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La sérénité du lieu est propice à la réflexion | Mais il fallut se quitter | ||||||
— 9 h 00 | Accueil des participants |
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— 9 h 15 | Patrick SERIOT (Lausanne) |
Présentation de l'école doctorale et du CRECLECO (Centre de recherches en épistémologie comparée de la linguistique d'Europe centrale et orientale) Présentation du site web du CRECLECO |
— 9 h 30 | Maurice OLENDER (Paris, EHESS) |
Querelles sur les origines. Entre mémoire et oubli. A propos de quelques fables savantes. |
— 12 h 00 | Sébastien MORET (Lausanne) |
Caractériser une linguistique nationaliste : Staline 1950 à la lumière de Damourette et Pichon |
— 12 h 30 | repas |
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Après-midi : présentation des travaux de thèse |
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— 14 h 00 | Elena SIMONATO (Lausanne) |
«Intelligentnyj golos» [‘la voix de l'intelligentsia’] comme objet d’étude de la sociolinguistique |
— 14 h 30 | Ekaterina ALEKSEEVA (Saratov/Lausanne) |
L'étude du nom chez les philosophes religieux russes de la première moitié du XXe siècle |
— 15 h 00 | Luigi CRISTALDI (Cosenza) |
Flournoy, Naville and Odier: what is the work of Saussure between 1896 and 1906? |
— 15 h 30 | pause |
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— 16 h 00 | Viktorija SAIDI (Lausanne) |
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— 16 h 30 | Malinka PILA (Padoue) |
S. Karcevskij : the asymmetrical dualism of the linguistic sign |
— 9 h 00 | Lia FORMIGARI (Roma, La Sapienza) |
Le défi identitaire. "Néo-humboldtisme": histoire d'un métaterme |
— 11 h 30 | Tatjana ZARUBINA (Lausanne) |
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— 12 h 30 | repas |
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Après-midi : présentation des travaux de thèse |
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— 14 h 00 | Margarita SCHOENENBERGER (Lausanne) |
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— 14 h 30 | Bérengère BOUARD (Renne/Paris-VII) |
Le complément : un observatoire remarquable de l’historicité des idées linguistiques |
— 15 h | Daniel BIRD (Sheffield) |
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— 15 h 30 | pause |
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— 16 h | Emmanuel LANDOLDT (Lausanne) |
Penser sous contrainte : à la recherche des courants souterrains de la philosophie brejnévienne |
— 16 h 30 | Inna TYLKOWSKI (Lausanne) |
V.N. Vološinov : lecture en contexte |
— 17 h | Vladimir FEŠČENKO (Moscou/Lausanne) |
Le « retour du Logos » dans la culture de l’avant-garde russe |
— 9 h 00 | Boris GASPAROV (New York, Columbia Univ.) |
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— 11 h 30 | Ekaterina VELMEZOVA (Lausanne) |
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— 12 h 30 | repas |
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Après-midi : présentation des travaux de thèse |
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— 14 h 00 | Kateřina CHOBOTOVÁ (Lausanne) |
Le structuralisme pragois vu par le marxisme officiel en Tchécoslovaquie |
— 14 h 30 | Katre PÄRN (Tartu) |
Language of Cinema: a Re-Evaluation of Saussurean Model of Language |
— 15 h |
pause |
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— 15 h 30 | Tzvetelina TZONEVA (Genève) |
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— 16 h | Bilan et perspectives |
Lumière d'automne | ||||||||||||||||||||||||
L'attention est à son comble | ||||||||||||||||||||||||
On sait même chanter | ||||||||||||||||||||||||
Mais la science peut être joyeuse | ||||||||||||||||||||||||
Et aussi se promener | ||||||||||||||||||||||||
les Rois-Mages | ||||||||||||||||||||||||
sérénité, encore | ||||||||||||||||||||||||
— Ekaterina ALEKSEEVA (Saratov / UNIL) : «L'étude du nom chez les philosophes religieux russes de la première moitié du XXe siècle»
La philosophie du nom a une longue histoire. Elle commence par Platon (le dialogue Cratyle) et Aristote, continue avec l’hésychasme, les discussions sur l’idolâtrie, la querelle de l’iconoclasme à Byzance au VIIIe siècle et semble se terminer au XVIIe siècle. Son histoire est beaucoup liée avec l'histoire de la séparation entre le christianisme oriental et occidental, ce qui a contribué à une différence philosophique. Depuis, la réflexion sur le signe, sur le lien représentant / représenté, forme / contenu, est fondamentale dans le christianisme oriental.
Au XXe siècle la philosophie du nom réapparaît chez les philosophes religieux russes appelés les glorificateurs du nom: S. Bulgakov, P. Florenskij, A. Losev. Ils créent un tableau du monde original, où le nom est le centre ontologique dans lequel se concentrent toutes les manifestation de Dieu et de l'être divin. Cette étude participe au grand mouvement d'opposition au positivisme et au mécanicisme de l'époque.
C'est en 1920 que S.Bulgakov, l'un des grands penseurs russes, écrit son ouvrage Filosofija imeni [La philosophie du nom], qui ne sera publié, tardivement, qu'en 1953, à Paris. Dans ce travail l'auteur développe une étude sur l’essence de Dieu, son nom et ses «énergies». Le champ de son étude est le problème de l'origine naturelle des noms et de la langue en général. D'après S.Bulgakov le nom est cosmique de par sa nature, car il n'appartient pas seulement à la conscience humaine, mais à l'être où l'homme est l'arène du monde, le microcosme, car c'est à travers lui que le monde résonne. Il affirme que malgré les dialectes différents et nombreux, la langue reste toujours unique, le mot est aussi unique, car c'est le monde entier qui le parle, et non pas un homme particulier.
C'est presque en même temps, qu'un autre auteur, A. Losev compose ses ouvrages Filosofija imeni ([La philosophie du nom], 1927) et Vešč’ i imja ([La chose et le nom],1929). Dans ses recherches sur le nom il passe par l’histoire de la glorification du nom, les études de Saint Jean Damascène, Saint Grégoire Palamas, s’attache également aux doctrines de Hegel et à certaines positions de la phénoménologie de Husserl. La question essentielle qui le préoccupe est la suivante: les noms entretiennent-ils un lien naturel avec les choses qu’ils désignent et donc en transmettent-ils certaines qualités, ou non? Aussi, selon Losev, c’est à travers le statut du Nom dans la religion orthodoxe, l’analyse des œuvres des auteurs de l’antiquité et du Moyen Âge qu'émergent les spécificités de la culture russe par rapport à celle de l'Europe Occidentale.
Dans cet exposé on s'interrogera sur les étapes principales de l'histoire de la philosophie du nom, ses positions principales concernant l'origine des noms, de la langue et sur l'apport des penseurs russes dans ce domaine.
-- Daniel BIRD (Sheffield) : «Eisenstein and Marr: Emotion, Rhythm and Thought»
This paper sets out to outline the relationship between the filmmaker and theorist Sergei Eisenstein (1898 – 1948) and the Soviet linguist Nikolai Marr (1864 – 1934).
First, I present an overview of Eisenstein’s references to Marr in his theoretical writings. Second, I outline Eisenstein's proposed, but ultimately unrealized programme of investigation into the psychological problems of language and culture, in which Marr was to have participated, along with the psychologists Lev Vygotskii (1896 – 1934) and Aleksandr Luria (1902 - 1977). Third, I compare Eisenstein’s correlation of dance and drawing in his memoirs (1946) with Marr’s notion of the syncretic origins of language. I argue that in both cases, each thinker correlates rhythm with emotion and (pre-logical) thought.
Like Marr, Eisenstein drew on the ideas of the nineteenth century Russian philologist Aleksandr Veselovskii (1838 – 1906) and the French sociologist and ethnologist Lucien Lévy-Bruhl (1857 – 1939). The question I want to pose is: to what extent were Eisenstein’s idea concerning the structural composition of affective works of art shaped by Marr’s ideas? While Eisenstein recollects Marr’s lectures in his unfinished book on montage (1940) with great fondness, and cites Marr’s ideas in his writings throughout the 1930s and 1940s, his attempts to correspond the structure of emotions with the composition of art in Non-indifferent Nature (1945) bear marked parallels to Vygotskii’s writings on art and life in The Psychology of Art (1925).
Although The Psychology of Art was not published during Vygotskii’s lifetime, Vygotskii presented a manuscript to Eisenstein, and it is this copy from which all existing publications are based. In developing his ‘psychophysical’ explanation of catharsis, Vygotskii refers to the economist Karl Bücher (1847 – 1930), in particular his 1896 book, Arbeit und Rhythmus, as well as the German philosopher Otmar Rutz (1881 – 1952) and the German philologist and phonetician Karl Sievers (1850 – 1932). While Bücher’s writings on the relationship between labour and art featured prominently in both the ideologies of Plekhanov (1899, 1905) and Bukharin (1922), it could be argued that Eisenstein, Vygotskii and Marr were mapping out a field that the linguist Valentin Voloshinov (1895 – 1936) referred to in 1928 as the emerging ‘science of expression’.
— Bérengère BOUARD (Rennes/ Paris-VII) : «Le complément : un observatoire remarquable de l’historicité des idées linguistiques»
L’histoire de la notion de complément est un exemple remarquable de l’historicité des idées linguistiques. En effet, si l’on considère qu’une notion grammaticale est un complexe composé d’un contenu conceptuel, d’un terme et d’une série d’exemples, chacun de ses éléments étant soumis à l’histoire, l’émergence de la notion de complément présente plusieurs aspects intéressants. Premièrement, le fait est que l’apparition du terme (Girard, 1747) ne coïncide pas avec la définition de la fonction de complément qui est en cours d’élaboration sous d’autres étiquettes terminologiques : modificatif (Buffier, 1709), déterminant (Du Marsais 1729-1756), régime. Deuxièmement, les modalités de transmission et de généralisation de la notion, du terme et des typologies associées sont complexes. Le choix de ce terme à la place de celui de ‘régime’ par Beauzée dans l’Encyclopédie (Auroux, 1973, 1979) n’entraîne pas l’adoption unanime du complément. Celle-ci est le résultat d’une suite de filiations, de transmissions (à l’intérieur d’une école ou bien de maître à élève) mais aussi d’oublis, comme chez Condillac (1775). Mais il apparaît clairement que le complément est une catégorie « générale », ce que défendent les auteurs de grammaires générales jusqu’à la seconde moitié du 19ème siècle (Bourquin, 2005), avant d’être une catégorie de la grammaire scolaire (Chervel, 1977). Troisièmement, si l’émergence du complément participe à la construction d’une syntaxe française détachée du cadre latin (Chevalier, 1968), elle est aussi le signe de l’abandon du modèle propositionnel port-royaliste tripartite (sujet-verbe substantif-attribut) impliquant la prise en compte progressive de la catégorie de verbe transitif (Bouard, 2008) .
Références primaires
Arnauld, Antoine, Lancelot, Claude, 1660, Grammaire générale et raisonnée, Paris, Le Petit.
Beauzée, Nicolas, 1757, articles de l’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers de Diderot et D’Alembert ; « Gouverner » (vol. 7 : 791), « Régime » (vol. 14 : 5), « Préposition » (vol. 13 : 301)
- 1782-1786, Encyclopédie Méthodique Grammaire et Littérature, Paris : Panckoucke 2 vol., article « Complément », tome I : 441-447.
Buffier, le Père Claude, 1709, Grammaire françoise sur un plan nouveau, Paris : N. le Clerc.
Condillac, Etienne Bonnot, Abbé de, 1775, Grammaire (tome 1 du Cours d’Etudes pour l’instruction du prince de Parme), Art de raisonner (tome 2), Parme : Imprimerie royale.
Du Marsais, César Chesneau, 1729-1756, Les véritables principes de la grammaire et autres textes, Douay-Soublin F. éd., Paris : Fayard, 1987.
Girard, Abbé Gabriel, 1747, Les vrais principes de la langue françoise ou la parole réduite en méthode, conformément aux lois de l’usage, Paris : Le Breton, 2 vol.
Références secondaires
Auroux, Sylvain, 1973, « L'Encyclopédie », « Grammaire » et « Langue » au XVIIIe siècle, édition présentée et commentée des articles « Grammaire » et « Langue » de l’Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, rédigés par Nicolas Beauzée et Jacques Philippe Augustin Douchet, Tours : Mame. Coll. Série bleue, Linguistique, 3.
-1979, La sémiotique des Encyclopédistes. Essai d'épistémologie historique des sciences du langage, Payot : Paris.
Bouard, Bérengère, 2008, « Du nouveau à propos de l’histoire du complément », L’Information grammaticale n°117, Peeters : Paris-Louvain : 3-8.
Bourquin, Jacques (coord.), 2005, Les prolongements de la grammaire générale en France et dans les pays francophones au XIXe siècle (1802-1870), colloque de Besançon, 19-21 septembre 2002, Besançon : Presses universitaires de Franche-Comté.
Chervel, André, 1977, Et il fallut apprendre à écrire à tous les petits français. Histoire de la grammaire scolaire, Paris : Payot.
Chevalier, Jean-Claude, 1968, Histoire de la syntaxe : naissance de la notion de complément dans la grammaire française, 1530-1750, Genève : Droz [réédition : Paris, Champion, 2006].
— Kateřina CHOBOTOVÁ (Lausanne) : «Le structuralisme pragois vu par le marxisme officiel en Tchécoslovaquie»
Le structuralisme praguois, la théorie dominante dans la linguistique tchécoslovaque d’avant-guerre, éprouve une période difficile après le putsch communiste en 1948. A cette époque, le structuralisme pragois est qualifié de science bourgeoise, il devient incompatible avec l’idéologie communiste officielle, basée sur la philosophie marxiste. Selon cette idéologie, le structuralisme a efreint la „loi“ de l’unité dialectique, l’indissolubilité de la forme et du contenu. L’exposé voudrait montrer quels étaient les défauts principaux reprochés au structuralisme qui ont causé la dissolution du Cercle linguistique de Prague.
— Luigi CRISTALDI (Cosenza) : «Flournoy, Naville and Odier: what is the work of Saussure between 1896 and 1906?»
The paper speak about what we can define “the dark ages of Saussure”. When he came back to Geneva, he was engaged both in historical and comparative projects, and in general matters. His work, at the end of the century, started to reduce itself, and, except for some rare articles, we don’t have any reliable documentation until his publications on anagrams and courses in General Linguistics (dating back to July 1906).
We know that in this period Saussure takes up a collaboration already under way with psychologists in Geneva and in particular with Théodore Flournoy. With some co-workers and students begin to provide guidance about its semiotics’ vision (cf. Naville). Speaking with Henri Odier, one of Saussure’s family friend, who reached a PhD psychology in Bern in 1904 with a thesis on specific aspects of double-sided nature of the sign, inspired from conversations with Saussure.
In my opinion, it seems worth checking:
How much these interests could be filled the period around 1896-1906 can be viewed from two perspective: on the one hand, the philological fact (checking both his older and newer manuscripts); on the other hand, an historical and theoretical reflection.
What are the consequences of these two positions referring on the "first Saussure" (before 1896) and the “second Saussure” (after 1906)? If the "dark years" is an X, we need to construct a carefully historical-critical equation that explains the sense of relationship with Saussure Flournoy, Naville and Odier and, in particular, Saussure's relationship with psychologists.
— Vladimir FEŠČENKO (Moscou/Lausanne) : «Le ‘retour du Logos’ dans la culture de l’avant-garde russe»
A la fin des années 1960 le philosophe autrichien Gustav Bergman et le philosophe américain Richard Rorty introduisent le terme « tournant linguistique » (« linguistic turn »), qui designait le courant intellectuel dans la philosophie de language débutant par les recherches de Ludwig Wittgenstein. Michel Foucault, en analysant les changements dans la philologie et la poésie aux confins des XIXe et XXe siècles, parle dans son livre Les mots et les choses du « retour du langage ». En utilisant ces deux termes, on proposera que le tournant linguistique dans la philosophie religieuse du début du XXe siècle et le retour du langage dans la poésie du modernisme et de l’avant-garde russe prennent la forme d’un « tournant vers le Logos ».
Les théories de la philosophie de langage de cette époque, envisagent le langage comme un phénomène créatif et le Logos comme un mode de création langagière, déterminent, d’une part, le chemin du tournant linguistique dans la philosophie et la naissance de la poétique linguistique (« la nouvelle poétique du langage ») et, d’autre part, les itinéraires de la quête artistique dans la litérature de l’avant-garde russe (« le nouveau langage poétique »). Le Logos comme « quelque chose qui s'accroît soi-même » (selon Héraclite) se présente dans la pensée de l’avant-garde comme la réalité primaire avec laquelle on a possibilité de transformer le monde habituel.
L’intérêt de la culture russe pour le logos s’exprime à partir de l’apparition de deux livres influents de cette époque – La doctrine du Logos dans son histoire [Učenie o logose v ego istorii] (1900) de S.N. Troubetskoï et La lutte pour le Logos [Bor'ba za logos] (1911) de V.F. Ern. Sur une plus grande échelle, ce tournant logosophique s’exprime dans l’œuvre d’Andrej Belyj, particulièrement dans son traité poétique Le bâton d’Aaron [Žezl Aarona] (1916). Le problème du logos dans la poésie du futurisme russe est abordé par P.A. Florenskij. Le philosophe russe trouve l’élan du logos même dans les poésies les plus radicales et obscures du futurisme. Au fond, l’idée du « mot autosuffisant » [« samovitoe slovo »] de Vélimir Khlebnikov répond au concept héraclitien, bien que le logos se fasse chez lui un essai de laboratoire. Enfin, le concept du Logos reste actuel même dans la poésie et la philosophie des « oberiuty » – la branche de l’avant-garde russe la plus ‘à gauche’.
Dans cet exposé on essayera de présenter les différents traitements du concept du Logos, formulés par les philosophes du langage et les poètes de l’avant-garde russe.
— Lia FORMIGARI (Rome) : «Le défi identitaire. "Néo-humboldtisme": histoire d'un métaterme»
On assiste aujourd'hui à la renaissance d'une "linguistique identitaire" dans l'imaginaire collectif et dans la rhétorique politique des pays de l'Europe de l'Est et des mouvements populistes en Europe occidentale. En même temps, la constitution d'une identité européenne commune et les procès de globalisation suggèrent aux organismes internationaux une politique du plurilinguisme comme prémisse de l'interculturalité. Enfin, au sein de la linguistique cognitive, on revient sur le thème de l'effet différentiel que les formes de la langue naturelle peuvent exercer sur l'esprit des locuteurs.
La notion de relativisme linguistique retrouve donc son actualité après une longue obsolescence. On en examinera les raisons rhétoriques et les raisons théoriques, remontant en particulier au 19 siècle allemand, où la théorie trouve sa naissance et acquiert une transversalité disciplinaire, entre linguistique, philosophie de l'histoire et sciences sociales.
A travers la reconstruction et la critique du déterminisme linguistique, ce parcours vise, du point de vue théorique, à essayer l'hypothèse d'une notion de relativité linguistique compatible avec la dialectique d'appartenances plurielles à l'intérieur d'identités partagés. Du point de vue de l'histoire des idées, il nous offre un bon exemple de l'entrelacement entre pratiques et théories linguistiques, et des diverses formes qu'un même noyau théorique peut assumer dans des circonstances historico-empiriques différentes et à travers différentes élaborations théoriques.
— Boris GASPAROV (Columbia University) : «From Necker de Saussure’s “progressive education” to “general linguistics”: early Romantic roots of Saussure’s theory of sign»
I find many numerous parallels between NS's influential work on child development, L'éducation progressif, and Saussure's concept of general linguistics. In particular, an attempt to describe an infant "as of itself," which leads to formulating the principle of the non-determined nature of new-born child's behavior (i.e., arbitrariness), and as a consequence, of the unceasing and uncontrollable movement of shild's spirit, find an echo in Saussure's ideas about language as a phenomenon not determined either by logical categories or by material environment, and as a consequence, of its "mutability". What adds importance to this connection is the fact that NS was closely connected to the circle of French and German early Romantics (Staehl, Constant, the Schlegels, Schleiermacher), her ideas of "progressive" movement of the spirit being a reflection of the early Romantic attitude towards meaning and cognition. That may explain uncanny parallels between what S. and Novalis were saying about the sign. All in all, tracing S's early Romantic roots allows to escape the dilemma of his theory being either "structuralist" or anti-structuralist. It explains the contradictory dualism of his longing for an ultimate order, on the one hand, and awareness of it being unattainable otherwise as in a continuum of imperfect (fragmented) efforts, on the other. I also believe that S's connection to Romanticism may shed a new light on the fragmentary style of his late writing.
— Emmanuel LANDOLT (Lausanne) : « Penser sous contrainte : à la recherche des courants souterrains de la philosophie brejnévienne »
La philosophie russe est mal connue dans le monde francophone, hormis quelques expressions éclatantes du renouveau de la philosophie russe dans les années 20 (Soloviev, Berdiajev, Boulgakov,…), le reste est peu ou prou inconnu. Avec l’avènement de la politique stalinienne de censure semblait se terminer une époque tout juste entamée. Il y a encore peu on ne connaissait (ou ne voulait connaître) de la culture et de la pensée soviétique brejnévienne que son idéologie, sa censure, son diamat (matérialisme dialectique), vulgate officielle et monolithique qui ne dévoilait d’elle qu’un visage caricatural. C’est pourquoi il devient nécessaire aujourd’hui de montrer que même au cœur de ce noyau idéologique fort, se déploient des gestes de pensée singuliers, polémiques, marginaux ou officiels, qui permettent de mieux comprendre la culture soviétique dans sa diversité, et dans sa perméabilité relative au monde extérieur (influence de la culture française, allemande, américaine). Une dimension peu étudiée et prise en compte qu’il s’agit de mettre en relief est celle qui permet de mieux saisir la façon dont les porteurs et agents de la culture soviétique (surtout philosophique dans ce cas) se « comparent », se jaugent, par rapport au monde extérieur, et quelle image de la science et de la pensée ils se construisent. Cette comparaison, qu’elle prenne place dans les sphères officielles ou non, permettra de penser autrement les problématiques philosophiques de l’époque (avec ou sans le marxisme, et au travers du prisme de la construction d’une identité et d’un champ intellectuel). Si cette culture en mouvement se déploie avec vigueur dans les domaines et les champs les plus variés, elle charrie avec elle son lot de contradictions, tout en gardant son unité de champ.
On examinera donc non seulement la nature de ce milieu philosophique (en élargissant la notion de philosophie à celle de forme de pensée conceptuelle novatrice, indépendamment d’une quelconque dénomination), mais aussi les métamorphoses qu’il prend à partir de la période du Dégel. Le fil conducteur reste la philosophie et l’ensemble des sciences humaines et sociales, les constructions de système de pensée, et la façon dont ils interagissent avec celle de l’Occident. Il s’agit de recentrer ici l’idée d’une philosophie en période brejnévienne avec toutes les connotations que cela implique. D’une part le signifiant philosophie charrie avec lui le caractère monolithique du marxisme orthodoxe tel qu’il était abondamment distillé dans les facultés universitaires, mais aussi la méfiance envers une certaine idée des Lumières et de la figure émancipatrice du libre penseur (comme a pu l’incarner dans ces années-là le philosophe Merab Mamardachvili au travers de ses lectures de la philosophie classique de Platon à Descartes). Ainsi il faudra tenter de chercher la philosophie dans tout son décalage d’avec l’idéologie officielle, là où elle n’est ni nommée ni attribuée. L’idée est ici de ne pas se limiter par l’université (ou Académie), mais d’explorer d’autres lieux de la pensée que l’époque soviétique post-stalinienne offrait ou tolérait : l’art, le théâtre, les sciences, etc.
— Sébastien MORET (Lausanne) : Caractériser une linguistique nationaliste : Staline 1950 à la lumière de Damourette et Pichon
L’Essai de grammaire de la langue française que Jacques Damourette et Edouard Pichon font paraître dans la France de l’entre-deux-guerres est une grammaire que l’on a qualifiée de nationaliste. Ainsi, dans l’intitulé d’un récent colloque a-t-on pu lire que l’Essai était un exemple d’ « intégration d’une idéologie nationaliste à la grammaire », et quelques années plus tôt, H. Portine avait parlé de « nationalisme linguistique ».
Mais n’a-t-on jamais cherché à définir ce qu’est une linguistique nationaliste ? Dans le cas de Damourette et Pichon, est-ce suffisant de relever que, pour eux, seul un Français peut écrire une grammaire du français, et que le germanique est « primitif » et donc « incapable de concevoir des nuances » (§ 6) ? Est-ce que la présence de ce genre de propos suffit à faire de Damourette et Pichon les auteurs d’une grammaire nationaliste ? Nous ne le pensons pas, il s’agit là plutôt de l’expression linguistique du nationalisme et de l’anti-germanisme qui régnaient alors en France. Mais ce genre de propos nous pousse à aller voir plus loin.
Dans le cadre de cet exposé, nous nous proposons de lire en parallèle l’Essai de Damourette et Pichon et le Marxisme et les questions de linguistique de Staline. En les comparant, nous ferons ressortir des idées très proches qu’en conclusion nous poserons comme étant, peut-être, des traits caractéristiques d’une linguistique nationaliste. Le corollaire de notre objectif sera de considérer Staline 1950 comme un programme de linguistique nationaliste, ce que nous tenterons de démontrer.
— Maurice OLENDER (Paris, EHESS) : Querelles sur les origines. Entre mémoire et oubli. A propos de quelques fables savantes. [bibliographie]
Archéologue de formation, Maurice Olender a publié de nombreuses études liées aux représentations mythiques de la sexualité chez les Anciens. Sa thèse de doctorat portait sur le dieu Priapos(au sexe toujours tendu) et Baubô (la déesse vulve). Dans ces corpus antiques, Olender a privilégié l'étude des discours tenus par les auteurs grecs et latins sur les formes extrêmes de la sexualité des dieux – et des mortels.
Quel lien entre le sexe et la langue – ou plutôt entre les discours relatifs aux problèmes des origines : sexuelles et linguistiques? A cette question, la réponse n’est pas univoque.
Peut-être pourra-t-on, lors de nos échanges, dégager quelques liens entre altérité sexuelle et altérité linguistique – et souligner que sexe et langue furent, dans de nombreux corpus, lieux de constructions originaires, tant mythiques que scientifiques.
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Quand le chercheur jette un coup d’œil sur le chemin parcouru – autrement dit sur la « méthode »-, Maurice Olender doit se rendre à l’évidence : des Langues du Paradis(1989) à Race sans histoire(2009), on se trouve face à des querelles sur les origines (linguistiques, nationales, religieuses, raciales…). Mais il ne faut pas s’y tromper : dans les discours, quelquefois les plus farfelus, sur les origines de la langue, se découvrent des mythes scientifiques qui ont pu, au fil des siècles, contribuer à l’élaboration des sciences du langage.
La recherche scientifique suppose sans doute une formation intellectuelle à la recherche. Mais, en la matière, il n’ y a pas d’autre école que l’exploration commune d’une recherche en train de se faire. Aussi théorique soit-elle, la recherche est d’abord une pratique, un artisanat : une démarche à la rigueur ludique qui trace des voies improbables.
Entre mythes et sciences, M.Olender proposera quelques trajectoires de recherches avec pour fil conducteur des textes donnant lieu à des constructions d’originaire qui ont pu induire des visions sociales et politiques : que ce soit en étudiant les discours académiques sur l’hébreu et le sanscrit, au 19 ème siècle, dans la constitution des théories comparatistes , linguistiques et anthropologiques ; ou, que ce soit pour explorer quelques aspects de ces savantes fabriques des origines que furent de tous temps les ateliers étymologiques ; ou encore, lorsque nous verrons comment, si la majorité des auteurs ont pu phantasmer sur une langue originaire d’autres ont voulu affirmer un oubli linguistique irrémédiable .
L’ensemble de ces observations suppose une démarche historiographique et philologique : où chaque texte est remis dans son contexte historique.
Il n’est pas impossible que le regard ainsi porté sur des sources anciennes puisse éclairer, de manière inattendue, des problèmes contemporains.
— Katre PÄRN (Tartu) : Language of Cinema: a Re-Evaluation of Saussurean Model of Language
The notion of language of cinema has a prominent place in the history of semiology / semiotics of cinema and Ferdinand de Saussure’s theory of language had an important effect on it. Yet this effect is not as direct as it is often described. The approach to the issue of language of cinema during the classical structuralist semiology of cinema is usually considered as an application of Saussure’s theory of language to cinema but the relation between Saussure and structuralism, as well as Saussure and cine-semiology is not as straightforward.
My paper discusses the problems inside structural approch to language of cinema and also the problems with equating this approach with Saussurean conception of language. The critical analysis of how much “Saussurean semiology” was there in cine-semiology is used to point to some of the unresolved issues with the language of cinema and opportunities provided by Saussure’s model of language in the semiotic study of cinema and media in general.
— Malinka PILA (Padoue) : S. Karcevskij : the asymmetrical dualism of the linguistic sign
This paper would like to highlight the figure of S. Karcevskij, a Russian linguist usually mentioned by historians of linguistics for having introduced Saussure’s theory to the Russians, but who was not appreciated enough for his own linguistic achievements.
Karcevskij, who studied in Geneva from the beginning of 1900 as a pupil of Saussure, Bally and Sechehaye, not only absorbed Saussure’s method, applying it to the analysis of the Russian language, but also developed one of the basic concepts of the Cours de linguistique générale: the definition of sign.
Karcevskij analyses the relationship between the signifiant and the signifié from a dynamic point of view. He observes that they are linked in a sort of unstable balance, which gives the signifiant the possibility to shift towards other signifies, creating homonyms of the given sign; while the signifié has the possibility to abandon its former signifiant to acquire new ones, creating synonyms of the given sign. Karcevskij calls the precarious balance between “form” and “function” asymmetrical dualism of the linguistic sign. Karcevskij emphasizes that this asymmetrical dualism paves the way to linguistic changes.
This concept was already present in Saussure’s Cours but was not analyzed to the same extent as in Karcevskij’s work.
— Victoriya SAIDI (Lausanne) : «Le rôle de la langue dans la formation de deux types d’identité ethno-culturelle chez les Russiens (Ukrainiens) en Galicie orientale (1848-1870)»
Dans le processus de la construction identitaire en Europe centrale et orientale, la langue tient une place centrale. Au cours du XIXème siècle, inspirée par les théories herdériennes sur le génie de la langue dans laquelle réside l’âme de la nation, l’intelligentsia qui constituait le noyau des mouvements nationaux entreprit d'élaborer une langue littéraire nationale qui, d’une part, aurait été un signe distinctif d’appartenance à une communauté et, d’autre part, aurait répondu à des usages diversifiés au sein de la nation. La question linguistique donna naissance à toute une série de métadiscours sur la langue chez les intellectuels qui en grande partie n’étaient pas des linguistes, mais qui prenaient la langue comme objet central de leur discours.
Pour les « éveilleurs » russiens (ukrainiens) de la Galicie orientale, la question fondamentale devint celle du choix des bases de la langue écrite, qui entraîna non seulement des polémiques durables sur l’orthographe, le dépassement de l’hétérogénéité dialectale et l’enrichissement du vocabulaire, mais qui délimita également les frontières de deux types d’identité ethno-culturelle, deux types de conscience d’appartenance à une communauté collective.
Il s’agit de deux tendances idéologiques qui ayant pris naissance dans les années trente du XIXème siècle, se dessinèrent lors du « printemps des peuples », après le Congrès des savants russiens qui se réunit pour la première fois en 1848 afin de débattre les problèmes socio-culturels des Russiens de Galicie (Ukrainiens) :
- Les Russophiles défendaient le vieux-slave comme fondément de la langue écrite et l’orthographe étymologique. Certains parmi eux estimaient que c’était le grand-russe littéraire qui devait devenir la langue cultivée des Russiens de Galicie. Le paradigme de leur conscience nationale hésitait entre l’idée d’une communauté panrusse sur tout l’espace des frontières historiques de la Rus’ de Kiev dont les Russiens faisaient partie, et celle que les Russiens de Galicie étaient une ethnie distincte au sein de l’Autriche–Hongrie.
- Les Populistes, se prononçant pour le russien vernaculaire à base duquel il fallait former la langue littéraire nationale et utilisant l’orthographe phonétique, se voyaient appartenir à une identité collective commune avec les Petits Russiens (Ukrainiens) incorporés dans l’Empire russe.
Le but de notre exposé est de mettre au jour les objectifs cachés derrière les représentations de la langue, en mettant en évidence la volonté de tracer les frontières identitaires dans la confrontation des discours linguistiques.
— Margarita SCHOENENBERGER (Lausanne) : «La théorie des langues ‘littéraires’ en linguistique soviétique et postsoviétique : de l’histoire d’une science à l’étude des représentations sociales»
En travaillant sur les textes des linguistes russes consacrés au concept de la langue «littéraire», concept central de la théorie des langues «littéraires» dominante dans la linguistique soviétique à partir des années 1960, j’ai acquis la conviction que cette théorie n’est pas une théorie scientifique et que son objet (la langue «littéraire» et ses propriétés) est une représentation sociale. Par ailleurs, le consentement largement partagé par une population non linguiste vis-à-vis de la plupart des postulats formulés par la théorie des langues «littéraires» en Union soviétique et en Russie post-soviétique permet d’envisager que les locuteurs russes partagent avec les linguistes une grande partie des représentations au sujet de leur langue. Mon hypothèse est d’y voir une conjonction entre des représentations sociales sur ce qui est la langue de la civilisation russe d’un groupe social plus large que la communauté de linguistes et une théorie linguistique qui s’appuie sur elles pour élaborer et cautionner une politique linguistique normative et prescriptive, mais aussi sa propre existence institutionnelle.
Le concept de représentation sociale a été élaboré par la psychologie sociale, depuis le texte fondateur de Serge Moscovici (La psychanalyse, son image et son public, 1961). Ce cadre théorique me semble prometteur pour mon travail car il est souple, peut être appliquée à des problématiques variées et a déjà fait ses preuves. Cette théorie a été appliquée pour étudier plusieurs domaines, également celui du langage (avec le concept de l’imaginaire linguistique, proposée par la linguiste française A.-M. Houdebine-Gravaud). Appliquée au domaine des sciences, ce cadre théorique a permis de décrire comment une théorie scientifique est convertie en système d’opinions d’un groupe défini. Mais il est possible de chercher à savoir comment un système d’opinion d’un groupe défini est converti en théorie, qui se fait passer et est reconnue comme une théorie scientifique.
Je procéderai par une analyse qualitative du corpus textuel constitué essentiellement d’écrits du linguiste soviétique L.P. Krysin, un des piliers de la théorie des langues «littéraires» depuis les années 1970 jusqu’à nos jours : ces documents ont été produits au sein et à l’attention d’une collectivité socialement homogène et issus du même contexte, par conséquent ils constituent un vecteur par lequel se manifestent les représentations sociales du groupe analysé, leur organisation et éventuellement leur transformation.
— Elena SIMONATO (Lausanne) : «Intelligentnyj golos» [‘la voix de l'intelligentsia’] comme objet d’étude de la sociolinguistique
Les années 1900-1920 sont pour la linguistique les années du malaise concernant la pertinence des réponses de celle-ci aux problèmes des hommes et de la société. Elles sont le temps du questionnement sur son objet d’étude et sur son unité d'analyse. Plusieurs domaines de la linguistique sont concernés par ces questionnements, qui donnent lieu à des débats passionnés sur les pages des revues scientifiques de l’époque. La ‘linguistique sociale’, ou socio-linguistique, n’y échappe pas. En même temps, commencent des études expérimentales en linguistique sociale.
Evgenij Polivanov (1891-1938) accuse la linguistique contemporaine d’être une science historique et naturelle, et non sociale. « Pour être adéquate à son objet, la linguistique doit être une science sociale », proclame-il. Polivanov établit quelques principes généraux de la variation sociale. Sur ce point également, il se pose en continuateur de Ščerba qui décrit en 1913 une nuance du phonème /a/ typique uniquement du clergé et des personnes d’origine ecclésiastique.
Dans un article datant de 1931, Polivanov choisit comme objet d’étude la ‘voix de l’intelligentsia’ [интеллигентный голос]. « Quels sont les traits caractéristiques permettant de distinguer cette voix ? — C’est une question fort complexe », répond-il. L’étude du интеллигентный голос amène Polivanov à établir les traits phonétiques qui distinguent le langage d’un représentant de l’intelligentsia de celui des paysans et des ouvriers. Il relève ainsi les différences d’ordre socio-linguistique. La variation socio-linguistique qu’il dégage doit être comptée parmi les autres facteurs de variations connus, tels que la variation dialectale et la variation due à l’âge des sujets parlants.
Mais quel impact cette étude a-t-elle pour la doctrine linguistique de Polivanov ? Nous nous arrêterons en fin de notre communication sur les difficultés épistémologiques auxquelles Polivanov était confronté, et, par là, sur les étapes d’élaboration d’une nouvelle vision du langage. Il est essentiel d’observer comment, de question en question, il tisse le canevas de son approche sociolinguistique, qu’il a aussitôt la chance de pouvoir vérifier par la pratique. Le circuit «russe» de la sociolinguistique devient certainement moins obscur.
— Inna TYLKOWSKI (Lausanne) : V.N. Vološinov : lecture en contexte
La réception des idées de Vološinov dans le monde francophone a été influencée par l’interprétation des idées de Bakhtine (longuement considéré comme le vrai auteur des écrits de Volosˇinov) faite par Julia Kristeva et Tzvetan Todorov. Ces derniers ont « filtré », « modifié » et adapté la pensée de Bakhtine (et de Volosˇinov) au goût du public francophone des années 1970 qui peuvent être caractérisé comme 1) l’apogée du paradigme structuraliste où règne « la mort du sujet » ; 2) « un certain nombre de tentatives de dépassement, de débordement, de pluralisation » du structuralisme se traduisant entre autre par la théorie de l’énonciation de Benveniste ; 3) l’intérêt pour la psychanalyse ; 4) la création de la sémiologie ; 5) le développement de l’analyse du discours ; 6) l’insatisfaction devant les études littéraires et, en conséquence, la diffusion du modèle linguistique structural au champ littéraire. Défini comme le plus important penseur russe dans le domaine des sciences humaines et le plus grand théoricien de la littérature au XX siècle, Bakhtine passe pour un savant original et unique écrivant non seulement sous son propre nom, mais aussi sous le nom de ses amis (Volosˇinov et Medvedev). Il est aussi caractérisé comme chercheur travaillant sur un grand nombre de problèmes dont la pensée n’est pas toujours « facilement accessible, voire, en elle-même, obscure ». En rendant hommage à Vološinov en tant qu’unique auteur du Marxisme et philosophie du langage, nous proposons l’analyse de ses idées dans le contexte de leur élaboration tout en se posant la question de la légitimité des épithètes attribuées à Bakhtine et, par conséquent, à Vološinov dont la conception n’est, à notre avis, que « reflet » et « réfraction » du contexte intellectuel de leur époque.
— Tsvetelina TSONEVA (Genève) : Histoire de l’évolution des manuels scolaires d’histoire nationale utilisés pour l’enseignement de cette discipline au secondaire supérieur en Bulgarie de 1885 à nos jours
Pour sortir des cercles vicieux de l’analyse thématique, circuits touristiques parmi les « thèmes communs », il n’est, on le voit, d’autre échappatoire que d’expliquer les valeurs implicites des manuels d’histoire par une histoire de manuel. (In Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron « La reproduction. Elément pour une théorie du système d’enseignement », 2005)
Plusieurs auteurs soulignent que les recherches historiques portant sur les livres et les éditions scolaires ne font l’objet d’un intérêt scientifique que depuis peu.[1] Selon certains chercheurs le manuel est un « artefact fondamental auquel la recherche n’a pas encore prêté l’attention nécessaire » (Novoa 1998, p. 36 ; voir aussi Choppin, 1980, 1992 ; Charitey, 1993). D’une manière générale les études cherchent à évoquer les multiples facteurs qui conditionnent la production et l’évolution de l’objet[2].
Parmi les contributions les plus considérables nous mentionnerons les recherches de Choppin (1980, 1992, 1993, 2002). En ce qui concerne les manuels scolaires en France, il propose une classification des publications recensées en huit catégories, à savoir : bibliographique ; économique, technique et éditoriale ; idéologique ou sociologique ; linguistique ; méthodologique ; pédagogique : réglementaire et structurelle.
Ces travaux, qui connaissent une nouvelle dynamique et sont effectués dans divers pays, portent dans leur majorité sur les manuels de l’enseignement primaire. Ils peuvent s’intéresser aux différentes étapes qui marquent leur existence, de leur conception à leur abandon. Toutefois, dans la mesure où ces études conçoivent le manuel comme un document historique ils se limitent dans l’essentiel à une analyse des contenus (Escolano, 1993 ; Gomes de Gastro, 1998 ; Marker, 1988 ; Minerva et Pellanda, 1997).
Ils se focalisent souvent (Choppin, 2002, Charitey, 1993) à une ou à plusieurs périodes précises de l’histoire ce qui permet à cerner l’évolution globale des manuels. Certes ces derniers font apparaître des sujets ou des questions particuliers, liés à un contexte historique national, comme la décolonisation pour la France, l’idéologie franquiste pour l’Espagne, le mouvement national-socialiste pour l’Allemagne ou les questions liées aux problèmes raciaux dans le cas des Etats-Unis. Mais certains thèmes restent « universels » car ils sont le plus répandus et régulièrement repris dans presque toutes les études nationales. Nous soulignerons celles qui touchent à la formation de l’identité et de la mémoire nationales, aux questions sociales à commencer par l’apprentissage de la civilité jusqu’à l’éducation à la citoyenneté. Ce constat met en évidence le problème de l’identité culturelle du chercheur et la possibilité de rester objectif en se détachant de son mode de pensée et de ses préjugés (Choppin, 2002 ; Deyanova, 2001 ; Kalionski, 2002 ; Koulouri, 2001, 2002).
De plus dans ce courant, Choppin (1993) relève deux tendances dans l’analyse scientifique de contenu. Une première « […] porte sur la critique idéologique et culturelle des manuels[3] ; la seconde, plus récente, mais qui connaît une faveur croissante depuis les années 1970, analyse les contenus des manuels dans une perspective épistémologique et /ou didactique […] (ibid., p. 32). Nous ne pouvons que supposer que la perspective idéologique ou sociologique devait apporter une explication des problèmes contemporains de la société. D’autre part, les analyses des manuels sont souvent liées aux analyses des systèmes nationaux d’enseignement.
Dans sa recherche sur les manuels d’histoire utilisés dans la région des Balkans, Koulouri (2005) relève plusieurs éléments communs. L’enseignement de l’histoire nationale dans tous ces pays représente environ la moitié du curriculum d’histoire. Un autre élément commun est « l’attitude ambivalente envers l’Occident ». (Koulouri, 2005, pp. 19-20). Selon l’auteur, ”the “new” history which is produced and propagated by textbooks published after 1989 is mostly anti-communist and pro-western.” (ibidem). Nous pourrons observer que le processus de réécriture de l’histoire nationale après 1989 conduit vers une « occidentalisation » du passé national.
Depuis une vingtaine d’années, la question de la réécriture des manuels scolaires d’histoire nationale dans les pays autrefois socialistes génère de nombreux débats. Il est probable que pour des raisons sociales, politiques et culturelles, les interrogations sur les rapports établis entre les changements idéologiques et l’enseignement historique a pris une importance accrue. Ainsi, un intérêt croissant se porte sur l’enseignement de l’histoire nationale en Bulgarie. Les changements socio-politiques démontrent une préoccupation de plus en plus manifeste pour une nouvelle politique éducative de l’enseignement de l’histoire. Il est certain que les interrogations qui en découlent appellent des recherches approfondies d’une part au niveau de l’écriture de l’histoire nationale et d’autre part dans l’enseignement de cette dernière.
Jusqu’à présent aucune étude systématique sur le rapport entre le contenu des manuels d’histoire nationale en usage dans l’enseignement secondaire bulgare et une analyse proprement historique de leur contenu n’a encore été réalisée. Pourtant, on a souvent relevé l’importance que cette discipline représente à ce niveau d’étude. La 11ème clôt de nos jours l’enseignement de cette discipline.
Cet exposé propose une étude d’histoire sociale et culturelle de l’éducation, consacrée à une partie spécifique de la culture scolaire, les manuels d’histoire nationale bulgare à l’usage du secondaire supérieur du 1885 au 2005 basé sur la mise en série de treize manuels ainsi que le traitement qualitatif et quantitatif d’une vaste corps de sources imprimées et d’archives. Notre analyse se centrera sur plusieurs enjeux de connaissance à savoir la transmission des valeurs de l’histoire en tant que discipline scolaire et dans un sens plus générale la fonction sociale de l’école vu à travers la dynamique de son évolution .
[1] C’est à partir des années 1960 qu’on voit apparaître dans les publications scientifiques en Europe mais aussi aux Etats-Unis, au Japon et dans quelques pays du Sud, un intérêt pour l’histoire du livre scolaire (cf. Choppin, 2002 ; Novoa, 1998).
[2] Soulignons ici la définition de livre scolaire donnée par Choppin : « [il constitue] un condensé de la société qui le produit : c’est d’abord un objet. C’est ensuite le support – longtemps privilégié – du contenu éducatif, le dépositaire de connaissances. C’est aussi un instrument pédagogique, inscrit dans une longue tradition. C’est enfin le véhicule, au-delà des prescriptions étroites d’un programme, d’un système de valeurs, d’une idéologie, d’une culture […]». Stray (1993) souligne également qu’en tant que produit culturel le manuel « […] réunit à la fois la culture, la pédagogie, l’édition et la société (ibid., p. 73).
[3] Elles ont été les plus répandues dans les années 1980 et, dans le cas de la France, elles ont constitué, entre 1960 et 1980, la moitié des publications consacrées à cet objet d’étude.
— Ekaterina VELMEZOVA ( Lausanne) : «V.V. Vinogradov, précurseur du « discours interjectionnel » des grammairiens soviétiques dans les années 1950-1980?»
Le discours «interjectionnel» dans la linguistique soviétique de la deuxième moitié du XXe siècle sera analysé dans l’exposé à travers l’analyse de trois grammaires du russe dites «académiques» qui datent de 1952-1954, 1960 et 1980. En général, avec le temps, dans ces trois grammaires, l’interprétation de la notion d’interjection a peu changé. Les grammairiens soviétiques considéraient les interjections comme une partie du discours à part, autre que celles des mots lexicaux [samostojatel’nye (ou znamenatel’nye) časti reči] et grammaticaux [služebnye časti reči]; ils distinguaient en même temps deux groupes sémantiques d’interjections: les interjections qui expriment 1) les sentiments et 2) la volonté. Seule pouvait changer, par rapport aux interjections, la position des mots qui étaient grammaticalement «problématiques» (comme les onomatopées, les « interjections verbales », les mots da ‘oui’ et net ‘non’, etc.). En analysant le discours « interjectionnel » dans les trois grammaires académiques du russe, nous essayerons de répondre aux deux questions suivantes :
1) Qui est à l’origine de la distinction des interjections en tant que partie du discours «à part», qui ne s’intègre ni aux mots lexicaux, ni aux mots grammaticaux?
2) D’où vient la division des interjections précisément en deux groupes?
La quête des précurseurs intellectuels immédiats des grammairiens soviétiques de la deuxième moitié du XXe siècle montre que, si dans la description des autres parties du discours dans les grammaires académiques l’influence des théories linguistiques de V.V. Vinogradov était incontestable, la situation de l’étude des interjections semble plus compliquée, voire paradoxale: tout en s’appuyant sur la définition de l’interjection proposée par Vinogradov, certains auteurs de grammaires académiques manifestaient un écart considérable par rapport à son approche de l’étude de ces mots. Le rôle de Vinogradov dans l’étude de la morphologie russe en général, ainsi que les origines « occidentales » de son approche seront également discutés dans l’exposé.
— Tatjana ZARUBINA (Lausanne) : «Celostnaja ličnost’ [‘personne intégrale’]»
La notion de ‘personne intégrale’ est extrêmement répandue en philosophie, études littéraires, pédagogie et psychologie en Russie.
Afin de procéder à une analyse comparative de la représentation du Sujet chez Deleuze et Guattari et de celle de la ‘personne intégrale’, nous voudrions voir ce que cette notion inclut comme valeurs à présent en philosophie en Russie :
1. Est-ce que personne va le plus souvent avec intégralité ?
2. Est-ce que l’emploi de cette notion en philosophie en Russie est propre à un certain courant de pensée ?
Pour pouvoir répondre à ces questions nous allons définir dans notre intervention ce qu’est l’intégralité et si ce terme correspond à celui de totalité chez Deleuze et Guattari.
Ensuite nous allons voir si la notion de ‘personne intégrale’ est propre uniquement à des courants de pensée continuant les traditions des slavophiles ou de la philosophie religieuse.
Enfin nous montrerons que malgré ce qu’on pourrait attendre, il est tout à fait possible de rencontrer la notion de ‘personne intégrale’ dans les travaux sur les « postmodernistes » en Russie. La grande question est de savoir pourquoi.
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Annexe : Maurice OLENDER : bibliographie sélective
SOURCES ET BIBLIOGRAPHIES sur les sujets abordés le jeudi 15 octobre 2009, à l’Ecole doctorale lémanique en sciences du langage à Crêt-Bérard.
Quelques publications avec les traductions en diverses langues - quand elles existent.
ETUDES ET ARTICLES
* "L'Europe ou comment échapper à Babel?", L'Infini, 44, 1993, p. 106-123.
- "L'Europa ovvero come sfuggire a Babele?" in Antropologia Storia Politica. Scritti in memoria di Giuliano Gliozzi. Studi Settenteschi 13, 1992-1993, pp.57-76 (Università degli Studi di Pavia).Repris dans Civiltà e popoli del Mediterraneo : Immagini e pregiudizi (dir. A. Cassani e D. Felice), Quaderni di Dianoia 1, 1999, Bologne, Libraria Universitaria Editrice, Clueb, p. 137-157.
VERSION AUGMENTÉE DE LA MÊME ÉTUDE
- "Europe, or How to escape Babel?", in Proof and Persuasion in History, Colloquium, Princeton University, N. Zemon Davis, A. Grafton and S.L. Marchand(eds.), in History and Theory. Studies in the Philosophy of History, Theme issue 33, 1994, p. 5-25 (Wesleyan University).
CI-DESSOUS VERSIONS MODIFIÉES DE LA MÊME ÉTUDE
- "Der arisch-semitische Streit zu Beginn der modernen Sprachwissenschaft", in Sprachphilosophie. Ein internationales Handbuch zeitgenössischer Forschung/Philosophy of Language. An International Handbook of Contemporary Research, (ed. M. Dascal, D. Gerhardus, K. Lorenz, G. Meggle), t. 2; Berlin; New york, Walter de Gruyter and C°, 1996, p. 943-952.
- « Plurilingüisme i nacionalisme. Temptativa d’una arqueologia de les llengües del paradis » dans Plurilitat de llengües, Annals 18a Universitat d’Estiu,2001, Andorre, 2002, p.72-91 (en catalan).
* "Sur un oubli linguistique", in La conscience de soi et la poésie. Poésie et rhétorique, Colloque de la Fondation Hugot du Collège de France,(éd.Yves Bonnefoy), Paris, Lachenal & Ritter, 1997,p. 267-296. Repris dans Poésie, mémoire et oubli. Colloque de la Fondation Hugot du Collège de France, réuni par Yves Bonnefoy. Actes rassemblés par O. Bombarde, Paris, Fondation Hugot, Turin, Nino Aragno Editore, 2005, p. 403-444 (repris dans L’Inactuel N° 1, 1998).
-"Su un "oblio" linguistico" , in Discipline Filosofiche X, 1, 2000, p. 191-211.
CI-DESSOUS UNE VERSION MODIFIÉE DE LA MÊME ÉTUDE
- "Costruzioni di memoria e di oblio", Futuro Necessario. Testi. Fondamenta Venezia Città di Lettori, (éd. D.del Giudice) Venise, Comune di Venezia , 2.000, p. 88-96.
* "Fictions techniques et résistance théologique", Actes du colloque "L'Ecrit de la science", Forum européen de la science et de la technologie de la commission européenne, en collaboration avec l'Université de Nice-Sophia-Antipolis, Alliage N°37-38, hiver 1998-printemps 1999, p. 156-161.
* "Quelques images problématiques du temps des langues", Colloque de l'EHESS, Le Genre humain 35, Actualités du contemporain, hiver 1999-printemps 2000, Seuil, p. 273-290.
* "Politiques de l'étymologie", in Colloque de Cerisy. Au nom du sens. Autour de l'oeuvre d'Umberto Eco (dir.J. Petitot et P. Fabbri), Paris, Grasset, 2000, p. 215-228.
Modifié, ce texte est prolongé dans : - «Les mots voyageurs», dans Les royaumes intermédiaires. Autour de J.-B. Pontalis, Colloque de Cerisy-la-Salle, Folio essais, Gallimard, 2007, p. 399-415 (et notes 492-497).
* « Mot, monnaie et démocratie : lieux communs de l’intime », dans Origines du langage. Une encyclopédie poétique, sous la direction d’Olivier Pot, dans Le Genre humain 45-46, Seuil, 2007, p. 523-549 (suivi d’un «échange» avec J. Starobinski, p. 551-555).
*« La passion des origines : entre langue et nation » dans The Florence Gould Lectures, VIII, 2006-2007, New York University, 2007, p. 24-43 (modifié et prolongé dans L’Infini N° 103, 2008)
"Algupärakirg. Keele ja rahvuse vahel" (trad. en estonien), Vikerkaar, n. 6, 2008, pp. 49-69.
* « Ce que le politique doit au poétique », dans La Conscience de soi de la poésie. Colloques de la Fondation Hugot du Collège de France (1993-2004), sous la dir. d’ Yves Bonnefoy, Le Genre humain N°47, Seuil, 2008, p. 135-160.
* "Des aléas de la Parole divine au Verbe performatif", in B. Cassin et C. Lévy, (dir.) , Genèses de l'acte de parole, Turnhout, Brepols (à apraître 2009 ou 2010).
LIVRES
* Les Langues du Paradis. Aryens et Sémites, un couple providentiel, préface de J.-P. Vernant, Gallimard - Le Seuil, coll. " Hautes Etudes", 1989. Seuil, Points Essais N° 294, édition revue et complétée, 2002.
* Le Lingue del Paradiso. Ariani e Semiti : una coppia provvidenziale, Introduzione di Jean-Pierre Vernant, (trad. Roberta Ferrata)Bologna, Il Mulino, 1991 (Intersezioni, 90) (Nouvelle éd . italienne en préparation chez Bompiani).
* The Languages of Paradise. Race, Religion, and Philology in the Nineteenth Century, (trad. Arthur Goldhammer), Foreword by J.-P. Vernant, Cambridge, Mass., London, Harvard University Press, 1992. Revised and augmented edition, Harvard University Press, Paperback edition, 2008 .
* Die Sprachen des Paradieses. Religion, Philologie und Rassentheorie im 19. Jahrhundert, mit einem Vorwort von Jean-Pierre Vernant und einem Nachwort von Jean Starobinski, aus dem Französischen von Peter D. Krumme, Frankfurt/ New York, Paris, Campus Verlag, Editions de la Fondation Maison des Sciences de l'Homme, 1995 (Epuisé : nouvelle édition, revue et augmentée, Suhrkamp, Verlag der Weltreligionen, automne 2010).
* En japonais, à Tokyo, Hosei University Press, 1995
* Jazyky Raja. Arijci a Semiti : Dvojica z vôle prozretel'nosti , Bratislava, Causa editio, 1996 (trad. par Eva Piovarcsyova).
* Cennetin Dilleri. Tanrisal bir çift : Ariler ve Samiler, Ankara, Dost,1998.
Limbile paradisului. Arieni si semiti : un cuplu providential, Bucarest, Nemira, 1999.
* Le chonot gan-eden, ( trad. en hébreu, par Yoram Bronowski), Jérusalem, Tel Aviv, Schocken Publishing House, 1999.
* Las Lenguas del Paraiso (trad.V. Villacampa), Barcelone, Seix Barral, 2001.
* Ezitzite na Raya (trad. par Tatiana Batouleva),Sofia, Editions Lik, 2002.
*Las lenguas del Paraiso, (trad. de Horacio Pons), Buenos Aires, Fondo de Cultura Economica , 2005.
* Les Langues du Paradis, traduit en arabe par George Suleiman, Beyrouth, Arab Organization for Translation, 2007.
A PARAÎTRE :
En grec, ed.Nissos/Kapola.
En albanais, éd. Cabej.
Au Brésil (portugais)
EXTRAIT DU MEME LIVRE :
-"Mejdu vozvychennym i odiosnym <Entre le sublime et l'odieux> (Ernest Renan)", traduction S. Zenkine, dans Novoe literaturnoe obozrenie <Nouvel observateur littéraire>, Moscou, 2008, n° 93 (2008), p. 36-61.
* Race sans histoire, Seuil, Points Essais N° 620, 2009 ( Il s’agit d’ une version modifiée, augmentée de chapitres inédits, de La chasse aux évidences, Paris, éd. Galaade, 2005).
*- Race and Erudition, (trad. Jane Marie Todd), Cambridge, Harvard University Press, 2009 (version abrégée de Race sans histoire).
* Razza e destino, 2011 (Bompiani)
Recueil de textes traduits en bulgare par Alexandra Sheleva, publié par les éditions Lik, à Sofia, 2006, 228 pages. Avant-propos de l’auteur, préface de Georgi Kapriev. (Ce volume n’existe pas en français).