. Ainsi, il est très éclairant de la comparer, par constraste, à celle d’un linguiste contemporain de Jakobson, J. Vendryès, qui envisage bien la notion de prédisposition, mais avec la valeur de similitude pratique, qui facilite la « combinaison », ou l’hybridation, et non une « tendance » à s’unir ou à se ressembler :

Le pidgin-english a pour base le chinois, lequel est justement caractérisé par son peu de grammaire. C'est à proprement parler du chinois dont les mots sont anglais. Avec le vocabulaire anglais, qui d'ailleurs se prêtait remarquablement à cet usage, on a bâti des phrases où l'ordre des mots est exactement celui du chinois. Cela fait une combinaison piquante et qui prouve l'affinité, déjà signalée, entre les deux idiomes. Ici nous avons bien une langue donnée à la base du mélange; mais le caractère même de cette langue, à peu près dépourvue de grammaire, la disposait particulièrement au rôle qui lui a été dévolu. (24) (Vendryès, 1923 [1979 : 323])

On n’a pas suffisamment prêté attention au fait que la thématique des affinités, en tant que disposition à l’appariement (métaphore bio-chimique), fait la ligne de partage entre Jakobson et l’immense majorité des linguistes de son époque qui se sont occupés des contacts de langues. Chez Jakobson, nulle place pour la notion de substrat (comme chez Sanfeld ou Pisani), nulle idée de « base articulatoire » (comme chez Van Ginneken). Aléatoire chez Schuchardt et Baudouin de Courtenay (cf. la notion de « bilinguisme de frontière »), même la notion d’espace s’appuie, chez Jakobson, sur une notion géométrique, c’est-à-dire platonicienne, d’ordre et d’harmo
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nie (25). On mesure alors l’abîme qui sépare Jakobson de Meillet, malgré les révérences de façade qu’il lui adresse en bien des occasions. Chez Meillet, causalité à la fois « sociale » et interne du changement, uniquement dans une même famille de langues, chez Jakobson, évolution téléologique, convergence par affinités entre des langues même non apparentées.
On a vu que dans l’histoire des concepts, la notion d’affinité était tiraillée entre le sens de ressemblance et celui d’attirance. L’originalité de la position de Jakobson, fondée sur son intérêt pour la biologie anti-darwinienne de Berg, est que la ressemblance s’explique par l’attirance :


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3. Conclusion

Ce qui ressort de ce qui au départ était pensé comme une enquête terminologique est que le problème des affinités dépasse de beaucoup la métaphore et le transfert de termes d’une discipline à l’autre. En fait, l’enjeu en est tout aussi bien la constitution de l’objet du savoir, ses limites, que le très ancien problème philosophique de l’identité et de la différence. Le plus étonnant est sans doute que la solution apportée par Jakobson se place, malgré ses dénégations, dans la droite ligne du naturalisme du 19e siècle.



© Patrick Sériot


NOTES

(1) « Doxa » n’est pas à prendre au sens négatif qu’il a chez Platon d’« opinion fausse », mais d’opinion comme ensemble de représentations et de présupposés tellement partagés qu’on en vient à oublier qu’ils ont une histoire, qu’ils sont le résultat d’une élaboration antérieure. On s’attachera ici à faire ressurgir ce passé enfoui.
(2) Il cite par exemple Van Ginneken à l’appui de son intérêt pour les affinités, mais sans dire que la position biologisante de Van Ginneken est fort différente de la sienne. Pourtant, la problématique est proche, même si les solutions apportées sont différentes, voire incompatibles.
(3) Un autre sens de adfinis : « mêlé à qch, qui a pris part à qch », ne s’est pas conservé en français (ejus rei auctores adfinesque : « les instigateurs et les complices de ce crime »), mais doit être pris en considération par sa valeur de « participation à ».
(4) Jakobson s’appuie sur Goethe et traduit en français Wahlverwandschaft par « convergence de développement » (Jakobson,1936, dans Selected Writings-I : 236).
(5) Souligné par moi, PS. Mais s’il y a renversement, il s’agit plutôt de la causalité alchimique que du « sens vulgaire », dont on ne voit pas bien pourquoi il privilégierait la ressemblance comme condition de l’attirance.
(6) Sur les idées scientifiques de Goethe, et, en général, sur l’épistémè romantique, cf. Gusdorf, t. 2 : 197 sqq; sur les bases scientifiques du roman Les affinités électives, cf. Adler, 1990, à qui certains développements sont empruntés ici.
(7) Disquisitio de attractionibus electivis [Dissertation sur les attractions électives], 1755. Le fait que c’est le terme allemand Verwandschaft qui ait été utilisé pour traduire attractio est fort ennuyeux, car il signifie en même temps « parenté ». Cette ambivalence du terme allemand est sans aucun doute à verser au dossier des malentendus que n’a cessé de susciter le mot affinité depuis son introduction en linguistique.
(8) Je m’appuie dans cette partie essentiellement sur l’ouvrage de Mayr, 1989.
(9) Curieusement, ce n’est qu’après des linguistes comme Schleicher que Darwin publie (Origine des espèces, 1859) ses idées sur les similitudes comme preuves de la descendance d’un ancêtre commun.
(10) L.S. Berg est un personnage étonnant, sa vie et son oeuvre mériteraient une longue étude. Sa théorie de la nomogénèse est traitée d’« idéaliste » dans la 1ère et la 2nde édition de la Grande encyclopédie soviétique, ce qui ne l’a pas empêché d’être Président de la Société soviétique de géographie entre 1940 et 1950, en pleine période stalinienne, et d’être nommé académicien en 1946.
(11) Sur Berg et surtout sur ses sources intellectuelles chez K.E. von Baer, cf. Caussat, 1997. Sur la métaphore biologique au Cercle linguistique de Prague, cf. Sériot, 1994.
(12) (souligné par moi, P.S.)
(13) (souligné par moi, P.S.)
(14) Müller, 1861, p. 210, cité par Cl. Normand, 1976 : 73.
(15) Dans une note consacrée à ce passage, T. de Mauro rapporte une source manuscrite du Cours (Engler, 1959, B18-25), où les mots-clés ne sont pas affinité, mais analogie, parenté, similitude (entre le sanskrit d’une part, le grec, le latin et le germanique de l’autre). Cf. De Mauro, 1979 : 411.
(16) (republ. Slatkine, Genève-Paris, 1982, sans date de 1ère édition).
(17) Il est curieux de constater qu’on ne peut même pas parler de coupure acquise, puisque on trouve encore, dans la dernière édition du grand Oxford English Dictionary une définition de l’affinité des langues par la parenté génétique : « Affinity : Structural resemblance between languages arising from and proving their origin from a common stock ».
(18) Pott, 1859 : XIV. Sur ce point, cf. Makaev, 1972 : 292.
(19) Cf. Schuchardt, 1917; Schuchardt, 1922 : 194-199. Les « affinités élémentaires » sont des traits pouvant être considérés comme propres au langage humain en général, à toutes les langues humaines, hors de toute considération de parenté génétique. Cette notion est liée à celle de « Elementargedanken » en anthropologie chez A. Bastian (1868).
(20) C’est sur cette base que D. Baggioni (1986) propose d’opposer une linguistique de la langue, fondée sur l’idée de clôture des systèmes, à une linguistique du langage, qui refuse toute idée de système, et pour qui tout peut passer dans tout (Schleicher, les néo-linguistes italiens).
(21) (souligné par moi, P.S.).
(22) Jakobson s'oppose ici sans le nommer à Meillet qui, dans « Convergence des développements linguistiques » (1918), posait que les ressemblances, ou concordances, ne peuvent apparaître qu'à l'intérieur d'une même famille génétique de langues.
(23) Notons au passage que dans son texte de 1958 les recherches aréales sont pour Jakobson très différentes de la typologie, elles n'ont ni la même méthode ni le même objet. Mais pour Troubetzkoy en 1933 au 3e Congrès des linguistes à Rome, c’est bien le mot typologie qui est employé pour s’opposer à la parenté (Troubetzkoy, 1935 : 327). La terminologie est encore flottante dans les années 30, preuve d’une pensée en gestation.
(24) Souligné par moi, P.S.
(25) Sur la notion de symétrie chez Jakobson, cf. Sériot, 1997.
(26) Le compte-rendu que Meillet fait (Meillet, 1931) de l’ouvrage de Jakobson sur l’« union eurasienne de langues » (Jakobson,1931), est un modèle de malentendu.


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