3e cycle 11

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Centre de recherches en histoire et épistémologie comparée de la linguistique d'Europe centrale et orientale (CRECLECO) / Université de Lausanne // Научно-иссдедовательский центр по истории и сравнительной эпистемологии языкознания центральной и восточной Европы


— 3e cycle romand : La linguistique du XXème siècle en Russie et autour
Cinquième et dernière (!) rencontre
29 novembre-1er décembre décembre 2012
Organisation :
CRECLECO / Section de langues slaves  (Université de Lausanne)
Lieu : Leysin
hôtel de la Tour d'Aï, Route des Ormonts, à Leysin-village :
http://www.hoteltourdai.ch/cadre.html
tel. : +41/(0)24 493 2280

précédentes rencontres : décembre 2008
décembre 2009
décembre 2010
décembre 2011

 
Programme

Jeudi 29 novembre 2012

— 9 h 30 Accueil des participants

— 9 h 45 Patrick SERIOT (Lausanne) Présentation

— 10 h 00

Jurij KLEJNER (Saint-Pétersbourg)

«Любительская лексикография» на профессиональном уровне

— 10 h 45

Pause

— 11 h 15

Ekaterina ALEXEEVA (Lausanne)

Les spécificités culturelles et conceptuelles de la traduction de « La Philosophie du nom » de S. Bulgakov du français en russe

— 12 h 00 Repas

Après-midi 

— 14 h 30

Virginie SYMANIEC (Paris)

Slaves de l'Ouest versus slaves de l'Est : que faire des Ruthènes ?

— 15 h 15

Sébastien MORET (Lausanne)

Une revue dans son contexte d’apparition : La Nation Tchèque, première revue française de slavistique

— 16 h 00

Pause

— 17 h 45

Anna ISANINA (Saint-Pétersbourg / Lausanne)

Les recherches conceptuelles et terminologiques d'A. V. Fedorov dans ses travaux des années 1920-1940

— 17 h 15 Natalja BICHURINA (Saint-Pétersbourg / Lausanne)
‘Le patois’, ‘le francoprovençal’, ‘l’arpitan’ ? Discours métalinguistique des militants en Suisse et en France



Vendredi 30 novembre 2012

— 9 h 00

Franco Lo PIPARO (Palermo)

Gramsci et Wittgenstein sur la notion de jeu de langage

— 9 h 45

Philippe SCHEPENS (Besançon)

Volochinov versus Habermas : deux pensées globales autour de l’activité de langage

— 10 h 30


Pause

— 11 h 00

Patrick SERIOT (Lausanne)

Vološinov et l’idéalisme : la ligne Vico – Croce – Vossler

— 11 h 45 repas

Après-midi 

— 14 h 30

Elena SIMONATO (Lausanne)

Soigner les dents, signer le langage des enfants

— 15 h 15

Roger COMTET (Toulouse)


Viktor Maksimovič Žirmunskij et la typologie des langues

— 16 h 00 Pause

— 16 h 30

Jean-Baptiste BLANC (Lausanne)

La typologie des langues dans la linguistique turque de la période kémaliste (1923-1950)

— 17 h 15

Marina OL'XOVSKAJA (Saint-Pétersbourg)

Структуральная эстетика Я. Мукаржовского – продолжение или переосмысление русского формализма?



Samedi 1er décembre 2012

— 9 h 00

Tinatin BOLKVADZE (Tbilissi)

Индоевропеисты и последователи яфетической теории в Грузии 

— 9 h 45

Mladen UHLIK (Ljubljana / Lausanne)

La représentation de l'histoire de la linguistique dans les années 1920 : Rozalija Šor vs Grigorij Vinokur.

— 10 h 30

Pause

— 11 h 00

Ekaterina VELMEZOVA (Lausanne)

Reconstruction sémantique vs reconstruction sémiotique chez les sémioticiens de Moscou

— 11 h 45

fin du colloque, bilan, discussion générale




RESUMES :

— Ekaterina ALEXEEVA (Lausanne) : Les spécificités culturelles et conceptuelles de la traduction de « La Philosophie du nom » de S. Bulgakov du français en russe

Dans cet exposé il s’agit d’étudier de la traduction française du livre «La Philosophie du nom» de S. Bulgakov (1871-1944) qui met en évidence certaines difficultés et spécificités accompagnant la compréhension de certains termes et concepts russes. En même temps, chaque traduction ou interprétation de la transmission d’un concept d’une langue à l’autre éclaircit certaines difficultés suscitées par la lecture de textes d’auteurs étrangers.

D’une part, il peut s’agir de problèmes linguistiques. De l’autre, l’obstacle est au niveau conceptuel, car la traduction d’un concept d’une langue dans une autre n’est pas  toujours adéquate et ne transmet pas entièrement son sens. L’analyse contrastive de ces spécificités ouvre de larges perspectives de recherche dans la sémiotique et l’histoire des théories linguistiques.

Natalja BICHURINA (Saint-Pétersbourg / Lausanne) : « ‘Le patois’, ‘le francoprovençal’, ‘l’arpitan’ ? Discours métalinguistique des militants en Suisse et en France »

« Le francoprovençal » ou « l’arpitan » est un idiome romand, répandu en Suisse, en France et en Italie, à savoir dans trois Etats voisins construits selon des modèles politico-étatiques très différents. En nous concentrant sur la situation linguistique dans la Confédération suisse et en France, Etat très centralisé, nous comparerons dans un premier temps les usages de l’idiome : nous mettrons en parallèle les représentations de son fonctionnement dans le discours des militants et nos observations des pratiques actuelles. Nous étudierons, dans un second temps, les représentations de l’idiome comme langue à part entière, et plus particulièrement la question de sa nomination qui y est étroitement liée. L’enquête est menée selon les méthodes d’entretien sociolinguistique et d’observation, y compris l’observation participante.

Jean-Baptiste BLANC ( Lausanne) : La typologie des langues dans la linguistique turque de la période kémaliste (1923-1950)

On sait à quel point les entreprises de classement des langues humaines sur la base de types morphologiques, qui émergent au XIXe siècle en Europe occidentale à la suite des travaux fondateurs des frères Schlegel et de Wilhelm von Humboldt, ne sont pas déconnectées du contexte intellectuel général de l'Europe coloniale de l'époque. Explicitement ou pas, les langues de types agglutinant et isolant sont ainsi dans nombre de textes renvoyées, avec leurs locuteurs, à un statut inférieur à celui des langues flexionnelles, dont les langues indo-européennes constituent l'exemple idéal-typique.
Connue en Turquie, cette typologie morphologique ternaire a influé sur le travail de création néologique des réformateurs de la langue turque dans les années 1930 et donné lieu à différentes tentatives de la part de ces derniers de sortir le turc du statut d'infériorité qu'une certaine linguistique européenne lui avait attribuée en fonction de son caractère agglutinant. On en présentera plusieurs exemples, entre démonstrations du caractère flexionnel du turc, polémique contre la linguistique européenne et, au-delà du domaine strictement morphologique, propositions de réforme de la syntaxe du turc.

Tinatin BOLKVADZE (Tbilissi) : Индоевропеисты и последователи яфетической теории в Грузии 

В докладе будут показаны основные этапы развития теоретического языкознания в Грузии  на фоне разногласий между последователями  яфетической теории  и индоевропеистами. Индоевропеистами назывались языковеды, которые признавали сравнительно-исторический метод и, опираясь на него, исследовали вопросы родства языков. Серьезный экзамен им преподносила судьба, так как вопрос языковедов, придерживавшихся этой теории,  индивидуально  рассматривался на различного уровня собраниях   партии   большевиков, и от принятых на них решениях часто зависела жизнь ученых. Специально будет дан сравнительный анализ учебников по языкознанию, созданных с 1918 по 1949 годы в Грузии, и показаны значительные различия, возникшие в них в результате влияния яфетической теории.    

Самые известные университетские учебники по теоретическому языкознанию того периода были созданы Арнольдом Чикобава, не разделявшим яфетическую теорию. В докладе подробно будут описаны  общие темы, которые были рассмотрены в этой книге, и те вопросы, которые составляли суть противоречий, вызванных последователями яфетической теории. Опираясь на архивные материалы, будет рассмотренна атмосфера, сложившуюся в двадцатые годы в академическом пространстве в Грузии, то, как возникали противостоящие группировки лекторов и аспирантов, что обусловливало идеологический характер языковедов.    

— Roger COMTET (Toulouse) :Viktor Maksimovič Žirmunskij et la typologie des langues
Au cours de sa longue carrière académique, le germaniste žirmunskij s’est illustré aussi bien en histoire et théorie littéraire qu’en folkloristique
et linguistique, même si ce dernier volet de son œuvre est parfois occulté ; son œuvre en linguistique germanique et générale est pourtant importante et y domine la problématique de la typologie des langues. Pour évaluer son apport en ce domaine, on procèdera tout d’abord à un bref historique de l’antagonisme entre classification et typologie des langues chez les linguistes du XIXe siècle qui ont précédé žirmunskij avant de suivre les différentes étapes de sa réflexion en ce domaine ; ses premières études dialectologiques sont conçues dans l’optique de la linguistique aréale, elles associent structuralisme, synchronie et géographie linguistique et lui ouvrent la voie d’une approche purement typologique. La seconde étape est marquée par son application des schémas de Marr et Meščaninov, synthèse de la typologie et de l’historisme, à l’analyse comparée des langues ; après avoir d’abord intégré une vision sociologique marxiste à ses recherches, il est ensuite conduit à retrouver les mêmes schémas d’évolution dans des langues non apparentées ou même privées de tout contact, ce qu’il relie à des modèles universels d’évolution de la pensée humaine suivant une même séquence universelle des différents types de société. Suite à la clôture de
la discussion linguistique de 1950, Žirmunskij revient à la classification génétique traditionnelle en en faisant un préalable indispensable aux études typologiques qu’il multiplie, surtout dans le contexte des années 1960 (la thématique des « universaux »). Cette évolution montre bien l’étendue de
l’encyclopédisme érudit de Žirmunskij ainsi que son don des vastes synthèses et son ouverture d’esprit qui en font un témoin privilégié de l’évolution de la linguistique russe ; il est par ailleurs remarquable que les mêmes étapes, la même pensée, se retrouvent dans les études de littérature et folkloristique comparée qu’il a toujours menées en parallèle. Il se montre ainsi, comme tant d’autres illustres savants russes, comme un digne héritier de la tradition philologique universitaire russe prérévolutionnaire.

Anna ISANINA (Saint-Pétersbourg) : Les recherches conceptuelles et terminologiques d'A. V. Fedorov dans ses travaux des années 1920-1940

Les vues théoriques d'Andrei Venediktovič Fedorov (1906-1997), le père-fondateur de la théorie de la traduction linguistique en URSS, ont été formées dans le premier tiers du XXe siècle, la période plutôt «formaliste» dans la traductologie. Néanmoins, dans ses articles des années 1920-1940 Fedorov accorde de l'attention pas seulement aux caractéristiques formelles, mais aussi aux aspects sémantiques de la traduction: l'analyse du microcontexte, les aberrations du sens émergant grâce à l'actualisation de la forme interne du mot.

Pour A. V. Fedorov la correlation entre l'original et la traduction n'a rien en commun avec la théorie du reflet de Lénine. Sa conception est beaucoup plus complexe justifiant l'individualité du traducteur, les variantes fonctionnelles et même certaines contraversions traductionnelles.

Une telle approche lui a coûté des efforts considérables visant à remplir la manque d'apparat terminologique. Souvent Fedorov habillait ses pensées de mots en utilisant des métaphores. Dans notre présentation on va essayer d'élucider une de telles métaphores: celle de  correlation entre l'original et la traduction en tant que «système des fils tirés et non-tirés».

On va également montrer ce que veut dire pour Fedorov le terme «procédé» (прием), introduit par les adhérents d'OPOYAZ. Il fait une distinction claire entre les notions du «procédé» et du «moyen stylistique » qui consiste avant tout en estimation de la profondeur fonctionnelle de telle ou telle façon d'exprimer le sens.

Jurij KLEJNER (Saint-Pétersbourg) : «Любительская лексикография» на профессиональном уровне

Полевая работа в условиях тюрьмы/лагеря представляет собой особый случай собирательства, традиционно являвшегося одним из основных источников собраний фольклорных и диалектных материалов и – в обычных условиях – характеризующегося совмещением двух точек зрения: изнутри («собиратель» находится в соответствующей фольклорной/диалектной среде) и извне (сам собиратель не принадлежит к среде, которую исследует). По понятным причинам, полноценная полевая работа по изучению «языка преступного мира» предполагают взгляд изнутри, когда в роли собирателя выступает либо заключенный, либо представитель правоохранительных органов. Последними были составлены словарики «Для служебного пользования» (Рига, Киев), содержащие лишь первичные материалы, нуждающиеся в дальнейшей обработке. Образцом сотрудничества «собирателя» и лингвиста можно считать словарь «Блатная музыка», составленный прошедшим тюрьму В. Ф. Трахтенбергом и вышедший под редакцией И. А. Бодуэна де Куртенэ. (Отдельные попытки собирания лагерной лексики, упоминавшиеся, в частности, участниками конференции «Фольклор ГУЛАГа» СПб, 1992, не привели к созданию сколь-нибудь значительного словаря.)

На время  «Оттепели» и, соответственно, «хрущевских посадок» приходится начало работы по созданию наиболее значительного в истории российской лексикографии собрания такого рода, «Материалов к словарю русской ненормативной лексики», Кирилла. Косцинского (К.В. Успенского; (1915 – 1984), участника войны, члена СП, который начал собирать материалы по тюремной лексике, находясь в одном из мордовских лагерей для политзаключенных. (Ходатайство от АН СССР обеспечило практически официальный характер работы по сбору лексики и беспрепятственный вывоз собранных материалов за пределы лагеря после освобождения К.В. Косцинского). 

После освобождения К.В. Косцинский продолжил свою работу, сделав объектом сбора ненормативную лексику в широком смысле слова, то есть все многообразие слов разговорной речи разных социальных групп, не отраженное в нормативных словарях. Материал, отобранный из источников и полученный от информантов, обрабатывался, приобретая вид словарной статьи, содержащей указание на источник записи, время бытования, сферу употребления и т.д. Хорошее знание литературы по предмету и сотрудничество со специалистами (лексикографом В. П. Берковым, социолингвистом В.А. Хомяковым и др.) обеспечили чрезвычайно высокий уровень представления интересного в лингвистическом, историческом, и культурологическом отношении лексического слоя. К.В. Косцинский занимался этой работой вплоть до своей эмиграции в США (1978), куда он сумел переправить фотопленки со снимками примерно 11000 словарных карточек, отобранных из картотеки, насчитывающей ок. 15000 единиц.

В США К.В. Косцинский продолжал заниматься обработкой «Материалов» и подготовкой их к изданию, работая в Русском научном центре при Гарвардском университете.

С 2006 г. «Словарные материалы» хранятся на Филологическом факультету СПбГУ.

Franco LO PIPARO (Palermo) : Gramsci et Wittgenstein sur la notion de jeu de langage

Dans sa préface aux Philosophische Untersuchungen, Wittgenstein écrit que ‘les idées les plus fécondes’ contenues dans le livre, il les doit à Piero Sraffa, professeur italien qui enseignait l'économie à l'Université de Cambridge. Assurément, l'une des idées les plus fécondes de l’ouvrage est la notion de jeu de langage (Sprachspiel).

Sraffa n'a rien publié sur le langage, et les quelques notes manuscrites connues jusqu'à présent sont trop générales pour qu’on puisse en reconstituer les arguments qui furent utilisés dans ses conversations avec le philosophe autrichien. Nous tenterons d’expliquer pourquoi il est très probable que Sraffa a utilisé dans ces conversations les arguments qu'il avait appris auprès de Gramsci.

(1) On expliquera la notion wittgensteinienne de Sprachspiel, qui ne doit pas être confondue avec l'idée que les langues sont des systèmes auto-suffisants de relations.

(2) On expliquera pourquoi c’est Gramsci qui a contribué à la formation du concept de Sprachspiel par l’intermédiaire de Sraffa.

Quelques informations importantes.

(A) Gramsci s’inscrit à l'Université de Turin en Novembre 1912. Très vite, il devint l’étudiant favori de son professeur de linguistique, Matteo Bartoli. Il était destiné à commencer une carrière universitaire en tant que linguiste. Encore en 1918, dans le journal socialiste Avanti! il est appelé «éminent étudiant de linguistique" (26 janvier) et "jeune camarade, philosophe et linguiste" (7 février).

(B) Sraffa connaissait Gramsci depuis ses années d'université et il l’a rencontré plusieurs fois dans les cliniques où il a passé les deux dernières années et demie de sa vie (25 octobre 1934 — 27 avril 1937) après avoir obtenu une libération conditionnelle.

(C) Sraffa connaissait bien les intérêts linguistiques de Gramsci.

(D) En 1935, Gramsci a consacré un cahier à des sujets purement linguistiques pour laquelle il avait pensé le titre Langue nationale et grammaire.



Ce sont tous des éléments qui nous permettront d'expliquer pourquoi Sraffa a été un lien entre Gramsci et Wittgenstein.

Sébastien MORET (Lausanne) : Une revue dans son contexte d’apparition : La Nation Tchèque, première revue française de slavistique

En 1915, en pleine guerre, alors que les Français ne font qu’un sous la bannière de l’ « union sacrée », une revue voit le jour, intitulée La Nation Tchèque et consacrée, outre à la question tchèque, à l’ensemble des minorités nationales – essentiellement slaves – de l’Empire autro-hongrois. La date de son apparition – près de deux ans avant le premier numéro du Monde Slave – en fait très certainement la première revue française de slavistique. Nous y lisons des articles consacrés à la politique, à la littérature, à la linguistique parfois aussi, des essais, des compte-rendus d’ouvrages, des prises de position.

            Dans le cadre de cet exposé, je propose de feuilleter cette revue, aujourd’hui tombée dans l’oubli, afin, d’une part, d’en faire l’historique, mais surtout de comprendre les raisons de son apparition ; car la revue La Nation Tchèque participe du retour de la France vers les Slaves, qui se manifestera dans les années qui suivront par un important développement de la slavistique – l’études des « choses slaves » comme on disait alors – dans le pays.

Marina OL'XOVSKAJA : Структуральная эстетика Я. Мукаржовского – продолжение или переосмысление русского формализма?

Наследие Пражской лингвистической школы редко упоминается в отрыве от деятельности русских формалистов. С одной стороны, влияние русского формалистического литературоведения на пражцев несомненно; глубокая органическая связь между ними – скорее, факт истории языкознания, чем предмет дискуссий. С другой – эти научные направления зачастую воспринимаются как практически идентичные.

Помимо собственно научных критериев, отождествлению способствует общий исторический контекст. Выделив свой основной объект интереса – литературный язык – в самостоятельную область изучения, формалисты стремились обособить его от эстетики, психологии, истории и тем более политики. Однако, сама сущность формалистских изысканий предполагала слишком глобальные выводы, чтобы приверженцы формализма смогли остаться в стороне от современного им идеологического дискурса, в частности – не вступить в полемику с марксизмом. То же в известной степени относится и к пражским структуралистам. В конечном итоге, к примеру, Я. Мукаржовский, уже в послевоенные годы неудачно пытавшийся примирить структурализм с окончательно утвердившимся марксизмом – а позже вынужденный вовсе отказаться от прежних научных взглядов – подвергся критике именно за симпатии к формализму.

Однако между двумя школами существуют и расхождения. Я. Мукаржовский – наряду с Р. Якобсоном ключевая фигура в свете диалога между ОПОЯЗом и Пражской школой – настаивал на их значимости уже на достаточно раннем этапе существования ПЛК. О целесообразности более четкого разграничения говорят также современные, прежде всего чешские исследователи. Косвенно о ней свидетельствует и тот факт, что именно пражский структурализм – точнее, эстетическая концепция Я. Мукаржовского – лег в основу рецептивной эстетики 60-х.

Philippe SCHEPENS (Besançon) : Volochinov versus Habermas : deux pensées globales autour de l’activité de langage

Je proposerai d’entrer dans l’élaboration habermassienne en comparant la démarche globale du philosophe allemand avec celle de Volochinov dans Marxisme et philosophie du langage. Les deux s’essaient en effet à décrire l’un (Habermas) une « théorie du langage », l’autre (Volochinov) une « philosophie du langage », et l’un et l’autre à partir d’un cadre sociologique. Pourtant ni l’un, ni l’autre ne mettent vraiment l’accent sur cette donnée d’arrière-plan.

Volochinov commence par s’intéresser au signe, à sa matérialité particulière, au fait que non seulement il rend possible pour une part l’appréhension d’une partie du réel (il la « reflète »), mais en même temps il la distord et la masque (il la « réfracte »). C’est ce caractère bifron du signe qui institue une arène à la fois dialogique et agonistique où des interlocuteurs appartenant à des groupes sociaux aux intérêts économiques et idéologiques opposés ou contradictoires s’affrontent pour faire valoir, chacun comme légitime, leurs représentations du réel, les valeurs que leurs signes portent, et se construire dans ce cadre comme sujet interhumain participant à l’élaboration conflictuelle du réel interhumain.

Dans ce cadre, l’attention que Volochinov porte au mot, à sa matérialité, à sa circulation, à ses effets de sens est déterminante. Il est notamment toujours examiné comme « mot d’autrui », mot déjà dit, déjà prononcé, déjà porteur d’un accent appréciatif, d’une voix, d’une valeur, d’un passé, d’une mémoire, et donc susceptible de nourrir de manière complexe et fine des énoncés polyphoniques qui modulent l’accès au réel du sujet ou du collectif.

Chez Habermas, c’est d’emblé l’activité de sens des sujets qui mobilise l’attention du philosophe. Et c’est sans doute cette attention initiale au sens qui le conduit vers la reprise et la modification de la phénoménologie husserlienne et de la réflexion de Wittgenstein sur les jeux de langage, comme engageant une trans-psychologie des acteurs de l’échange langagier. Le point de vue n’est pas tant sociologique que psychosociologique, et il conduit vers la description d’une pragmatique, la description des règles, des normes et des compétences particulières mises en jeu dans l’échange langagier pour arriver, dans des situations collectives d’élaboration, à une appréhension du réel qui rassemble les acteurs de cet effort.

Ce n’est pas nier les affrontements et les contradictions sociales, mais c’est mettre l’accent sur la structure communicationnelle qui rend compte du fait que malgré les confrontations parfois les plus brutales (ce qu’Habermas pense comme pathologies communicationnelles), les sujets restent reliés les uns aux autres et construisent par l’activité de parole les formes de leur cohésion sociale.

Patrick SERIOT (Lausanne) : Vološinov et l’idéalisme : la ligne Vico – Croce – Vossler

Dans le monde occidental, Vološinov a la fâcheuse réputation d’être 1) un clone de Bakhtine, 2) un marxiste. C’est ce second point qu’on tebtera d’élucider ici, en se demandant pourquoi il était si fasciné par des auteurs ouvertement idéalistes.

Un élément de réponse se trouve dans la grande crise du positivisme à son époque, due en partie à la faillite du modèle des lois phonétiques sans exception chez les néo-grammairiens (idée de non-séparation entre les sciences humaines et les sciences de la nature), et à la nécessité urgente de trouver des alternatives à la crise générale des fondements de la science.

La voie que préconise Vološinov est double : 1) une science de l’objet unique, concret, irréitérable, 2) une socialisation pseudo-historicisme de la phychologie (par la notion d’idéologie comme superstructure).

Elena SIMONATO (Lausanne) : Soigner les dents, soigner le langage des enfants

Nous partirons dans cette communication de la définition de l'attitude envers la langue au début du XXe siècle que Evgenij Polivanov caractérise par cette phrase française que nous reproduisons dans notre titre: "Soigner les dents, soigner le langage des enfants"

Nous nous focaliserons sur l'emploi langagier de l'intelligentsia russe du début du XX siècle dans son rapport au français.
A quel point peut-on parler de diglossie russe/français chez les intellectuels russes? Quelles sphères étaient concernées par cette diglossie? Quels étaient les critères du choix de telle ou telle langue dans la communication? Mais, surtout, nous analyserons les thèses polivanoviennes au sujet du mélange des langues dans le parler de l'intelligentsia qui s'est reflété dans le changements des normes orthoépiques et phonétiques de la langue russe standard.

Virginie SYMANIEC (Paris) : Slaves de l'Ouest versus slaves de l'Est : que faire des Ruthènes ?

La France de Napoléon III fut l'un des principaux théâtres de la dispute entre "slavistes" et "anti-slavistes" sur la nature slave authentique des Russes. Les slavistes s'accordaient à classer les Russes et/ou les Moscovites parmi les Slaves, tandis qu'ils cherchaient à démontrer que les Polonais étaient les Slaves par excellence. Pour les "anti-slavistes", les Russes étaient bien des Slaves, tandis que les Moscovites étaient Asiatiques et non-européens. La querelle engageait ainsi différents usages du terme russe, même si les deux camps s'accordaient sur un point : les Moscovites, à la différence des Ruthènes, ne méritaient pas d'être dénommés par le mot "russes". Dans notre communication, nous voudrions montrer en quoi cette querelle fut essentielle dans la formation des notions de slavicités occidentale et orientale. Était-il seulement possible de considérer la notion de slavicité orientale comme une nouvelle catégorie de discours ? Si non, quel était l'intérêt de penser la slavicité occidentale ? Dans tous les cas, dans quelle camp allait-on admettre de classer les groupes de population, en particulier Ruthènes, qui résidaient entre-deux ? Où allait donc passer la frontière ?

Mladen UHLIK (Ljubljana - Lausanne) : La représentation de l'histoire de la linguistique dans les années 1920 : Rozalija Sˇor vs Grigorij Vinokur.
 
Dans cet exposé nous confrontons deux textes : le discours de Rozalija Sˇor dans la «Crise de la linguistique contemporaine» (1927)  avec le discours de Grigorij Vinokur dans «Le problème de la stylistique pratique» (1924), chapitre préliminaire de la Culture de la langue. Cette analyse nous permettra d’examiner une représentation de l’histoire de la linguistique chez ces deux linguistes moscovites, révélatrice pour comprendre quels furent les priorités et les objectifs de la linguistique contemporaine aux yeux de Sˇor et de Vinokur. Nous constaterons que le point commun de ces deux études est l’idée que la science du langage du 19e s. s’est fourvoyée dans une impasse dont la seule sortie sera de développer une nouvelle approche sociale. Nous chercherons à dégager les parallèles et les différences entre les deux interprétations de l’histoire de la linguistique en comparant aussi les deux formulations de l’approche sociale. Ensuite sera analysé comment ces deux linguistes ont développé leurs idées dans les années 1930.

— Ekaterina VELMEZOVA (Lausanne) : Reconstruction sémantique vs reconstruction sémiotique chez les sémioticiens de Moscou

Dans les années 1960, plusieurs sémioticiens moscovites commencèrent à travailler sur les «problèmes théoriques» de la reconstruction sémantique dans les sciences du langage. En particulier, en s’appuyant sur le schéma général de la communication de Cl. Shannon, V.V. Ivanov et V.N. Toporov définirent le niveau général de leur travail sur la reconstruction (c’est le niveau des «blocs sémantiques») pour proposer, par la suite, le «mythe de base» reconstruit de la mythologie indo-européenne. En analysant les prémisses épistémologiques des recherches correspondantes, nous nous arrêterons en détail sur la notion de texte (comme objet principal de la reconstruction chez les sémioticiens de Moscou) qu’ils utilisent dans leurs travaux.