Dans cet article, Jakovlev critique ses opposants japhétidologues, auteurs de l’« alphabet analytique ».
Cet alphabet ne reflète pas, comme Marr le voulait, l'évolution historique des sons. Il possède plusieurs défauts méthodologiques (difficulté de l'apprendre, un nombre trop élevé de lettres). Mais surtout, conçu pour une seule langue (l'abkhaze), il n'a pas de caractères pour désigner plusieurs sons même des langues caucasiennes. Cet alphabet, présenté par Marr, son auteur, comme acquis important de la science linguistique, est vieilli, tel est le verdict de Jakovlev.
Cet alphabet a également plusieurs défauts pratiques: il est difficile à mémoriser, il a plusieurs signes diacritiques difficiles à imprimer. Et dans le discours politisé de Jakovlev, «une théorie rejetée par l'expérience ne peut pas être marxiste».
Jakovlev a deux thèses qui doivent guider l'élaboration des alphabets.
D'abord, un phonéticien doit découvrir dans une langue toute sa richesse phonétique pour ensuite se libérer de tout ce qui est superflu et ne garder que le minimum de lettres nécessaire. Il avance comme faute principale de ses collègues la non distinction des phonèmes et des variantes de phonèmes.
Ensuite, un alphabet doit refléter la politique nationale du parti, qui vise la communication entre tous les peuples et exige un alphabet unifié.
(Elena Simonato-Kokochkina)