Centre de recherches en histoire et épistémologie comparée de la linguistique d'Europe centrale et orientale (CRECLECO) / Université de Lausanne // Научно-исследовательский центр по истории и сравнительной эпистемологии языкознания центральной и восточной Европы
-- А. М. СУХОТИН «Спор об унификации алфавитов», Революция и письменность, 1932, n° 1-2 (11-12), стр. 95-103.
L’article présente la discussion entre Jakovlev et Dmitriev Kel’da, marriste, qui s’est tenue lors de la séance conjointe de l’Institut de Linguistique et de l’Institut des Peuples de l’Orient.
Le mouvement pour la latinisation des alphabets existants s’est développé en mouvement pour la création d’un alphabet unifié. D’après Staline, il y a un décalage entre les succès pratiques et le développement de la pensée théorique. D’après Suxotin, la raison en est que l'ancienne linguistique (indoeuropéenne) par sa nature même ne pouvait pas élaborer de méthodes pour la création des écritures. Mais la science matérialiste, la japhétidologie, non plus, car elle a préféré élaborer une transcription universelle en la recommandant comme base pour les alphabets pratiques.
La position de Jakovlev dans la discussion est claire. L’alphabet, comme une des normes qui organisent la parole graphique, est un moyen de la lutte des classes. C’est son essence de classe. Son essence linguistique consiste dans le fait qu’il représente la matérialisation spatiale du système des phonèmes de la langue donnée.
D’après Dmitriev, le système de l’écriture doit perdre ses traits spécifiques de classe et devenir accessible à tous.
D’après Jakovlev, l’alphabet doit correspondre à une langue nationale donnée, non seulement en fixant ce qui existe dans cette langue, mais en tenant compte de la tendance de son développement futur. A l’étape actuelle, c’est l’alphabet latin qui correspond à ces conditions. De ce point de vue, le mouvement pour la latinisation, pour l’unification des alphabets existants à base latine, voilà la ligne générale à suivre. L’auteur critique seulement les incohérences dans les alphabets créés (désigner par une même lettre différents sons dans les alphabets, emploi des signes diacritiques non unifiés).
D’après Dmitriev, ce n’est que la théorie japhétique, en tant que degré supérieur de l’évolution de la théorie linguistique, qui peut être la base de l’alphabet unifié. Mais comment déterminer selon cette théorie le nombre des sons d’une langue ? Par le « système des sons sociaux », lequel est déterminé lors de l’analyse paléontologique de cette langue, telle est la réponse. Dmitriev se plaint du fait que les japhétidologues ont été écartés de l’activité de la création des alphabets, et donne quelques arguments pour vanter l’alphabet abkhaze, qui, d’après Suxotin, reste quand même inutilisable pour l’apprentissage. Suxotin cite d’autres critiques inconséquentes de Grande adressées à Jakovlev auparavant.
Bref, d’après Suxotin, l’unification des alphabets doit suivre la lignée générale élaborée par Jakovlev, corriger les incohérences existantes, mais aucunement corriger les incohérences avec la « transcription universelle » proposée par les marristes, difficile à apprendre ne serait-ce que pour les marristes eux-mêmes.